Présentation

Article

1 - ÉVOLUTIONS DES ACTIVITÉS VOLUMIQUES DES RADIONUCLÉIDES ARTIFICIELS DANS L’AIR

2 - RETOMBÉES AU SOL DES RADIONUCLÉIDES RELÂCHÉS LORS DES ESSAIS ATMOSPHÉRIQUES D’ARMES NUCLÉAIRES ET DE L’ACCIDENT DE TCHERNOBYL

3 - COMPORTEMENT ET ÉVOLUTION DANS LE TEMPS DES ACTIVITÉS MASSIQUES ET VOLUMIQUES DE CÉSIUM 137

4 - ACTIVITÉS MASSIQUES ET VOLUMIQUES DE CÉSIUM 137 DANS LES MILIEUX TERRESTRES

5 - ACTIVITÉS VOLUMIQUES ET MASSIQUES DE CÉSIUM 137 DANS LES MILIEUX AQUATIQUES CONTINENTAUX

6 - ACTIVITÉS MASSIQUES ET VOLUMIQUES DE CÉSIUM 137 DANS LES MILIEUX MARINS

7 - STRONTIUM 90 DANS L’ENVIRONNEMENT FRANÇAIS MÉTROPOLITAIN

8 - ISOTOPES DU PLUTONIUM ET DE L’AMÉRICIUM 241 DANS L’ENVIRONNEMENT FRANÇAIS MÉTROPOLITAIN

9 - ORIGINES ET COMPORTEMENTS DU TRITIUM ET DU CARBONE 14 DANS L’ENVIRONNEMENT

10 - ÉVOLUTIONS DANS LE TEMPS DES ACTIVITÉS DE CARBONE 14 DANS L’ENVIRONNEMENT

11 - ÉVOLUTIONS DANS LE TEMPS DES ACTIVITÉS DE TRITIUM DANS L’ENVIRONNEMENT

12 - DOSES DUES AU BRUIT DE FOND DES RADIONUCLÉIDES ARTIFICIELS DANS L’ENVIRONNEMENT FRANÇAIS MÉTROPOLITAIN

13 - CONCLUSION

14 - GLOSSAIRE

Article de référence | Réf : BN3912 v1

Évolutions dans le temps des activités de carbone 14 dans l’environnement
Bruit de fond des radionucléides artificiels en France métropolitaine

Auteur(s) : Philippe RENAUD

Date de publication : 10 mai 2022

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RÉSUMÉ

Les activités massiques et volumiques des radionucléides artificiels présents dans l’environnement français métropolitain et qui, hors de l’influence des rejets des installations nucléaires, en constituent le bruit de fond radiologique sont ici présentées. L'article traite de l’origine de ces radionucléides, des évolutions de leurs activités massiques et volumiques depuis le début des années 1960, des principaux phénomènes qui ont déterminés ces évolutions, ainsi que des expositions des populations qui résultent de leur présence dans l’environnement.

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Auteur(s)

  • Philippe RENAUD : Chargé de mission auprès du Directeur de l’environnement - Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), Fontenay-aux-Roses, France

INTRODUCTION

Entre 1945 et 1980, plus de 500 essais atmosphériques d’armes nucléaires ont été réalisés par les États-Unis, l’Union soviétique, le Royaume-Uni, la Chine et la France. Les essais américains et soviétiques ont été de loin les plus nombreux et les plus puissants ; ils ont été réalisés principalement entre 1951 et 1958, puis en 1961 et 1962, avant le traité mettant fin aux essais atmosphériques, ratifié en 1963 par les États-Unis, l’Union soviétique et le Royaume-Uni. Les essais atmosphériques ont relâché de nombreux radionucléides dans l’atmosphère, dont une vingtaine étaient régulièrement détectés et mesurés dans l’air en France . La plupart des radionucléides de période radioactive courte (inférieure à 3 ans) relâchés lors de ces essais ont disparu assez rapidement par décroissance radioactive. On ne mesure plus aujourd’hui dans l’environnement que du tritium (3H), du carbone 14 (14C), du césium 137 (137Cs), du strontium 90 (90Sr), des isotopes du plutonium (238Pu, 239Pu, 240Pu et 241Pu), ainsi que de l’américium 241 (241Am) provenant de la désintégration du plutonium 241.

Les masses d’air contaminées par l’accident de Tchernobyl ont atteint la France au début du mois de mai 1986, principalement entre le 1er et le 5 mai . Parmi la dizaine de radionucléides provenant de cet accident décelés dans l’air et dans des végétaux, les trois principaux ont été l’iode 131 et les césiums 134 et 137. L’iode 131 a largement disparu au cours des trois mois suivants par décroissance radioactive ; le césium 134 a pu être mesuré dans l’environnement jusqu’au début des années 2000 ; seul le césium 137 reste aujourd’hui décelable dans la plupart des composantes de l’environnement.

Les activités massiques et volumiques des radionucléides provenant des essais d’armes nucléaires et de l’accident de Tchernobyl dans les milieux atmosphériques, terrestres, aquatiques continentaux et marins, constituent l’essentiel du « bruit de fond » des radionucléides artificiels dans l’environnement français métropolitain. Ce bruit de fond diminue depuis la fin des retombées atmosphériques du fait de la décroissance radioactive et de différents phénomènes qui seront présentés plus loin.

Connaître le bruit de fond des radionucléides artificiels dans l’environnement français répond à plusieurs objectifs : estimer les expositions des populations qui en résultent, déterminer les activités massiques et volumiques ajoutées à ce bruit de fond du fait des rejets des installations nucléaires, et disposer de valeurs de référence dans l’éventualité d’un accident ou de toute autre cause d’augmentation de ce bruit de fond.

L’article qui suit présente une synthèse de la connaissance de ce bruit de fond et de son évolution entre 1960 et 2020, avec toute sa variabilité, notamment spatiale, établie sur la base de milliers de résultats de mesures.

Sauf mention contraire, les résultats de mesures utilisés pour cette synthèse ont été acquis par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) dans le cadre de sa mission de surveillance radiologique de l’environnement et dans le cadre d’un suivi radioécologique annuel effectué à la demande d’EDF par l’IRSN et le laboratoire Subatech, en complément de la surveillance réglementaire effectuée autour des centres nucléaires de production d’électricité (CNPE). Les résultats de mesures relatifs aux années 1960 à 2002 ont été acquis par les organismes successifs qui ont été regroupés en 2002 au sein de l’IRSN. Les moyens de mesure utilisés par les exploitants d’installations nucléaires pour les plans de surveillance réglementaire qui leur sont prescrits ne permettent le plus souvent pas de mesurer les très faibles activités massiques et volumiques qui correspondent au bruit de fond des radionucléides artificiels dans l’environnement. Il en est souvent de même des mesures réalisées par les autres acteurs de la surveillance radiologique de l’environnement français. Par ailleurs, les plans de surveillance réglementaires des exploitants nucléaires portent principalement sur l’environnement proche de leurs installations qui peut être influencé par les rejets radioactifs correspondants.

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DOI (Digital Object Identifier)

https://doi.org/10.51257/a-v1-bn3912


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10. Évolutions dans le temps des activités de carbone 14 dans l’environnement

La figure 20 a présente les évolutions, depuis 1950, des activités de carbone 14 par unité de masse de carbone dans les milieux atmosphérique et terrestres, pour tout l’hémisphère nord . Ces activités sont passées du niveau naturel cosmogénique de 226 Bq.kg−1 de C antérieur aux essais d’armes nucléaires, à près de 420 Bq.kg−1 de C en 1964, au plus fort des retombées des essais atmosphériques américains et soviétiques. Si l’activité totale de carbone 14 a peu diminué par décroissance radioactive depuis cette date (la période radioactive du carbone 14 est de 5 630 ans), l’activité de carbone 14 par unité de masse de carbone a, quant à elle, fortement diminué. Cette diminution résulte, d’une part de l’augmentation dans l’atmosphère du gaz carbonique (CO2) d’origine fossile dont la teneur en carbone 14 est très faible, voire nulle, qui dilue le carbone 14 provenant des essais d’armes nucléaires, d’autre part du piégeage partiel du carbone 14 dans les sédiments océaniques.

La figure 20 b présente les activités de carbone 14 par unité de masse de carbone mesurées depuis 1995 par l’IRSN dans des échantillons de différents types de végétaux. Les valeurs de cet indicateur sont représentatives des activités de carbone 14 dans l’air et dans toutes les composantes de l’environnement terrestre. L’analyse statistique de ces valeurs permet d’obtenir la courbe bleue ainsi que les valeurs de référence annuelles indiquées dans le tableau de droite ; ces valeurs de référence annuelles caractérisent le bruit de fond du carbone 14 dans les milieux atmosphériques et terrestres. L’activité de carbone 14 par unité de masse de carbone a ainsi diminué de 255 Bq.kg−1 de C en 1995 à 225 Bq.kg−1 de C en 2019, cette dernière valeur étant inférieure au bruit de fond naturel cosmogénique antérieur...

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BIBLIOGRAPHIE

  • (1) - RENAUD (P.), LOUVAT (D.) -   Magnitude of fission product deposits from atmospheric nuclear test fallout in France.  -  Health Physics, 86(4), p. 353-358 (2004).

  • (2) - RENAUD (P.), CHAMPION (D.), BRENOT (J.) -   Les retombées radioactives de l’accident de Tchernobyl sur le territoire français : conséquences environnementales et exposition des personnes.  -  Livre Editions TEC&DOC Lavoisier, collection Sciences et Techniques. 190 pages. ISBN 978-2-7430-1027-0 (2007).

  • (3) - BRIMO (K.), GONZE (M.A.), POURCELOT (L.) -   Long term decrease of 137Cs bioavailability in French pastures : Results from 25 years of monitoring.  -  Journal of Environmental radioactivity, p. 208-209, art. n° 106029 (2019).

  • (4) - VRAY (F.), RENAUD (P.) -   Contamination de la chaîne alimentaire par les produits de fission et d’activation émis lors des essais aériens d’armes nucléaires.  -  Rapport IRSN/DEI/SESURE 2004/19 (2004).

  • (5) - IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) -   Constat...

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