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EnglishRÉSUMÉ
Le principe de l'économie fonctionnelle est apparu au grand public lors du Grenelle de l'environnement en 2007. L'idée générale est celle du droit d'accès à une ressource plutôt que celle de la possession exclusive de cette même ressource. Il s'agit donc de proposer un échange marchand autour de la notion de service et non plus de celle de produit, l'objectif étant de passer à une démarche de consommation éthique et durable. En construction, ce nouveau type de transaction est basé sur trois spécificités : une relation engagée sur la durée, une culture du résultat à atteindre et la valorisation de l'usage du service. Ce dossier présente les caractéristiques du secteur de la construction en matière d'économie fonctionnelle. Il détaille ainsi les avantages à passer à ce type de transaction, que ce soit au niveau technique ou économique. De même, l'article décrit les préalables nécessaires à la pratique de l'économie fonctionnelle : ingénierie concourante, capacité d'autofinancement, partenariats...
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Christophe GOBIN : Coordinateur R&D Vinci Construction France
INTRODUCTION
« Les économistes connaissent le prix de tout, mais la valeur de rien. »
Oscar Wilde
Le concept d’économie fonctionnelle est assez récent puisqu’il date d’environ une quinzaine d’années et reste l’apanage d’un petit cercle de spécialistes. Cependant, le Grenelle de l’environnement l’a placé sous les feux de l’actualité en l’inscrivant en préalable au chapitre 6 de la loi d’orientation. Malgré son originalité, cette notion mérite d’être détaillée car elle peut apporter un éclairage nouveau sur la construction.
L’économie fonctionnelle est une économie dont les transactions marchandes client/fournisseur sont caractérisées par trois propriétés qui en font la spécificité :
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les échanges entre les parties s’entendent sur la durée. Traditionnellement, les relations marchandes traduisent l’échange ponctuel entre deux acteurs. C’est ce qui justifie l’importance du prix qui traduit, dès lors, un investissement. En économie fonctionnelle, c’est moins le moment de la transaction qui compte que la création d’un lien s’opérant sur un temps plus long puisqu’il s’agit de fournir un service au cours d’une période fixée conjointement.
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le contrat est conclu sur la base de résultats à atteindre. L’objectif des parties dépassant le simple échange, il doit être établi sur le maintien de la satisfaction réellement mesurée pour en vérifier la constance. Les relations contractuelles sont ainsi définies par un niveau des performances attendues et non plus par les moyens mis en œuvre. Cette obligation de résultats, qui se substitue à la seule conformité à un descriptif technique, est à la fois plus ouverte, puisqu’il n’y a pas d’imposition de solutions, mais aussi plus contraignante car une exigence de garantie existe.
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l’objet de la transaction se définit par un usage. En fait, l’économie fonctionnelle met l’accent, non sur le vecteur du service souhaité, mais sur la seule pérennité de ce dernier. Ce qui est au cœur de cette économie c’est la fonctionnalité procurée au client par la mise à disposition d’une solution à cette fin par le fournisseur. L’usage prime sur la technologie.
Aucune de ces dimensions n’est véritablement étrangère à la construction.
Le bâtiment est de ce point de vue un objet qui répond à de très nombreuses fonctions pour ses utilisateurs et c’est sous cet angle qu’il se prête particulièrement à des développements en économie fonctionnelle.
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1. Contexte du bâti
Par nature le bâti est un produit à cycle de vie long, même si, ces dernières années, il a tendance à se réduire, passant du siècle à quelques décennies. Les préoccupations énergétiques ont permis, en outre, de prendre conscience que notre cadre de vie est une vaste machine thermodynamique dont les performances de fonctionnement sont extrêmement importantes. C’est ainsi que la notion d’obsolescence de la construction, c'est-à-dire de la dégradation des résultats attendus d’un bâtiment, est désormais un paramètre pris en compte, venant contrecarrer la seule valeur patrimoniale.
Enfin, il est désormais acquis que la finalité de la construction est de fournir à la collectivité un support pour mener à bien ses activités résidentielles tertiaires et culturelles. La qualité de notre cadre de vie se mesure à sa capacité à répondre à des usages.
Dans ces conditions, il semble difficile de refuser d’examiner d'un point de vue entrepreneurial, ce que pourraient être les attraits, mais aussi les difficultés apportés par la vision d’une économie fonctionnelle appliquée au secteur de la construction. Pour ce faire, cette analyse s’organise autour de deux parties qui sont, d’une part, l’explicitation des avantages concurrentiels pour les entreprises de construction et, d’autre part, les pré-requis indispensables pour en bénéficier effectivement. Il s’agit donc d’un exercice, somme toute théorique, mais qui doit contribuer à une réflexion sur des voies de progrès possible pour ce secteur trop souvent confronté à des retournements de conjoncture.
Cependant, avant d’engager cette démarche, il semble nécessaire d’ajouter une précision relative à l’expression même d’économie fonctionnelle. En effet, certains experts utilisent le terme d’économie de la fonctionnalité.
Pour eux, il s’agit d’insister sur les conséquences de l’élargissement des critères de choix économique en intégrant, en particulier, l’aspect environnemental. Le terme d’économie fonctionnelle se réfère, lui, à l’école d’analyse fonctionnelle, c'est-à-dire à la mise en exergue de l’usage procuré par un objet économique.
Dès 1947, Juran définissait déjà cet objectif par l’expression « fitness for use » (capacité à répondre à un usage). Depuis,...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - JURAN (J.) - Quality Control Handbook - (McGraw-Hill Company) (1951).
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(2) - GIARINI (O.), STAHEL (W.) - The limits to certainty - facing risks in the new service economy (1989).
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(3) - BOURG (D.), BUCLET (N.) - L'économie de fonctionnalité : changer la consommation dans le sens du développement durable - (Futurible) (2005).
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(4) - DU TERTRE (C.) - * - . – Économie de la fonctionnalité, développement durable et innovations institutionnelles (Cerisy) (2007).
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