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EnglishRÉSUMÉ
Le sol ne doit plus être considéré comme un simple support inerte de production, mais comme un écosystème complexe avec un patrimoine biologique riche et fonctionnel, à même de fournir des fonctions et des services pour les sociétés humaines : production alimentaire, mitigation des changements climatiques, dépollution… Cet article décrit les grandes avancées de la recherche dans le domaine de l’écologie des sols ayant permis le développement d’outils et fortement amélioré les connaissances sur la biodiversité des sols. Ces avancées permettent aujourd’hui de développer des politiques de préservation de cette ressource en système rural et urbain afin de l’utiliser de façon durable.
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Pierre-Alain MARON : Directeur de recherche - UMR Agro écologie, centre INRA Dijon, France
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Lionel RANJARD : Directeur de recherche - UMR Agro écologie, centre INRA Dijon, France
INTRODUCTION
Depuis longtemps et jusqu’à récemment le sol a été le domaine des pédologues et des géologues et a été défini par ces domaines scientifiques. Pour les géologues, le sol est une couche presque insignifiante à la surface de l’écorce terrestre, qui peut représenter quelques centimètres jusqu'à plusieurs mètres d’épaisseur. Pour les pédologues, le sol est une matrice en trois dimensions (horizontale, verticale et temporelle), constitué par l’assemblage de particules minérales (sables, limons, argiles) en agrégats de différentes tailles, formes et stabilité. Cette structuration physique lui confère une forte complexité. À ce titre, le sol représente la matrice environnementale la plus hétérogène et structurée de notre planète.
Alors que l’écologie est un domaine scientifique qui est apparu au XVIIIe siècle, les écologues ont commencé sérieusement à s’intéresser au sol depuis une soixantaine d’années. Les raisons de ce désintérêt résultent dans la complexité de cette matrice, de son inaccessibilité, mais aussi sûrement dans la nature « ordinaire » de la biodiversité qu’il héberge, de loin moins porteuse médiatiquement que la diversité des espèces emblématiques connues du grand public. À tout ceci, il faut ajouter que le sol pâtit d’une image culturelle un peu négative qui l’assimile à un lieu de sépulture ou d’enfouissement de déchets. Toutefois, ce regain d’intérêt de la part des écologues, couplé à des évolutions technologiques et méthodologiques très importantes dans nos capacités à caractériser le vivant, a engendré une évolution presque exponentielle des connaissances sur la biologie et l’écologie du sol ces dernières années. Ainsi, ces cinq dernières années plus de 5 000 articles sur l’écologie du sol ont été publiés sur les 15 000 référencés depuis 1950 (source Web of science, 2019 ).
Cette accumulation de nouvelles connaissances a permis de considérer le sol différemment, non plus comme un simple support inerte de production alimentaire ou de construction, mais comme un écosystème qui renferme presque 1/3 de la diversité biologique de notre planète. De plus, cette biodiversité est maintenant démontrée comme fondamentale dans la production de services écosystémiques nécessaires au développement et à la durabilité de notre société. Son importance a notamment été réaffirmée dans le récent rapport de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques) pointant l’accélération du taux d’extinction des espèces et l’urgence d’entreprendre des actions de restauration et de protection des milieux, dont le sol, pour le bien de tous (pour information, consulter https://www.ipbes.net/news/Media-Release-Global-Assessment-Fr).
Dans cet article, nous présentons le bilan des connaissances actuelles sur le sol en tant qu’habitat pouvant héberger une très grande diversité d’organismes vivants de taille, de forme et de ressources génétiques différentes. Ce bilan de connaissances sera complété par une description des outils de caractérisation de ces différents organismes, certains pouvant être piégés et observés alors que d’autres, plus microscopiques (bactéries, champignons), ne peuvent être étudiés finement que par des approches de biologie moléculaire basées sur l’étude de l’ADN extrait du sol. Enfin, nous ferons le lien entre cette qualité écologique des sols et leur rôle dans la durabilité de nos modes de production et de vie. Plus précisément, nous décrivons l’importance de la préservation de la qualité écologique des sols comme un enjeu majeur dans le contexte actuel de transition vers des modèles de gestion durables des espaces ruraux et urbains.
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2. Grandes techniques pour étudier la vie du sol
2.1 Capture et observation
Pour l’étude de la macro/mésofaune, un grand nombre d’approches existe. En raison de la grande diversité de forme, de taille, de mode de vie et d’habitat de ces organismes, il n’existe pas une méthode unique pour échantillonner et caractériser l’ensemble de la biodiversité du sol. Pour information, un grand nombre de ces méthodes a été recensé dans le catalogue établi dans le cadre du projet CAMPanule piloté par le MNHN (Muséum national d’histoire naturelle) : http://campanule.mnhn.fr/acces_base/.
Pour les organismes de plus grande taille (macrofaune), une approche classique est de procéder par capture et collecte, puis d’identifier les individus sur le terrain ou au laboratoire. L’utilisation de pièges de type « pots Barber » est par exemple une pratique courante pour piéger la macrofaune invertébrée circulant à la surface du sol. Ces pièges consistent simplement en un pot enterré rempli d’un liquide, ses bords rasant la surface. Il est laissé sur le terrain pendant plusieurs jours au cours desquels les organismes de passage tombent et sont piégés dans le liquide.
La capture des vers de terre peut, quant à elle, se faire par différentes méthodes plus ou moins invasives. Le protocole moutarde est une méthode courante actuellement utilisée par l’Observatoire participatif de vers de terre (OPVT, université de Rennes). Le principe est simple : on déverse une solution de moutarde sur le sol. Cette solution contient de l’isothiocyanate qui est irritant pour les lombrics et qui a pour effet de les faire remonter à la surface, où ils peuvent être collectés facilement pour comptage et identification. Une autre approche est le test bèche qui consiste en l’excavation d’un petit bloc de sol à partir duquel est effectué un tri manuel des individus présents. Cette seconde approche présente l’avantage d’être plus opérationnelle que la méthode à la moutarde, qui nécessite le transport de volumes importants d’eau sur le terrain.
Pour les organismes de plus petite taille, il est généralement utile de prélever des échantillons de sol qui sont ensuite...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - * - Web of science : http://apps.webofknowledge.com/WOS_GeneralSearch_input.do?product=WOS&search_mode=GeneralSearch&SID=E6eXswEf5X4ibQRj9aw&preferencesSaved= (2019).
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(2) - * - https://www.gissol.fr/donnees/cartes/les-sols-dominants-de-france-metropolitaine-1491
-
(3) - SWIFT (M.J.), HEAL (O.W.), ANDERSON (J.M.) - Decomposition in Terrestrial Ecosystems. - Blackwell, Oxford (1979).
-
(4) - Rapport de l'Évaluation française des écosystèmes et des services écosystémiques. - https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/levaluation-francaise-des-ecosystemes-et-des-services-ecosystemiques#e1 (2017).
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(5) - FAO - * - . – http://www.fao.org/soils-2015/fr/ (2015).
-
(6) - Millennium Ecosystem Assessment (MEA) - Four Volumes :...
ANNEXES
https://ecobiosoil.univ-rennes1.fr/OPVT_accueil.php
http://indicateurs-biodiversite.naturefrance.fr/fr
https://www.mnhn.fr/fr/participez/contribuez-sciences-participatives/observatoires-vigie-nature
http://ephytia.inra.fr/fr/P/165/jardibiodiv
https://www.ipbes.net/news/Media-Release-Global-Assessment-Fr
HAUT DE PAGE
http://www.fao.org/global-soil-partnership/resources/highlights/detail/fr/c/1183872/
HAUT DE PAGECet article fait partie de l’offre
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