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EnglishRÉSUMÉ
La production de plantes génétiquement modifiées (PGM), qui s’ajoute aux méthodes de création des variétés végétales mises en œuvre pendant le XXe siècle, présente de multiples aspects. Cet article rappelle d’abord l’extension de ces cultures, qui occupent désormais plus de 12 % des terres cultivées, avant d’examiner comment les PGM se diversifient en termes d’espèces et de caractères. Il revient sur la focalisation des débats, en particulier sur les risques environnementaux des PGM qui seront analysés, avec pour conséquence une réglementation complexe et coûteuse. Il termine en examinant les questions de propriété intellectuelle qui, en Europe, ne porte pas atteinte aux droits acquis des producteurs et des sélectionneurs qui doivent cependant rester vigilants.
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Yvette DATTÉE : Directeur de recherche honoraire de l'INRA, membre de l'Académie d'Agriculture de France, Paris, France
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Georges PELLETIER : Directeur de recherche honoraire de l'INRA, membre de l'Académie des Sciences, membre de l'Académie d'Agriculture de France, Versailles, France
INTRODUCTION
L'agriculture a fortement évolué au XX e siècle dans les pays développés et dans les pays émergents. Le machinisme a remplacé la force humaine et animale. La chimie a synthétisé des molécules pour lutter contre les ennemis des cultures. L'industrie des engrais a apporté les éléments nécessaires aux rendements accrus de ces cultures. La sélection des variétés végétales est devenue un élément essentiel qui engendre ou accompagne ces progrès. En 1955, il nous fallait moissonner 55 ha et dépenser 1 512 h de travail pour récolter 100 t de blé. En 2005, il suffisait de 13 ha et de 6 h 30 !
Ces progrès reposent sur des innovations qui sont elles-mêmes le résultat de l'application de connaissances nouvelles apportées par les sciences physiques, mécaniques, chimiques, biologiques et agronomiques.
Le domaine particulier de la création de variétés végétales exploite, à travers différentes méthodes et techniques, les connaissances de la génétique des espèces, de leur variabilité spontanée ou induite, des possibilités de croisements avec d'autres espèces, de la biologie de leur reproduction végétative ou sexuée. Leur diffusion s'appuie sur des capacités de production de plants ou de semences, en respectant des règles qui autorisent leur commercialisation, l'obtenteur bénéficiant de celles qui le protègent des contrefacteurs.
Dans ce contexte, les découvertes des possibilités d'échanges d'ADN entre espèces (autrement que par hybridation) et les progrès dans l'ingénierie de cette molécule ont permis, dès le début des années 1980, de produire les premières plantes génétiquement modifiées (ou PGM) qui ont été concrètement introduites dans la création de variétés de différentes espèces une dizaine d'années plus tard.
Les méthodes générales utilisées pour la production de plantes transgéniques et les questions de l'utilisation des PGM en alimentation humaine et animale et de l'évaluation de leur sécurité alimentaire ont été traitées dans un article précédent des Techniques de l'Ingénieur (cf. article [BIO 8 100]) et nous n'y reviendrons pas.
2013 était la dix-huitième année de culture de PGM dans le monde, avec une croissance spectaculaire puisque le total des surfaces qui ont été cultivées en PGM pendant cette période représente plus que la superficie des terres arables dans le monde. De nombreux pays se sont lancés dans cette voie de recherche. Une meilleure gestion de l'eau, des engrais, des pesticides, l'amélioration de la qualité des produits, voire la production de médicaments, sont des exemples d'objectifs activement poursuivis à travers la production de plantes transgéniques qui met à profit les connaissances biologiques les plus récentes.
Loin d'encourager ces recherches, les autorités françaises y ont progressivement renoncé, cédant sous la pression de groupes se réclamant de l'écologisme qui ont imposé dans la population, avec le concours des médias, une sorte de névrose généralisée anti-OGM.
Les risques mis en avant sont très relatifs et souvent indépendants de la nature « OGM » ou non des cultures. Les bénéfices, systématiquement passés sous silence, seront ici décrits brièvement. La règlementation mise en place à l'échelle européenne, avec une trajectoire chaotique qui traduit bien la confusion et les conflits d'intérêt générés par la stigmatisation des PGM, a principalement conforté l'immobilisme. Contrairement aux idées imposées par certains, les variétés génétiquement modifiées, si elles étaient cultivées en France, n'entraîneraient aucune différence quant aux droits des agriculteurs qui en seraient les premiers acteurs économiques bénéficiaires.
L'objectif de cet article est d'analyser ces différents aspects du point de vue des performances agronomiques et environnementales des cultures de PGM existantes et de celles qui sont en cours d'élaboration pour répondre à des problématiques diverses. Le contexte règlementaire sera décrit avec précision, en particulier les questions de propriétés intellectuelles, pour éclairer le lecteur sur leurs réalités.
le lecteur trouvera en fin d'article un glossaire des termes et expressions importants de l'article.
MOTS-CLÉS
impact environnemental état de l'art Adaptation des cultures Réglementation européenne agriculture Sélection végétale
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7. Conclusion
Depuis 1950, pour une bonne part grâce à la génétique, l'augmentation de la productivité, la facilitation des opérations culturales de semis et de récolte, l'adaptation à de nouvelles latitudes ou aux conditions de culture sous abri, l'amélioration de la qualité des fourrages, des huiles, des céréales, des fruits et des légumes, la résistance aux maladies cryptogamiques, sont bien réelles.
La transgénèse s'inscrit dans la continuité des méthodes de l'amélioration des plantes : à la révolution qu'a constitué la découverte de la reproduction sexuée des plantes et de ses modalités succède celle de la découverte que les gènes peuvent aussi se transmettre en dehors de cette reproduction sexuée, ce qui ouvre d'autres perspectives pour « l'amélioration de la machine végétale ». Chaque année, ce sont des milliards de dollars que représentent les bénéfices générés par les cultures de PGM, répartis entre le secteur des biotechnologies et des semences, les agriculteurs (gains de rentabilité) et les consommateurs (prix). Cette répartition avantage le secteur des biotechnologies dans les pays industrialisés et les agriculteurs dans les pays en développement. Le progrès dans la semence n'a pas de moyen concurrent plus économique et plus démocratique.
La demande de produits alimentaires et non alimentaires (énergie, fibres, chimie verte) dérivés de l'agriculture progresse avec l'augmentation de la population mondiale et du niveau de vie. Elle se complexifie avec une exigence accrue en termes d'hygiène, de sécurité sanitaire et de respect de l'environnement. En s'appuyant sur les exemples du passé, des solutions génétiques permettant d'adapter les productions à ces différents objectifs peuvent être recherchées.
Nous vivons une période de forte accélération de la connaissance intime des processus biologiques et de leurs déterminants génétiques conjointement au progrès des outils d'investigation (séquençage de l'ADN, bioinformatique, imagerie, robotique, etc.), de modification des génomes (transgénèse, mutagénèse dirigée, etc.) et de sélection à haut débit. La création des variétés végétales futures pourra s'affranchir de plus en plus de l'aléatoire qui traditionnellement a caractérisé cette activité. Il reste à espérer que les sociétés humaines sauront saisir...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - VILMORIN (H.) - Les Meilleurs blés, description et culture des principales variétés de froments d'hiver et de printemps, par Vilmorin-Andrieux et Cie. - Vilmorin-Andrieux, Paris, 175 p. (1880) http://www.museum.agropolis.fr/pages/ documents/bles_vilmorin/tome1
-
(2) - SAGERET (A.) - Pomologie physiologique ou traité du perfectionnement de la fructification. - Huzard, née Vallat la Chapelle, Paris (1830).
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(3) - DORE (C.), VAROQUAUX (F.) - Histoire et amélioration de cinquante plantes cultivées. - Quae (2006).
-
(4) - OSSOWSKI (S.), SCHNEEBERGER (K.), LUCAS-LLEDO (J.) et al - The rate and molecular spectrum of spontaneous mutations in arabidopsis thaliana. - Science, 327, p. 92-94 (2010).
-
(5) - SANDER (J.D.), JOUNG (J.K.) - CRISPR-Cas systems for editing, regulating and targeting genomes. - Nature Biotechnology, 32(4), p. 347-355 (2014).
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...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
FAO/IAEA http://mvgs.iaea.org/AboutMutantVarities.aspx
JRC https://ec.europa.eu/jrc/en
Composition du HCB http://www.hautconseildesbiotechnologies.fr/fr/article/organisation
Commission européenne, autorisations de mise en marché https://ec.europa.eu/info/index_fr
HAUT DE PAGE
Code de l'environnement http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?cidTexte= LEGITEXT000006074220
Code rural http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?cidTexte
Directive 2001/18/CE du Parlement européen et du Conseil du 12 mars 2001 relative à la dissémination volontaire d'organismes génétiquement modifiés dans l'environnement et abrogeant le directive 90/220/CEE du Conseil (Journal officiel des Communautés européennes L 106, 17 avril 2001, p. 1-39).
Règlement (CE) no 1829/2003 du Parlement européen et du Conseil du 22 septembre 2003 concernant les denrées alimentaires et les aliments pour animaux génétiquement...
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