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En anglaisRÉSUMÉ
Après l’abattage, le muscle se transforme en viande. Les caractéristiques biologiques des muscles et les différentes étapes de transformation technologiques sont sources de variabilité des qualités des produits carnés. Les méthodes d’imageries et de spectroscopies localisées permettent de caractériser le produit au cours de sa transformation pour tenter de comprendre les mécanismes sous-jacents aux variations de qualité. L’article décrit des méthodes d’analyse des muscles et produits carnés en imagerie et microspectroscopie, et présente des exemples de résultats relatifs aux caractéristiques des muscles, à l’évolution du muscle après l’abattage, au salage et la cuisson des viandes.
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After slaughter, muscle turns into meat. The biological characteristics of muscles and the successive steps of technological transformation are all potential sources of variability in the qualities of the meat end-product. Imaging and microspectroscopy methods are used to characterize the product during its transformation and attempt to understand the mechanisms underlying the variations in qualities. This article describes methods for characterizing muscle and meat products in imaging and microspectroscopy. It presents examples of results related to biological characteristics of muscles, to postmortem muscle changes, and to salting and cooking of meat.
Auteur(s)
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Thierry ASTRUC : Ingénieur de recherche - Unité « Qualité des Produits Animaux », INRA Auvergne-Rhône-Alpes, site de Theix, Saint-Genès-Champanelle, France
INTRODUCTION
Les viandes que nous consommons sont généralement transformées avant d’être consommées. La première transformation résulte de l’évolution du muscle après l’abattage. Dès la fin de la saignée, les cellules musculaires vont survivre en utilisant l’énergie libérée par l’hydrolyse de l’ATP, elle-même régénérée au fur et à mesure de son hydrolyse, grâce à la dégradation anaérobie des réserves en glycogène de la cellule. Les produits terminaux de ces réactions sont des protons et du lactate, qui en absence de circulation sanguine s’accumulent dans les cellules. Le pH de la viande diminue et se stabilise, quand les réserves en glycogène sont épuisées, pour atteindre une valeur généralement comprise entre 5,5 et 6, dépendant du muscle considéré, de l’espèce, et du stress de pré-abattage. Ces évolutions biochimiques entraînent des modifications de la structure musculaire, avec pour conséquences : un durcissement de la viande, des exsudations et des évolutions de la couleur dont les variations dépendent de l’amplitude et de la vitesse de chute du pH dans le muscle. Au cours de son stockage en chambre froide, le muscle continue à évoluer. Les protéases endogènes, libérées dans le milieu, se retrouvent en conditions favorables pour dégrader les structures musculaires et attendrir la viande. Toutes ces modifications sont sous la dépendance : du stress de pré-abattage, des cinétiques de refroidissement des carcasses, des conditions de stockage des carcasses (température, durée) et des caractéristiques des muscles, avec des répercussions sur les qualités sensorielles (couleur, flaveur, texture, jutosité) et technologiques (aptitudes à la transformation, pertes de jus à la cuisson, pertes au tranchage des jambons...) des viandes.
Les viandes sont ensuite soumises à différents types de transformations technologiques qui visent à améliorer leurs qualités microbiologiques et leurs qualités sensorielles, en développant des flaveurs agréables, en améliorant la texture, la couleur et la jutosité des produits carnés.
Ces transformations sont de deux types : les transformations froides (marinades, salage, séchage, fumage) et les transformations chaudes qui relèvent généralement d’opérations de cuisson. Certains produits carnés comme le jambon cuit associent une transformation froide (salage) à une transformation chaude (cuisson longue à basse température).
Ainsi, depuis l’animal vivant jusqu’à l’aliment carné qui en est issu, de nombreux facteurs sont susceptibles de faire varier les qualités du produit final.
Une part non négligeable de l’évolution de ces qualités est liée à des variations graduelles de la structure et de la composition du muscle, aux différentes étapes des transformations technologiques. Les outils d’imagerie ont considérablement évolué ces dernières années et permettent aujourd’hui de caractériser non seulement la structure morphologique des tissus, mais également d’accéder à la structure moléculaire et à la composition chimique. Si chaque technique fournit une information d’intérêt, c’est le couplage de différentes méthodes, permettant une caractérisation multi-échelle qui apporte une plus-value sensible à la compréhension des phénomènes générés par les traitements technologiques. Les approches corrélatives permettent en effet de relier les évolutions structurales à différents niveaux d’échelle, aux qualités des viandes.
L’article décrit, dans sa première section, des approches de caractérisation multi-échelle des échantillons biologiques à l’aide de techniques d’imageries morphologiques et chimiques. La seconde section porte sur la composition et la structure du muscle et de la viande. Enfin, la troisième et dernière section relève d’applications de ces méthodes d’imagerie à la caractérisation des viandes et produits carnés à différentes étapes de leurs transformations technologiques. Les résultats scientifiques permettent une meilleure compréhension des mécanismes relatifs aux modifications des viandes après chaque étape unitaire de transformation. Ces résultats sont exploités par les acteurs de la filière viande pour concevoir de nouveaux procédés ou adapter les procédés existants pour obtenir un produit fini de qualité souhaitée, et pour limiter la variabilité de la qualité des produits carnés.
Le lecteur trouvera en fin d’article un glossaire et un tableau des sigles utilisés.
MOTS-CLÉS
KEYWORDS
spectroscopy | imaging | meat | microscopy | meat products
DOI (Digital Object Identifier)
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1. Approches de caractérisation in situ
Contrairement à la plupart des analyses biochimiques qui passent par des étapes d’extraction de composés, impliquant à minima un broyage de l’échantillon solide, les méthodes de caractérisation in situ permettent de caractériser l’échantillon dans son état initial. Ces approches présentent les avantages de préserver la structure et la composition de l’échantillon, et de pouvoir accéder à la distribution des composés analysés au sein de l’échantillon. Les approches d’imagerie permettent d’acquérir des informations sur la morphologie des objets observés (tissus, cellules organites...) et sur leur composition chimique, incluant dans certains cas la structure moléculaire (figure 1).
1.1 Morphologie des tissus biologiques
L’imagerie morphologique consiste à analyser la structure de l’échantillon qui est appréciée visuellement, à l’observation, ou a posteriori sur des images acquises lors des observations.
Quel que soit le niveau d’échelle, l’imagerie morphologique peut identifier des structures d’intérêt grâce à leur forme. La radiologie, par exemple, permet de repérer des organes pour identifier une maladie, un traumatisme ou une fracture à l’échelle macroscopique. La microscopie optique classique, avec une résolution spatiale d’environ 0,2 μm (2,4 nm avec la technologie stimulated-emission- depletion ou STED) permet de caractériser la morphologie des tissus biologiques et de leurs cellules, et la microscopie électronique (résolution nanométrique) permet d’accéder aux organites cellulaires, à la morphologie des composants cellulaires et à ceux de la matrice extracellulaire par exemple. Les systèmes de base de traitement d’images numériques autorisent l’amélioration du contraste des images, la variation instantanée de leur taille et l’ajout des commentaires et légendes dans l’image.
Les logiciels d’analyse d’images (dont ImageJ, disponible en libre accès) sont utilisés pour mesurer les dimensions morphologiques et la densité des objets observés, telles que la forme, la taille ou encore le contraste de particules. L’opérateur fait évoluer les algorithmes pour les adapter aux besoins de l’étude. Les valeurs numériques sont soumises à des analyses statistiques pour comparer objectivement les caractéristiques morphologiques issues...
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Approches de caractérisation in situ
BIBLIOGRAPHIE
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(1) - LISTRAT (A.) et al - Comment la structure et la composition du muscle déterminent la qualité des viandes ou chairs. - INRA Production Animale, numéro spécial, Le muscle et la viande, PICARD (B.) et LEBRET (B.) (Eds), 28(2), p. 125-136 (2015).
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(3) - ASTRUC (T.) - Carcass composition, muscle structure and contraction. - In Encyclopedia of Meat Sciences, DEVINE (C.) et DIKEMAN (M.) Editors, Elsevier, Oxford, p. 148-166 (2014).
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(5) - SCHIAFFINO (S.), REGGIANI (C.) - Fiber types in mammalian skeletal muscles. - Physiological Reviews, 91(4), p. 1447-1531 (2011).
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...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
ANNEXES
Réseau des centres communs de microscopie (RCCM) http://rccm.cnrs.fr/
Réseau des microscopistes INRA (RμI) https://www6.inra.fr/rmui
Société française des microscopie http://www.sfmu.fr/
HAUT DE PAGE
Congrès international des sciences et technologies de la viande (ICoMST) qui a lieu chaque année dans un pays différent http://www.icomst2018.com/
Journées des sciences du muscle et de la viande (JSMTV) qui ont lieu tous les 2 ans dans une ville française http://www.jsmtv.org/
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