Article de référence | Réf : C3058 v1

Conclusion
Économie fonctionnelle et construction - Vers une nouvelle économie du secteur

Auteur(s) : Christophe GOBIN

Relu et validé le 02 févr. 2015

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RÉSUMÉ

Le principe de l'économie fonctionnelle est apparu au grand public lors du Grenelle de l'environnement en 2007. L'idée générale est celle du droit d'accès à une ressource plutôt que celle de la possession exclusive de cette même ressource. Il s'agit donc de proposer un échange marchand autour de la notion de service et non plus de celle de produit, l'objectif étant de passer à une démarche de consommation éthique et durable. En construction, ce nouveau type de transaction est basé sur trois spécificités : une relation engagée sur la durée, une culture du résultat à atteindre et la valorisation de l'usage du service. Ce dossier présente les caractéristiques du secteur de la construction en matière d'économie fonctionnelle. Il détaille ainsi les avantages à passer à ce type de transaction, que ce soit au niveau technique ou économique. De même, l'article décrit les préalables nécessaires à la pratique de l'économie fonctionnelle : ingénierie concourante, capacité d'autofinancement, partenariats...

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ABSTRACT

The principle of functional economy was presented to the general public on the occasion of the Grenelle Environment Forum in 2007. The general idea is that of a right of access to a resource instead of an exclusive ownership of the said resource. The objective is to offer a commercial exchange around the notion of service and not of product, in order to initiate an ethical and sustainable consumption approach. In the construction sector, this new type of transaction is based upon three specificities: a long-term relationship, a results-oriented culture and the valorization of the usage of the service. This article presents the characteristics of the construction sector in terms of functional economy. It details the advantages to adopt this type of transaction both at the technical or economic level. This article furthermore describes the prerequisites for practicing functional economy: concurrent engineering, self-financing capability, partnerships, etc.

Auteur(s)

INTRODUCTION

« Les économistes connaissent le prix de tout, mais la valeur de rien. »

Oscar Wilde

Le concept d’économie fonctionnelle est assez récent puisqu’il date d’environ une quinzaine d’années et reste l’apanage d’un petit cercle de spécialistes. Cependant, le Grenelle de l’environnement l’a placé sous les feux de l’actualité en l’inscrivant en préalable au chapitre 6 de la loi d’orientation. Malgré son originalité, cette notion mérite d’être détaillée car elle peut apporter un éclairage nouveau sur la construction.

L’économie fonctionnelle est une économie dont les transactions marchandes client/fournisseur sont caractérisées par trois propriétés qui en font la spécificité :

  • les échanges entre les parties s’entendent sur la durée. Traditionnellement, les relations marchandes traduisent l’échange ponctuel entre deux acteurs. C’est ce qui justifie l’importance du prix qui traduit, dès lors, un investissement. En économie fonctionnelle, c’est moins le moment de la transaction qui compte que la création d’un lien s’opérant sur un temps plus long puisqu’il s’agit de fournir un service au cours d’une période fixée conjointement.

  • le contrat est conclu sur la base de résultats à atteindre. L’objectif des parties dépassant le simple échange, il doit être établi sur le maintien de la satisfaction réellement mesurée pour en vérifier la constance. Les relations contractuelles sont ainsi définies par un niveau des performances attendues et non plus par les moyens mis en œuvre. Cette obligation de résultats, qui se substitue à la seule conformité à un descriptif technique, est à la fois plus ouverte, puisqu’il n’y a pas d’imposition de solutions, mais aussi plus contraignante car une exigence de garantie existe.

  • l’objet de la transaction se définit par un usage. En fait, l’économie fonctionnelle met l’accent, non sur le vecteur du service souhaité, mais sur la seule pérennité de ce dernier. Ce qui est au cœur de cette économie c’est la fonctionnalité procurée au client par la mise à disposition d’une solution à cette fin par le fournisseur. L’usage prime sur la technologie.

Aucune de ces dimensions n’est véritablement étrangère à la construction.

Le bâtiment est de ce point de vue un objet qui répond à de très nombreuses fonctions pour ses utilisateurs et c’est sous cet angle qu’il se prête particulièrement à des développements en économie fonctionnelle.

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DOI (Digital Object Identifier)

https://doi.org/10.51257/a-v1-c3058


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4. Conclusion

Certains considéreront ce scénario comme utopique. Il faut plutôt lui conférer le statut d'« utopie anticipatrice » selon l'expression de Ladrière. En effet, il s'agit là d'une alternative aux débats, souvent inachevés, sur le développement durable, faute de disposer d'une vision économique cohérente.

Ce qui vient d'être explicité c'est un modèle économique rendant possible l'inscription des activités de construction dans la perspective d'un développement, dit « durable », c'est-à-dire en produisant mieux tout en économisant les ressources nécessaires pour en disposer sur la durée.

La question qui se pose alors est celle de l'occurrence de ce déploiement.

Contrairement à un sentiment trop souvent mis en avant, la période de récession qui s'annonce pourrait être un levier essentiel pour aborder une économie fonctionnelle. En effet, le paramètre central réside dans la rareté des ressources financières. Il s'agit désormais de produire à moindre coût et ce, non seulement sur l'instant, mais surtout dans la durée.

L'idée de coût global ou, plus exactement, de coût de possession, c'est-à-dire la dépense à consentir pour utiliser un produit (droit d'usage) fait son chemin. Toutefois, cette tendance ne se transformera en pratique que dans la mesure où ce coût « élargi » sera effectivement plus bas que ce qui est pratiqué actuellement.

Cette évolution est, en outre, inscrite dans la prise de conscience que les ressources énergétiques, nécessaires à l'exploitation du cadre bâti, sont une charge doublement onéreuse du fait du prix élevé du pétrole, mais aussi de la dépendance qu'elle représente vis-à-vis de sources d'approvisionnement, à la fois limitées et incertaines politiquement. Ce surenchérissement des énergies, même s'il est plus lent à la suite d'une baisse de la demande mondiale, paraît inexorable au plan géostratégique, compte tenu des demandes des économies émergentes.

En fait, le ressort principal est d'ordre culturel. Une économie fonctionnelle repose sur des agents qui sont, avant tout, proactifs et non plus réactifs, c'est-à-dire capables d'anticiper le marché, plutôt que de le subir.

Il est sans doute plus facile d'exprimer ce diagnostic, que de le transcrire dans les faits, compte tenu du poids des traditions et de l'organisation séculaire...

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BIBLIOGRAPHIE

  • (1) - JURAN (J.) -   Quality Control Handbook  -  (McGraw-Hill Company) (1951).

  • (2) - GIARINI (O.), STAHEL (W.) -   The limits to certainty  -  facing risks in the new service economy (1989).

  • (3) - BOURG (D.), BUCLET (N.) -   L'économie de fonctionnalité : changer la consommation dans le sens du développement durable  -  (Futurible) (2005).

  • (4) - DU TERTRE (C.) -   *  -  . – Économie de la fonctionnalité, développement durable et innovations institutionnelles (Cerisy) (2007).

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