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EnglishRÉSUMÉ
Cet article se propose de cadrer le problème du déploiement des technologies numériques et de leurs usages, dans leur rapport à leurs implications écologiques. Il montre que le secteur pose et posera toujours plus de choix difficiles, en raison d’une trajectoire peu compatible avec l’objectif de zéro émissions net fixé tant au niveau français qu’européen, et d’une production de déchets mal maîtrisée. Il indique les principales réglementations en vigueur et leurs limites. Il conclut à la nécessité d’une sobriété numérique.
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Fabrice FLIPO : Ingénieur, Professeur de philosophie des techniques - LCSP/Université de Paris, Institut Mines-Télécom, Evry
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Jacques COMBAZ : Ingénieur de recherche en informatique - Université Grenoble Alpes, CNRS, Grenoble INP, VERIMAG, Grenoble
INTRODUCTION
Les technologies numériques sont désormais omniprésentes, comme l’illustre le fait que le syndicat français du secteur, Numéum, regroupe des entreprises travaillant dans la quasi-totalité des secteurs économiques. Mais quelles sont les implications écologiques d’une telle activité ? Cet article organisé en cinq parties tente d’éclairer cette problématique. La première partie rappelle ce qu’est le numérique et de quelles dynamiques il émerge. Le numérique désigne la machine dite « de Von Neumann » mise au point dans les années 1940, composée d’un processeur, d’une mémoire et d’une interface. Elle accomplit principalement deux fonctions : informer et commander. Elle transforme donc tant les espaces publics (de toutes tailles) que la commande des machines et les chaînes logistiques. La seconde partie documente les principales implications écologiques de cette évolution. Le secteur numérique consomme de la matière et de l’énergie en quantités croissantes. Sans décision politique, ses émissions de gaz à effet de serre (GES) pourraient doubler ou tripler d’ici 2050. Que faire ? Le débat s’organise généralement selon trois axes : verdir le numérique (« green IT »), utiliser le numérique pour verdir les autres secteurs (« IT for green ») et faire preuve de sobriété. La troisième partie situe donc les trois grandes réponses réglementaires, qui visent à rendre le numérique plus « vert » : l’efficacité énergétique, l’économie circulaire cherchant à récupérer la matière, et l’élimination des substances toxiques. Il s’avère qu’elles ne contraignent pas l’expansion du numérique. La quatrième partie s’intéresse aux implications indirectes. Facilitent-elles vraiment le « verdissement » des autres secteurs ? Rien n’indique qu’une telle dynamique soit à l’œuvre, au contraire : le numérique permet la croissance économique qui accroît à son tour les implications écologiques, notamment de GES. Les raisonnements qui soutiennent l’inverse (notamment issus des industries) sont défaillants sur un point clé : la dynamique des usages. Ils imaginent des trajectoires qui rompraient avec les tendances historiques, sans expliquer comment une telle bifurcation se produirait, ni sous l’effet de quel type de réorientation des investissements industriels. L’incohérence est patente. Cette partie clarifie le concept « d’effet rebond », souvent employé dans ce débat. Il désigne les cas dans lesquels des gains locaux en efficacité sont tout ou en partie compensés par des implications indirectes des politiques qui sont menées. La dernière partie s’intéresse aux perspectives d’avenir, c’est-à-dire aux principaux scénarios qui ont été élaborés pour anticiper les trajectoires possibles. La conclusion générale est que la dynamique actuelle de déploiement du numérique à l’échelle globale comme à l’échelle nationale complique sérieusement tant l’atteinte des objectifs de réduction des GES dans le cadre de l’Accord de Paris que la transition écologique et sociale.
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5. L’avenir : l’impératif de sobriété
Le secteur numérique s’inscrit-il dans une trajectoire compatible avec l’Accord de Paris, et plus globalement la transition écologique ?
Sur le plan des matériaux, la réponse est négative, car le numérique est une industrie extractive de grande ampleur et, à ce jour, loin d’une économie circulaire. Les efforts à faire pour y parvenir sont extrêmement importants. À de rares exceptions près, comme par exemple le Fairphone, les matériels ne sont pas fabriqués avec des matériaux issus de filières exemplaires, ni facilement réutilisables, réemployables ou recyclables . Sans inflexion dans la trajectoire, la consommation de différents métaux va fortement augmenter.
Le numérique utilise aussi de l’eau, en particulier lors de la fabrication des circuits. Pendant la sécheresse de 2020 à Taïwan, les entreprises de semi-conducteurs ont en effet dû être ravitaillées par camions-citernes pour maintenir la production, alors que des restrictions importantes étaient appliquées aux agriculteurs et aux citoyens .
Toutes choses égales par ailleurs, la consommation d’énergie du numérique pourrait augmenter de 45 % ...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - BRETON (P.) - Une histoire de l’informatique. - Paris, Points (1990).
-
(2) - AGHION (P.), ANTONIN (C.), BUNEL (S.) - Le pouvoir de la destruction créatrice. - Paris, Odile Jacob (2020).
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(3) - COMMISSION DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE - IA : notre ambition pour la France - (2024). https://www.gouvernement.fr/actualite/25-recommandations-pour-lia-en-france
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(4) - WIENER (N.) - La cybernétique. Information et régulation dans le vivant et la machine (1947). - Paris, Seuil (2014).
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(5) - FLIPO (F.) - L’impératif de la sobriété numérique. - Paris, Editions Matériologiques. (2020).
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(6) - KLEINROCK (L.) - Information flow in large communication nets. - Proposal...
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