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Pour éclairer le travail d’analyse du risque sanitaire, cet article a choisi de mettre en parallèle les deux modèles extrêmes d’analyse de risque. Le premier modèle dit « standard », qualifié de positiviste et quantitatif, est confié à des experts, il est essentiellement basé sur le principe des risques avérés. Le second modèle dit « constructiviste » implique une contribution active de la société civile, il est basé sur l’application du principe de précaution.
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Bernard CHEVASSUS-AU-LOUIS : Directeur de recherches à l’INRA - Président du Muséum national d’Histoire naturelle
INTRODUCTION
Les structures d’expertise des pays développés ont longtemps réalisé leur travail d’analyse du risque sanitaire des aliments selon un modèle « standard », élaboré pour l’analyse d’autres risques technologiques et dont nous rappellerons tout d’abord les caractéristiques et les principales options.
Depuis le début des années quatre-vingt, l’observation d’un certain nombre de dysfonctionnements dans la chaîne de l’alimentation a suscité dans l’opinion publique de plusieurs pays un scepticisme croissant sur la valeur de ce modèle. Le principe de précaution a donc été proposé comme un nouveau fil conducteur pour améliorer l’analyse du risque alimentaire. Nous en présenterons tout d’abord les conséquences sur la gestion du risque, en nous basant sur la définition « proportionnée » du principe de précaution qui émerge actuellement en Europe.
Nous remonterons ensuite au niveau de l’évaluation des risques, pour montrer comment les nouvelles demandes des gestionnaires pour une bonne application du principe de précaution ont des conséquences importantes sur la démarche d’évaluation elle-même.
Enfin, nous interrogerons la vision « standard » de la communication du risque, conçue comme la dernière phase du processus d’analyse de risque. Nous montrerons en quoi une contribution active de représentants de la société civile dès les phases d’évaluation et de gestion peut permettre à la fois d’améliorer la qualité et l’acceptabilité de l’analyse de risque.
L’application du principe de précaution a donc des conséquences non pas sur une seule mais sur les trois phases de l’analyse du risque. L’ensemble de ces modifications permet de proposer un modèle alternatif, dit « constructiviste », qui, dans le cas du risque alimentaire, peut contribuer à une meilleure acceptabilité par la société des rares, mais inévitables, dysfonctionnements de la production de nos aliments.
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1. Contexte : crise de l’expertise
Nous poserons d’emblée une définition pour cadrer l’objectif global de l’analyse de risque : Dans un pays démocratique, l’objectif d’un système d’analyse de risque est de permettre aux citoyens de vivre dans une société où, d’une part, les risques qui les préoccupent sont perçus, reconnus et effectivement réduits par les décideurs à un niveau socialement accepté et, d’autre part, les risques qu’ils ne perçoivent pas font l’objet d’une vigilance efficace permettant de les détecter et d’alerter les citoyens suffisamment tôt.
Dans cette optique, depuis les années cinquante, la plupart des pays développés ont mis en place des structures d’expertise pour analyser les différents aspects de la sécurité sanitaire des aliments, liés à des modifications de leur composition, de leurs procédés de fabrication ou aux modes de production des matières premières agricoles. Ces structures d’expertise ont longtemps réalisé leur travail d’analyse de risque selon un modèle « standard », élaboré pour l’analyse d’autres risques technologiques et dont nous rappellerons tout d’abord les caractéristiques et les principales options.
Depuis le début des années quatre-vingt, l’observation d’un certain nombre de dysfonctionnements dans la chaîne de l’alimentation, pouvant avoir des conséquences graves pour la santé humaine, a suscité dans l’opinion publique de plusieurs pays une interrogation et un scepticisme croissant sur la valeur de ce modèle. Le principe de précaution, initialement défini et mis en œuvre dans le domaine des risques environnementaux, a donc été proposé comme un nouveau fil conducteur pour l’analyse du risque alimentaire. Nous en présenterons tout d’abord les conséquences sur la gestion du risque, en nous basant sur la définition « proportionnée » du principe de précaution qui émerge actuellement en Europe.
Nous remonterons ensuite au niveau de l’évaluation des risques, pour montrer comment les nouvelles demandes des gestionnaires pour une bonne application du principe de précaution ont des conséquences importantes sur la démarche d’évaluation elle-même.
Enfin, nous interrogerons la vision « standard » de la communication du risque, conçue comme la dernière phase du processus d’analyse de risque. Nous montrerons en quoi une contribution...
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BIBLIOGRAPHIE
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(6) - RICO (A.) - Chemo-defense system - . C.R. Acad. Sci. Paris –...
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