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EnglishRÉSUMÉ
Les activités massiques et volumiques des radionucléides artificiels présents dans l’environnement français métropolitain et qui, hors de l’influence des rejets des installations nucléaires, en constituent le bruit de fond radiologique sont ici présentées. L'article traite de l’origine de ces radionucléides, des évolutions de leurs activités massiques et volumiques depuis le début des années 1960, des principaux phénomènes qui ont déterminés ces évolutions, ainsi que des expositions des populations qui résultent de leur présence dans l’environnement.
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Philippe RENAUD : Chargé de mission auprès du Directeur de l’environnement - Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), Fontenay-aux-Roses, France
INTRODUCTION
Entre 1945 et 1980, plus de 500 essais atmosphériques d’armes nucléaires ont été réalisés par les États-Unis, l’Union soviétique, le Royaume-Uni, la Chine et la France. Les essais américains et soviétiques ont été de loin les plus nombreux et les plus puissants ; ils ont été réalisés principalement entre 1951 et 1958, puis en 1961 et 1962, avant le traité mettant fin aux essais atmosphériques, ratifié en 1963 par les États-Unis, l’Union soviétique et le Royaume-Uni. Les essais atmosphériques ont relâché de nombreux radionucléides dans l’atmosphère, dont une vingtaine étaient régulièrement détectés et mesurés dans l’air en France . La plupart des radionucléides de période radioactive courte (inférieure à 3 ans) relâchés lors de ces essais ont disparu assez rapidement par décroissance radioactive. On ne mesure plus aujourd’hui dans l’environnement que du tritium (3H), du carbone 14 (14C), du césium 137 (137Cs), du strontium 90 (90Sr), des isotopes du plutonium (238Pu, 239Pu, 240Pu et 241Pu), ainsi que de l’américium 241 (241Am) provenant de la désintégration du plutonium 241.
Les masses d’air contaminées par l’accident de Tchernobyl ont atteint la France au début du mois de mai 1986, principalement entre le 1er et le 5 mai . Parmi la dizaine de radionucléides provenant de cet accident décelés dans l’air et dans des végétaux, les trois principaux ont été l’iode 131 et les césiums 134 et 137. L’iode 131 a largement disparu au cours des trois mois suivants par décroissance radioactive ; le césium 134 a pu être mesuré dans l’environnement jusqu’au début des années 2000 ; seul le césium 137 reste aujourd’hui décelable dans la plupart des composantes de l’environnement.
Les activités massiques et volumiques des radionucléides provenant des essais d’armes nucléaires et de l’accident de Tchernobyl dans les milieux atmosphériques, terrestres, aquatiques continentaux et marins, constituent l’essentiel du « bruit de fond » des radionucléides artificiels dans l’environnement français métropolitain. Ce bruit de fond diminue depuis la fin des retombées atmosphériques du fait de la décroissance radioactive et de différents phénomènes qui seront présentés plus loin.
Connaître le bruit de fond des radionucléides artificiels dans l’environnement français répond à plusieurs objectifs : estimer les expositions des populations qui en résultent, déterminer les activités massiques et volumiques ajoutées à ce bruit de fond du fait des rejets des installations nucléaires, et disposer de valeurs de référence dans l’éventualité d’un accident ou de toute autre cause d’augmentation de ce bruit de fond.
L’article qui suit présente une synthèse de la connaissance de ce bruit de fond et de son évolution entre 1960 et 2020, avec toute sa variabilité, notamment spatiale, établie sur la base de milliers de résultats de mesures.
Sauf mention contraire, les résultats de mesures utilisés pour cette synthèse ont été acquis par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) dans le cadre de sa mission de surveillance radiologique de l’environnement et dans le cadre d’un suivi radioécologique annuel effectué à la demande d’EDF par l’IRSN et le laboratoire Subatech, en complément de la surveillance réglementaire effectuée autour des centres nucléaires de production d’électricité (CNPE). Les résultats de mesures relatifs aux années 1960 à 2002 ont été acquis par les organismes successifs qui ont été regroupés en 2002 au sein de l’IRSN. Les moyens de mesure utilisés par les exploitants d’installations nucléaires pour les plans de surveillance réglementaire qui leur sont prescrits ne permettent le plus souvent pas de mesurer les très faibles activités massiques et volumiques qui correspondent au bruit de fond des radionucléides artificiels dans l’environnement. Il en est souvent de même des mesures réalisées par les autres acteurs de la surveillance radiologique de l’environnement français. Par ailleurs, les plans de surveillance réglementaires des exploitants nucléaires portent principalement sur l’environnement proche de leurs installations qui peut être influencé par les rejets radioactifs correspondants.
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7. Strontium 90 dans l’environnement français métropolitain
Le strontium 90 présent dans l’environnement français métropolitain provient quasi exclusivement des retombées des essais d’armes nucléaires. Les mesures réalisées montrent une diminution importante dans le temps des activités massiques et volumiques de ce radionucléide dans l’environnement.
Ainsi, les activités massiques de strontium 90 dans les sols ont globalement diminué de plus d’un ordre de grandeur depuis 1963 (voir la figure 11). Cette diminution est due en grande partie à la solubilité du strontium qui facilite sa migration vers la profondeur des sols et son drainage vers les cours d’eau. Les activités massiques de strontium 90 mesurées de 1975 à 1990 dans des échantillons de sols prélevés dans différentes localités témoignent d’une variabilité spatiale liée aux hauteurs des précipitations annuelles sur ces localités. Les activités massiques indiquées sur la figure 11 pour l’année 1963 ont été extrapolées à partir des pentes de diminution constatées pour les mesures réalisées au cours de la période 1975-1990. La conversion en activités surfaciques (Bq.m−2) des activités massiques ainsi obtenues pour 1963, en prenant en compte les profondeurs des sols prélevés et leurs densités, montrent la cohérence de ces valeurs avec la carte des activités surfaciques déposées (voir la figure 2 a). Les données acquises depuis les années 1990 montrent que les activités massiques mesurées de strontium 90 les plus élevées dans les sols correspondent à des zones de rémanence élevée du Massif central et des Vosges, à forte pluviométrie moyenne annuelle, qui se distinguent également par leurs activités massiques de césium 137.
La migration du strontium 90, liée à sa solubilité dans les sols, explique que ce radionucléide puisse être présent en quantités mesurables à des profondeurs supérieures à 40 cm, voire jusqu’à 70 cm dans certains sols.
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - RENAUD (P.), LOUVAT (D.) - Magnitude of fission product deposits from atmospheric nuclear test fallout in France. - Health Physics, 86(4), p. 353-358 (2004).
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(2) - RENAUD (P.), CHAMPION (D.), BRENOT (J.) - Les retombées radioactives de l’accident de Tchernobyl sur le territoire français : conséquences environnementales et exposition des personnes. - Livre Editions TEC&DOC Lavoisier, collection Sciences et Techniques. 190 pages. ISBN 978-2-7430-1027-0 (2007).
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(3) - BRIMO (K.), GONZE (M.A.), POURCELOT (L.) - Long term decrease of 137Cs bioavailability in French pastures : Results from 25 years of monitoring. - Journal of Environmental radioactivity, p. 208-209, art. n° 106029 (2019).
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(4) - VRAY (F.), RENAUD (P.) - Contamination de la chaîne alimentaire par les produits de fission et d’activation émis lors des essais aériens d’armes nucléaires. - Rapport IRSN/DEI/SESURE 2004/19 (2004).
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(5) - IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) - Constat...
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