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EnglishRÉSUMÉ
La prévention relève d’une série de choix stratégiques et opérationnels, techniques et organisationnels, financiers et moraux, individuels et collectifs, parfois délibérés et souvent spontanés. Les sciences cognitives, comportementales et sociales ont apporté une compréhension nouvelle de la nature de ces choix, qui à son tour a été intégrée dans l’approche scientifique du management et du leadership, et qui a permis le développement d’outils pour promouvoir les comportements tendant à sauvegarder la santé et la sécurité et à éradiquer ceux qui sont dangereux. Cet article présente les fondements de ces outils et la démarche pour les mettre en œuvre.
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Eduardo BLANCO MUNOZ : Directeur Santé – Sécurité – Environnement. Enseignant et conférencier en Sécurité comportementale - Expériences dans l’aéronautique, l’énergie, les dispositifs médicaux, la chimie et le conseil. Paris, France
INTRODUCTION
Dès la fin du XIXe siècle, l’industrie occidentale alors en pleine expansion a été confrontée aux limites des moyens purement techniques pour éviter les accidents lors de la réalisation d’activités qui devenaient intrinsèquement de plus en plus dangereuses. Dans la seconde moitié du XXe siècle, l’approche managériale qui s’était progressivement imposée d’abord dans le domaine de la gestion de la production, puis de la qualité, est progressivement appliquée formellement à d’autres aspects considérés jusqu’à alors comme des externalités, tels que les impacts sur l’environnement ou la santé et la sécurité des travailleurs et des riverains, au fur et à mesure que ces aspects sont devenus des enjeux économiques et sociaux.
Bien qu’ayant indéniablement contribué à l’amélioration des performances dans ces domaines, ni l’accélération des progrès technologiques à l’époque, ni le déploiement de l’approche systémique du management n'ont permis à eux seuls d’atteindre des niveaux de sécurité satisfaisants dans un contexte de scrutin sociétal croissant, notamment dans les industries à haut risque. Un facteur jusque-là négligé, car en dehors de leur sphère de compétences, a commencé à susciter l’intérêt des ingénieurs et des managers chargés de la prévention : le facteur humain. C’est ainsi que dans les pays anglo-saxons et notamment aux USA, à partir des années 1980, certains secteurs pionniers (chimie, oil & gas, nucléaire, aérospatial…) ont commencé à déployer des programmes visant à « maîtriser » les comportements des individus.
À ses origines, la sécurité comportementale (behavior-based safety) a puisé dans le comportementalisme classique. Ce courant a évolué à la fin du XXe siècle et au début du XXIe pour intégrer les avancées en neurologie concernant l’attention, la mémoire ou la formation des habitudes et des automatismes, mais aussi les dimensions cognitives, affectives et sociales des individus et les dynamiques de groupe.
Cette influence culturelle sur les comportements des individus au sein d’un groupe est à ce jour reconnue sur toutes leurs activités et dans toutes les sociétés. Apparu en 1986 dans le cadre des enquêtes suite à deux accidents majeurs, le concept de safety culture (culture de la sécurité, ou de la prévention) est au cœur d’une évolution majeure dans la manière dont on conçoit la place et le rôle de l’humain dans le cadre d’une démarche de prévention.
Il suffit d’avoir voyagé à l’étranger ou d’avoir visité diverses entreprises pour réaliser à quel point la tolérance aux risques est différente au sein de différents groupes de personnes. On constate des pratiques qui sont généralisées dans un pays ou dans une entreprise, alors qu’elles ne sont que marginales chez son voisin. Des fois les règles qui ont été formellement établies pour réguler ces comportements ne sont pas les mêmes ; d’autres fois ces règles sont similaires, voire identiques, mais elles ne sont pas respectées avec la même rigueur.
Ce n’est pas par hasard si certaines pratiques arrivent à être partagées (ou pas) par des communautés entières, même si leurs membres sont parfois éloignés géographiquement. L’histoire commune des individus qui les composent a forgé, au fil du temps, les éléments fondamentaux de ce que l’on appelle leur culture.
L’avènement d’une culture porteuse de pratiques de prévention n’est pas fortuit. Les attributs de ladite culture, et donc les comportements qui seront communément encouragés, tolérés ou proscrits dans une communauté donnée peuvent être effectivement façonnés avec des programmes et des outils ad hoc.
Cet article présente sommairement l’évolution de ces théories puis décrit les éléments constitutifs de la culture d’une organisation, pour ensuite donner des leviers éprouvés pour placer la prévention au centre de cette culture, et ainsi orienter de façon durable les comportements des individus la conformant. Différentes techniques de base y sont présentées ainsi que des outils concrets, avec une discussion sur leur pertinence, leur efficacité, leurs limites et les pièges à éviter lors de leur utilisation.
Sans prétendre fournir une méthode « sur étagère » pouvant être déroulée dans n’importe quel type d’organisation (méthode qui, par ailleurs, n’existe sans doute pas) l’objectif de cet article est de proposer au lecteur les clés pour concevoir, piloter et/ou accompagner la mise en œuvre d’une démarche visant à placer la santé et la sécurité au cœur de la culture d’une organisation.
MOTS-CLÉS
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4. Culture de la prévention : mode d’emploi
Dans cette dernière section sont présentées de façon sommaire les grandes lignes d’une démarche « type » pour mettre en œuvre et développer une culture de la prévention au sein d’une organisation tout aussi « type ». Elle s’inspire en partie des étapes énoncées par J. Kotter pour mener à bien les processus de changement au sein des organisations en les adaptant aux objectifs de la prévention et à la dynamique culturelle de celle-ci.
Comme avancé dans l’introduction, les points ci-dessous n’ont pas vocation à être considérés en tant que méthode détaillée, mais doivent être compris plutôt comme un guide pour définir sa propre stratégie et établir son propre programme en se servant des concepts et des outils déclinés dans les sections précédentes.
4.1 Faire l’état des lieux et définir sa vision
4.1.1 Déterminer les enjeux et établir l’urgence
La première étape est de déterminer avec les représentants de la fonction prévention au sein de l’organisation quels sont ses enjeux en matière de santé et de sécurité. Cette phase est doublement déterminante : d’abord, il sera d’autant plus facile de mobiliser l’ensemble des acteurs concernés que les enjeux seront bien caractérisés ; ensuite les valeurs, croyances et pratiques ciblées ne seront pas les mêmes.
Focaliser sur les enjeux les plus critiques, notamment les risques vitaux, permet de concentrer les efforts et d’agir en priorité sur ces risques (ce qui est logique en soi), mais également de les utiliser comme levier pour cultiver les valeurs, croyances et pratiques qui pourront ensuite servir à la prévention d’autres risques moins visibles. C’est le principe mis en avant par T. Krause ...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - HEINRICH (H.W.) - Industrial accident prevention : a scientific approach. - McGraw-Hill (1931).
-
(2) - REASON (J.T.) - Human Error. - Cambridge University Press (1990).
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(3) - REASON (J.T.) - Human Error : models and management. - British Medical Journal. Consulté à partir de https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1070929/ (2000).
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(4) - VEBLEN (T.B.) - Why Is Economics Not an Evolutionary Science ? (1898). - Réimprimé dans The Place of Science in Modern Civilization (1919).
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(5) - CLERC (D.), PIRIOU (J.-P.) - Lexique de sciences économiques et sociales (9e édition). - La Découverte (2011).
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(6) - PAVLOV (I.) - Article « Le réflexe conditionnel ». - P. 258-284...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
Projet BaSES – Apprentissage des notions de base en sciences économiques et sociales
http://wp.unil.ch/bases/2013/05/lecole-neoclassique/
Library of economics and liberty – The concise encyclopaedia of economics
http://www.econlib.org/library/Enc1/NeoclassicalEconomics.html
Portail national des ressources et des savoirs – ENSOPS
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