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Article

1 - TRACER LA TRAÇABILITÉ : UNE TECHNIQUE PLUS ANCIENNE QU’ON NE LE PENSE

  • 1.1 - Traçabilité marchande
  • 1.2 - Traçabilité industrielle
  • 1.3 - Traçabilité politique

2 - MAÎTRISER LA TRAÇABILITÉ : TROIS CRITIQUES POSITIVES

3 - ÉLARGIR LA TRAÇABILITÉ : LA NOTION DE MAPPABILITÉ

4 - CONCLUSION

Article de référence | Réf : TR900 v1

Maîtriser la traçabilité : trois critiques positives
Sur les traces de la traçabilité - Histoire, diagnostic et propositions

Auteur(s) : Franck COCHOY

Date de publication : 10 nov. 2006

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RÉSUMÉ

De nos jours, la traçabilité est réclamée, revendiquée et attendue par tous. Cet article a choisi de retracer l’histoire de la traçabilité. Utilisée en premier lieu pour éviter les fraudes et la concurrence, elle a ensuite permis de fiabiliser les processus de production, puis d’informer et d’apaiser les craintes du consommateur, jusqu’à devenir un outil de réglementation du marché. En fait, plus concrètement, l’emballage et la marque ont été les premières formes de traçabilité des produits.

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ABSTRACT

 

Auteur(s)

  • Franck COCHOY : Professeur de sociologie à l’Université Toulouse II

INTRODUCTION

Fait rare en matière d’outils de gestion et de dispositifs réglementaires, la traçabilité est plébiscitée par l’offre comme par la demande, mais aussi par les autorités publiques.

Depuis les crises sanitaires du sang contaminé et de l'ESB, les producteurs y voient un moyen d’éviter les fraudes et la concurrence déloyale, mais aussi une technique de fiabilisation du processus de production ; les consommateurs y discernent un mécanisme d’assurance et de réassurance, mais aussi une façon de s’informer et d’éviter les produits douteux ; les gouvernements l’encouragent dans la mesure où ils y trouvent une occasion rare de réglementer les marchés sans entraver la circulation des produits, avec le soutien inespéré des industriels comme du public.

Puisque les raisons d’un tel succès sont connues – sécurité, qualité, responsabilité, prévention, information... – et font l’objet d’un soutien unanime, le moment semble venu de prendre un peu de recul, tant du côté du passé que du côté du présent.

Nous faisons ici le pari que « revenir sur les traces de la traçabilité » – explorer quelques-uns de ses antécédents historiques – devrait nous permettre de mieux nous interroger sur les conditions et les horizons de sa mise en œuvre, voire de proposer l’exploration d’un aspect de la traçabilité trop souvent négligé.

Le présent texte reprend, modifie et complète des éléments de divers textes déjà publiés [1] [2] [3] [4] [5] [6].

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DOI (Digital Object Identifier)

https://doi.org/10.51257/a-v1-tr900


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2. Maîtriser la traçabilité : trois critiques positives

Que nous enseigne cette double histoire ? Où nous mène la jonction des traçabilités industrielle et marchande ? De l’assiette au bœuf, répondent en chœur les promoteurs du dispositif. Mais à partir de quelles assiettes et vers quels bœufs ?

L’histoire nous montre que le développement de la traçabilité et de ses différentes formes a en fait complètement transformé l’identité de celui qui mange (le consommateur devient malgré lui un expert en consommation « traçable et tracée ») et de ce qui est mangé (le bœuf n’est plus n’importe quel bœuf).

Au-delà de cette double transformation de l’apparence des choses et des gens se cachent des glissements plus subreptices qui portent sur la répartition et sur l’appréciation des risques. Ces glissements pointent au moins trois dangers d’un usage non précautionneux du « principe de précaution ». Ces dangers de la traçabilité que nous voudrions présenter maintenant plaident non pas pour une remise en cause, mais pour un approfondissement des politiques de suivi des produits.

2.1 Traçabilité et neutralité

Le premier point consiste à remarquer que la traçabilité n’est pas neutre quant à la répartition des pouvoirs dans les filières de production.

Comme nous l’enseignent l’histoire des corn flakes et plus tard le mouvement de répression des fraudes, l’ignorance relative des acheteurs quant à la nature exacte des produits qui leur sont offerts favorise les baisses de qualité : depuis toujours, les producteurs peu scrupuleux profitent de l’ignorance du consommateur pour vendre des produits médiocres fabriqués à moindre coût, évinçant progressivement du marché des produits de qualité supérieure mais indiscernables des autres au moment de l’achat.

Comme nous l’avons vu, la traçabilité est un antidote efficace contre ce type de mécanisme, dans la mesure où elle permet de stabiliser la définition des produits, d’informer les consommateurs et d’engager la responsabilité des fabricants.

Cependant, on oublie trop souvent de dire que ce mécanisme favorise les solutions industrielles au détriment des solutions artisanales. Avec la traçabilité, les consommateurs finissent par croire que les produits non tracés ou non labellisés sont suspects, alors qu’ils peuvent être meilleurs, mais que leurs producteurs n’ont...

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BIBLIOGRAPHIE

  • (1) - CANU (R.), COCHOY (F.) -   La loi de 1905 sur la répression des fraudes : un levier décisif pour l’engagement politique des questions de consommation   -  ? Sciences de la société, no 62, mai, p. 69-91 (2004).

  • (2) - COCHOY (F.) -   Y a-t-il des risques à prévenir les risques ? Trois critiques positives pour améliorer les politiques de suivi des produits  -  . Ingénieurs INPG, no 2, juin, p. 36-37 (2002).

  • (3) - COCHOY (F.) -   Des risques du marché au marché de la précaution : une perspective historique  -  . Après-demain, Journal mensuel de documentation politique, no 444-445, juin-août, p. 16-18 (2002).

  • (4) - COCHOY (F.) -   Une petite histoire du client, ou la progressive normalisation du marché et de l’organisation  -  . Sociologie du travail, vol. 44, no 3, juill.-sept., p. 357-380 (2002).

  • (5) - COCHOY (F.), GRANDCLÉMENT-CHAFFY (C.) -   Publicizing Goldilocks’ choice at the supermarket: the political work of shopping packs, carts and talk  -  . In...

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