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EnglishRÉSUMÉ
Inventé en 2012 au Royaume-Uni, le concept d’impression 4D ne sort pratiquement pas du monde académique malgré l’aspect « extraordinaire » d’une possibilité d’animer ou de modifier la matière à partir d’une forme réalisée par impression 3D. Il a paru nécessaire, après 10 ans, de faire un point d’étape, d’examiner factuellement comment mettre en débat des voies possibles de développement de l’impression 4D à partir de la fabrication additive dans l’industrie, domaine où d’évidence les matériaux 4D pourraient jouer un rôle éminent. En effet, par manque d’applications industrielles, ces derniers constituent une « bibliothèque » de connaissances sur la synthèse, les propriétés 4D avec leurs avantages et leurs limites. Les sciences de l’artificiel et du design peuvent servir de support à l’émergence d’idées industrialisables de cet hyperobjet qu’est l’impression 4D.
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Jean-Claude ANDRÉ : DR CNRS - LRGP – UMR7274 CNRS-UL, 1, rue Grandville, 54000 Nancy – France
INTRODUCTION
En 1984, la fabrication additive voit le jour en France et six semaines après aux USA. En 2012/2013, en ajoutant la création d’objets par fabrication additive contenant de la matière « active » qui évolue en forme ou en fonctionnalité quand elle est stimulée par une énergie convenable, on fait émerger le concept d’impression 4D, de manière timide à l’université de Bath au Royaume-Uni et puis au MIT aux USA. Les derniers promoteurs de cette technologie se sont exprimés sur une rupture de même amplitude que pour la 3D. Ce qu’ils n’ont pas perçu à l’époque, c’est que ce passage de 3 à 4D se traduisait par de nouveaux concepts d’hyperobjets et de complexité…
Ces « objets » sont des entités complexes aux dimensions temporelles et spatiales vastes qui ont un impact sur notre façon de penser. Pour les « attraper », il faut focaliser notre attention sur des fragments. Notre représentation du monde est limitée et, par suite, nous disposons d’une faible capacité à comprendre et/ou à maîtriser des phénomènes observés (ou simplement entrevus) du domaine, à travers de petites tranches de connaissances scientifiques.
Dans cet espace immense à explorer, il est possible de s’appuyer sur les savoirs acquis depuis 1984 sur la fabrication additive, mais il est naturellement avantageux de savoir de quoi sont constitués les éléments principaux qui constituent la fabrication 4D : matériaux, stimulations énergétiques, interactions, état de l’environnement culturel, technologies alternatives, épistémologie, etc. Dans le même temps, il faudrait se poser la question d’un non-transfert depuis le contexte scientifique actuel (ne disposant pas d’une « feuille de route » approfondie) d’une part, et d’une absence de transfert vers la société. Peut-être alors doit-on canaliser l’enthousiasme académique (+ 44 % de croissance du nombre de publications annuelles) via de nouveaux matériaux actifs utilisables et l’usage de concepts nouveaux qui acceptent des solutions 4D fiables, mais reposant sur des sciences d’ingénierie moins rigides permettant de passer du complexe au déterminisme…
Dans le développement vers les milieux socioéconomiques de cette technologie, les matériaux actifs disposent d’un rôle éminent qui constituera une part importante de cet article. Mais, pour autant, ces matériaux, purs et actifs ou associant actifs et passifs, ne sont qu’une partie, certes essentielle d’un ensemble un peu plus vaste, tel que celui observé dans tout objet un peu compliqué, où chaque élément doit s’intégrer pour permettre au système technique d’être fonctionnel. Pourrait-on accepter de réaliser un objet 4D de taille donnée avec un dispositif de stimulation de taille mille fois plus élevée ? On retrouve ainsi la notion d’hyperobjet. Chacun des contributeurs au sujet des interactions maîtrisées entre matériaux et stimulations énergétiques du domaine 4D est lui-même un hyperobjet, avec sa propre cohérence, avec un petit « bout » de sa scientificité et de ses savoirs techniques et méthodologiques validés. Pour avancer, il convient donc de maîtriser, autant que faire se peut, les langages et les concepts qu’ils décrivent…
Comme cette introduction le présente, il existe autour de cette présentation, centrée « matériaux actifs », de nombreuses ramifications, plus ou moins fortement associées, qui pourraient, par exemple, expliquer le faible retentissement économique de cette impression 4D, mais en même temps servir pour se doter d’une « feuille de route » visant le développement industriel de la technologie. Il convient, en effet, d’envisager pour demain l’activité 4D des entreprises comme un prolongement non problématique du travail scientifique.
MOTS-CLÉS
innovation impression 4D Complexité Matière active Stimulation énergétique Désirabilité industrielle Hyperobjet Sciences de l’artificiel
DOI (Digital Object Identifier)
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2. Comparaison synthétique 3D et 4D
Les technologies 4D dont il est fait mention dans cet article ont pour origine l’invention de la fabrication additive en 1984. Si cette dernière correspond à un procédé simple à mettre en œuvre dans son principe (juste dans son principe), la fille née en 2013 envisage nombre de raffinements interdépendants : l’impression 4D fait intervenir dans l’objet créé par fabrication additive des matériaux dits actifs qu’il faut transformer par le biais d’au moins une stimulation énergétique. Cet apport énergétique permet des évolutions de forme et/ou de fonctionnalité. L’impression 3D est aujourd’hui industrialisée, mais la recherche continue à progresser en termes de procédés et surtout de matériaux. Nous examinons ci-après si les sophistications telles qu’on les trouve dans la littérature internationale servent, peu ou pas, à des développements applicatifs robustes en impression 4D.
2.1 Fabrication additive
L'impression 3D est un élément central d'une nouvelle révolution industrielle, dans laquelle la numérisation, l'information et la connectivité transforment l'innovation en matière de réalisation d’objets. Cependant, si les avantages supposés de cette technologie sont convaincants (croissance annuelle de l’ordre de 20 % par an), les recherches existantes, pour une part importante de nature incrémentale, jouent sur des aspects numériques, procédés et matériaux. Elles servent de support à l’impression 4D avec des matériaux nouveaux . Le principe d’additivité tel que représenté sur la figure 7 suppose que chaque volume élémentaire (voxel) adhère à ceux déjà fabriqués (idée importante d’imprimabilité).
L’idée consiste à placer précisément « au bon endroit » et « au bon moment » de la matière (et/ou de l’énergie ; mais pas nécessairement la même que pour l’impression 4D) pour que l’organisation conduise par addition à l’objet recherché (et...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - ANDRÉ (J.C.) - Impression 3D : niches applicatives porteuses. - Techniques de l’Ingénieur [BM 7 970] (2017).
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(2) - ANDRÉ (J.C.) - From additive manufacturing to 3D/4D printing 1 – From concepts to achievements. From additive manufacturing to 3D/4D printing 2 – Current techniques, improvements and their limitations. From additive manufacturing to 3D/4D printing 3 – Breakthrough innovations : programmable materials, 4D printing and bio-printing. - Wiley-ISTE Ed. – London – UK (2018).
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(3) - SCHUMPETER (J.A.) - Théorie de l’évolution économique. - Dalloz Ed. – Paris (1999).
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(4) - ANDRÉ (J.C.) - Knowledge production modes between science and applications. - ISTE/Wiley Ed. London – UK (2023).
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(5) - GE (Q.), SAKHAEI (A.H.), LEE (H.), DUNN (C.K.), FANG (N.X.), DUNN (M.L.) - Multi-material 4D Printing with Tailorable Shape Memory Polymers. - Scientific Reports, 6, p. 31110 (2016).
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