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EnglishRÉSUMÉ
A la suite de l'accident de Fukushima, des évaluations ont été menées par les exploitants nucléaires français afin d'apprécier le comportement de leurs installations lors de situations extrêmes du type de celle rencontrée à Fukushima. Des dispositions complémentaires seront progressivement mises en place pour réduire les risques associées à ces situations. Ces dispositions comporteront des moyens fixes robustes, constituant le « noyau dur » permettant d'assurer la maîtrise des fonctions de sûreté des installations au moins pendant les premiers jours suivant l'accident, ainsi que des moyens mobiles pouvant être acheminés et installés sur le site par la Force d'action rapide nucléaire (FARN), constituée d'équipes entraînées aux interventions dans des conditions difficiles. Les plans d'urgence seront également adaptés pour faire face à une situation accidentelle susceptible d'affecter l'ensemble des installations d'un même site.
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Karine HERVIOU : Chef du service nouveaux réacteurs - Pôle sûreté nucléaire - Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire
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Caroline LAVARENNE : Adjointe au chef du service des systèmes et des risques - Pôle sûreté nucléaire - Institut de la radioprotection et de sûreté nucléaire
INTRODUCTION
Les centrales électronucléaires françaises sont conçues pour résister à différentes agressions d'origine naturelle : séismes, inondations, neige, vent, températures extrêmes, etc. Lors de leur conception, les caractéristiques des agressions susceptibles d'affecter la sûreté des installations sont déterminées (intensité pour les séismes, cinétique de montée des eaux et niveau associé pour les inondations, vitesse et force pour les vents...) ; ces caractéristiques dépendent bien évidemment du site d'implantation. Ces informations sont ensuite utilisées pour dimensionner les installations, c'est-à-dire mettre en œuvre des dispositions garantissant que les équipements nécessaires à la sûreté de l'installation resteront disponibles et opérationnels en cas d'agression.
Les agressions considérées et leurs caractéristiques ont été plusieurs fois réévaluées depuis la conception initiale des centrales nucléaires françaises, à l'occasion des réexamens de sûreté périodiques ou à la suite d'événements survenus en France (grands froids dans les années 1985-1987, inondation partielle de la centrale du Blayais fin 1999, canicules en 2003 et 2006).
L'accident de Fukushima, survenu au Japon le 11 mars 2011, a rappelé, d'une part que l'occurrence d'agressions naturelles dépassant les caractéristiques retenues pour le dimensionnement des installations ne pouvait pas être totalement écartée, d'autre part que ces agressions pouvaient affecter l'ensemble des dispositions mises en place en termes de prévention des accidents et de limitation des conséquences d'un accident qui surviendrait malgré les dispositions de prévention. Le séisme de Tohoku a ainsi notamment entraîné un tsunami d'une hauteur dépassant celle des digues de protection mises en place : l'eau qui a envahi les bâtiments a entraîné la perte des sources d'alimentation électrique puis, progressivement, la perte des moyens de refroidissement des cœurs des réacteurs et des piscines de désactivation du combustible usé. Ces pertes successives ont conduit à la fusion du cœur de trois des six réacteurs à eau bouillante construits sur le site et à la dégradation de la sûreté des entreposages en piscines d'entreposage des assemblages combustibles usés. Cet accident a entraîné des rejets radioactifs importants dans l'environnement par voie atmosphérique, mais également par voie liquide, en mer.
À la suite de cet accident, des évaluations complémentaires de sûreté (ECS) ont été menées par les exploitants nucléaires français afin d'apprécier le comportement de leurs installations en situation extrême du type de celle survenue au Japon le 11 mars 2011.
En conclusion de cet examen et bien que la capacité des centrales nucléaires françaises à faire face aux agressions plausibles ait été confirmée, il a été jugé utile de mettre en œuvre des dispositions complémentaires visant à renforcer leur protection contre les agressions naturelles extrêmes et de réduire le risque de rejets radioactifs en cas de perte durable des alimentations électriques ou des sources de refroidissement.
Des évaluations de ce type ont également été menées dans le reste du monde, en particulier en Europe et dans les grands pays nucléarisés. Elles ont également conduit à compléter les dispositions de conception existantes mais sous des formes diverses, par exemple par la mise à place, sur site, de moyens mobiles pouvant être connectés à l'installation après une agression.
MOTS-CLÉS
Fukushima réacteurs nucléaires évaluations complémentaires de sûreté noyau dur post-Fukushima
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5. Conclusion
Les évaluations complémentaires de sûreté menées en 2011 et 2012 sur les installations nucléaires françaises constituent une première étape dans la prise en compte du retour d'expérience de l'accident de Fukushima. Ces évaluations ont permis, d'une part de s'assurer de la robustesse des centrales nucléaires face à des agressions plausibles, d'autre part d'identifier des dispositions complémentaires permettant de réduire les risques associés aux situations de perte totale et durable de sources électriques ou de sources de refroidissement pouvant résulter d'agressions supérieures à celles considérées à la conception. Ces dispositions comporteront :
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un ensemble de moyens fixes, constituant le « noyau dur », permettant la maîtrise des fonctions de sûreté des installations au moins pendant les premiers jours suivant l'accident ;
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des plans d'urgence adaptés à une situation accidentelle susceptible d'affecter l'ensemble des réacteurs d'un même site, y compris en cas d'accident grave ;
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des moyens mobiles stockés au niveau régional ou national et pouvant être amenés et installés sur le site par la Force d'action rapide nucléaire, constituée d'agents entraînés aux interventions dans des situations dégradées.
Les « noyaux durs » seront constitués d'un nombre important de structures, systèmes et composants nouveaux et leur mise en place sur les 58 réacteurs français actuellement en exploitation demandera une quinzaine d'années. Dans l'attente, des dispositions transitoires ont été prises par EDF pour renforcer la capacité des sites à faire face à des situations de perte durable des alimentations électriques ou de la source froide. La FARN est quant à elle d'ores et déjà opérationnelle.
Pour l'EPR Flamanville 3 en cours de construction, le « noyau dur » sera essentiellement constitué d'équipements déjà prévus à la conception. La tenue aux agressions et l'autonomie de ces équipements seront renforcées avant la mise en service du réacteur, prévue en 2016.
La mise en œuvre des dispositions précitées permettra de renforcer significativement le niveau de sûreté des centrales nucléaires françaises.
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - European Nuclear Safety Regulation Group - Stress tests performed on European nuclear power plants. - Peer review country report, France (2012) http://www.ensreg.eu/sites/default/files/ Country%20Report%20FR%20Final.pdf
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(2) - European Commission - Technical summary on the implementation of comprehensive risk on safety assessments of nuclear power plants in the European Union. - Technical summary (2012) http://eur-lex.europa.eu/legal-content/ EN/ALL/?uri=CELEX:52012SC0287
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
ANNEXES
Directive 2014/87/Euratom du conseil du 8 juillet 2014 modifiant la directive 2009/71/Euratom établissant un cadre communautaire pour la sûreté nucléaire des installations nucléaires http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=uriserv:OJ.L_.2014. 219.01.0042.01.FRA
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