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Albert COLIN : Ingénieur du Conservatoire National des Arts et Métiers - Ingénieur consultant
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Lire l’articleINTRODUCTION
La robotique a toujours été une technique chargée d’un contenu émotionnel. Bien avant qu’elle devienne une réalité industrielle et par là économique, elle était présente dans tous les ouvrages d’anticipation. Le mot robot vient du tchèque robota, qui signifie corvée. Qui n’a rêvé d’une machine, prête à nous remplacer dans toutes nos corvées, avec suffisamment d’intelligence pour que nous n’ayons pas à intervenir et pas assez pour pouvoir s’affranchir de notre contrôle ?
Dans le domaine industriel, l’approche n’était pas très différente. Certains responsables ont souffert, dans les années 60 et 70, de la pression des ouvriers sur les conditions de travail et de salaires. Ces derniers pouvaient arguer de la surchauffe économique et du faible attrait des Français pour les tâches d’atelier. Il en est résulté le mythe de l’usine sans homme, qui a eu plus d’un adepte. Dans un tel contexte, deux solutions étaient proposées : l’usine automatique, dédiée à une production bien déterminée, ou l’usine robotisée, plus ou moins prête à exécuter n’importe quelle tâche dans un domaine assez large. Il a été créé de nombreuses usines automatiques dédiées, en particulier dans la chimie. Les usines robotisées ont été beaucoup plus rares, car il a été vite constaté que flexibilité et coût d’investissement des automatismes suivaient une courbe exponentielle.
Le développement de la robotique a été influencé par ces grandes tendances. On remarque, dès 1970, une véritable explosion de l’offre et un engouement des industriels. Mais le début des années 80 n’a pas vu la victoire attendue. La technique robotique s’est avérée plus complexe que prévu, surtout pour la mise au point des applications et des outils qui leur étaient nécessaires puis, surtout, la pression sur l’emploi avait disparu et avec elle l’inflexibilité des employés.
À ce jour, on privilégie souvent l’automatisme dédié ou l’opérateur humain, au détriment du robot. Ce dernier voit son développement fortement réduit. Les offreurs ont eu des difficultés économiques considérables, qui se sont traduites par des regroupements ou des disparitions. En 1995, il n’existe plus aucun constructeur français indépendant. Tout ce qui reste de notre offre nationale est sous contrôle étranger. La France reste pourtant l’un des pays où le robot est assez demandé. Mais peut-être cela est-il dû au retard relatif de nos équipements, par rapport à des pays comme le Japon ou l’Allemagne.
On se trouve donc face au paradoxe suivant : les difficultés techniques sont en voie de disparition et les développements de la micro‐informatique repoussent les limites du possible, mais la robotique se porte mal. L’explication est économique, donc susceptible d’évoluer. C’est le pari de toutes les personnes qui continuent à s’impliquer dans ce qui a été, pour un temps trop court, la vedette de la productique.
On rappelle que la charge à déplacer par un bras de manipulation ou un robot représente une masse que l’on exprime en kilogrammes.
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1. Origine. Définition. Classification
1.1 Historique
Comme dans tous les domaines touchant à la manutention, on est souvent surpris de l’arrivée, relativement tardive (1959 premier brevet américain), des appareils de manutention à plusieurs axes dans les domaines industriels. Les générations précédentes étaient un assemblage de moyens de déplacement en un seul sens.
On verra que la sophistication progressive des machines de production a été souvent à l’origine du développement de ces appareils de manutention. Ils étaient à peu près totalement inexistants dans les usines avant 1940. Cela était dû au fait que les machines de production, quel qu’en soit le domaine, nécessitaient une surveillance continue. Le surveillant assurait la desserte de la machine, manuellement. Si la charge à soulever devenait très importante (environ 50 kg), le surveillant avait à sa disposition un moyen de manutention, le moins onéreux possible et, donc, généralement succinct. Parfois, il était aidé par des assistants de portage, comme, par exemple, dans la fonderie et le forgeage.
La modernisation des moyens de production a d’abord concerné les industries où l’on trouve une relative simplicité, une grande répétitivité et une stabilité dans le temps des composants à produire ou à assembler. On a alors créés des machines spécifiques performantes, soit pour produire, soit pour desservir la machine de production. C’est ainsi que l’on a vu, à partir de 1950, des machines à souder par points, très complexes, surtout dans l’automobile ; les emballages en verre étaient produits de façon entièrement automatique et les biscuits sortaient d’une chaîne incluant le pétrissage, le moulage et la cuisson. Mais c’est vers 1960 seulement que l’on a systématiquement inclus dans des chaînes des moyens spécifiques de transport automatique de poste à poste, ou des machines d’emballage créant des fardeaux susceptibles d’être manipulés à la main. Même à cette époque, pourtant récente, ces moyens de manutention étaient, soit spécialisés dans une opération très précise, soit inexistants.
À partir de 1970, un bouleversement industriel s’est...
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