Obsolescence et perte des connaissances
Obsolescence et perte des connaissances dans les organisations

Dans le monde contemporain, le rythme accéléré des avancées technologiques, les changements rapides d’attentes des consommateurs et les modifications de l’environnement réglementaire ont donné naissance à un phénomène à la fois impactant et stimulant : l’obsolescence.

Dans sa définition la plus large, l’obsolescence fait référence au processus par lequel une entité, qu’il s’agisse d’un produit, d’un service, d’une technologie ou d’une connaissance, perd sa valeur d’usage au fil du temps. L’obsolescence peut survenir pour une grande diversité de raisons incluant progrès technologiques, changements de mode, évolutions des normes, etc. Bien que l’obsolescence soit généralement associée au contexte des produits manufacturés, secteur dans lequel les entreprises ont mis au point diverses stratégies de gestion, elle impacte aussi les connaissances et les compétences : une loi ou une théorie peuvent elles aussi devenir obsolètes. Cette facette de l’obsolescence est toutefois moins visible ou moins ressentie et peu traitée. Cet article propose ainsi de l’explorer.

L’obsolescence des connaissances se réfère au processus par lequel une connaissance perd de sa pertinence ou de son utilité. Dans une société en perpétuelle évolution, de nouvelles connaissances sont constamment générées, en quantité, et viennent contredire ou supplanter les précédentes. Les innovations en sciences et technologie, les nouvelles méthodologies, les mises à jour de la réglementation et les changements dans la dynamique du marché sont autant de facteurs qui peuvent rendre les connaissances obsolètes, dépassées. Une connaissance ou une théorie peut aussi être réfutée ou s’avérer fausse avec le temps. Dans les organisations, ce phénomène est particulièrement préoccupant car la connaissance constitue l’épine dorsale de la stratégie, de la prise de décision et de l’innovation.

Souvent assimilée à l’obsolescence des connaissances bien que distincte de celle-ci, la perte des connaissances au sein d’une entreprise est un phénomène qui a également un fort impact sur celle-ci. Elle survient lorsque les connaissances sont perdues définitivement, souvent en raison de facteurs inhérents à une organisation ; ainsi, le départ d’employés qualifiés, de mauvaises pratiques de gestion des connaissances ou des changements organisationnels peuvent entraîner une perte de mémoire institutionnelle. La perte des connaissances est donc relative à la disponibilité des connaissances tandis que l’obsolescence des connaissances concerne la pertinence, la valeur d’usage et la véracité des connaissances dans le temps. Être en mesure de faire la distinction et comprendre les mécanismes inhérents à ces phénomènes (comment ils apparaissent et pourquoi) est crucial pour les organisations, car ils impactent tous deux la capacité d’une organisation à prendre des décisions et à suivre une stratégie de croissance efficace.

L’objectif de cet article est de présenter les phénomènes d’obsolescence et de perte de connaissances, de les distinguer et d’en identifier les causes.

La première section présente le phénomène de l’obsolescence en général, identifie les entités qui y sont sensibles et propose une caractérisation du phénomène. Cette section souligne notamment que l’obsolescence peut avoir un impact sur des entités « concrètes » (des produits) ou « abstraites » telles que la connaissance. L’article met ensuite l’accent sur l’obsolescence des connaissances, qu’il positionne par rapport à la perte de connaissances. La section 2 identifie quelles sont les connaissances considérées comme essentielles au sein d’une organisation et analyse les sources respectives de la perte et de l’obsolescence de ces connaissances. L’article conclut en donnant un aperçu des principales causes des phénomènes d’obsolescence et de perte de connaissances, réitérant l’importance des stratégies pour les prévenir ou y remédier.