Présentation
En anglaisRÉSUMÉ
Les marées, les vagues et les courants marins constituent un réel potentiel énergétique. Historiquement en France, il y a deux exemples principaux d'utilisation de l'énergie marémotrice : l'Usine marémotrice de l'Estuaire de La Rance ainsi que le projet des Îles Chausey. Les hydroliennes sont un autre moyen d'exploiter l'énergie des courants marins. La technologie des hydroliennes est encore au stade expérimental. Les projets les plus avancés concernent essentiellement la Grande-Bretagne.
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Tides, waves and maritime currents have true energetic potential. Historically in France, there are two major examples of the use of tidal energy: the Rance Tidal Power Station and the Chausey Islands project. Marine current turbines are another means to exploit the energy of marine currents. Their technology is still at the experimental stage. The most advanced projects principally concern Great-Britain.
Auteur(s)
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René BONNEFILLE : Ingénieur conseil – Docteur ès sciences - Ingénieur de l'École nationale supérieure d'électrotechnique et d'hydraulique de Toulouse - Ancien professeur d'hydraulique maritime à l'École nationale supérieure des techniques avancées et à l'École nationale des ponts et chaussées
INTRODUCTION
Comparons les différentes sources d'énergie que peut utiliser l'humanité sur le globe terrestre. Il existe essentiellement deux sources qui semblent différentes, mais qui en réalité ont la même origine, la constitution de la matière :
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d'une part, les énergies de nature physique : la gravité, liée à la configuration du système solaire et les énergies hydrauliques et éoliennes qui ne détruisent pas la matière ;
-
d'autre part, les énergies de nature chimique : les énergies thermiques et nucléaires qui détruisent la matière.
Au cours de l'histoire les hommes ont utilisé dès l'origine l'énergie chimique du feu, en créant de la chaleur par oxydation de la matière ; ensuite ils ont utilisé les énergies éoliennes et hydrauliques dues aux mouvements des fluides à la surface de la Terre. Les marées, les vagues et les courants marins constituent un autre réel potentiel énergétique.
En particulier, l'énergie marémotrice est due à la somme de deux formes d'énergie :
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d'une part, la gravité, qui régit les positions relatives et les interactions des astres (ici le Soleil, la Terre et la Lune) et engendre les marées ;
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d'autre part, l'énergie chimique de l'intérieur de la Terre, qui façonne, par la dérive des continents, les contours non pérennes des mers et des océans, favorables ou non à la naissance des forts marnages et/ou des forts courants marins.
La transformation de l'énergie des marées en énergie mécanique ou électrique peut être obtenue :
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soit, à partir de l'énergie potentielle des hauteurs de chute, dues au marnage des marées. Ce procédé consiste à transformer en énergie électrique, l'énergie potentielle due aux variations des niveaux de la mer produites par la marée, par des turbines classiques, comme le fait l'usine marémotrice de la Rance ;
-
soit, à partir de l'énergie cinétique des courants de marée. Ce procédé consiste à utiliser l'énergie cinétique des courants de marées, en immergeant des groupes turbines-alternateurs, appelés « hydroliennes », par analogie avec les « éoliennes », comme devrait le faire le projet d'hydroliennes de l'Île de Bréhat . L'avantage par rapport aux éoliennes est que les courants de marées sont par nature « déterministes », tandis que les vitesses du vent sont « aléatoires ».
La production de l'énergie d'origine marémotrice peut être programmée, sans aléas atmosphériques et climatiques, puisque le rythme des marées peut être connu à l'échelle des temps géologiques. Les seuls aléas sont d'origine sismique, très faibles en Bretagne, et terroristes. Ajoutons qu'à l'époque du développement de l'énergie marémotrice en France, la Bretagne était mal alimentée en énergie électrique et que le nucléaire n'en était qu'à ses prémisses.
Nous exposons les deux procédés cités ci-dessus ; celui utilisant les hauteurs des marées est le plus ancien ; celui utilisant les courants des marées est le plus récent. Dans cet article, nous décrivons les développements en France de ces énergies dites renouvelables. Un deuxième article est consacré à leurs développements dans le reste du Monde.
Robert Gibrat (1904-1980) racontait qu'il découvrit au Ministère de l'Industrie, le Traité sur l'énergie des marées de l'Abbé Bernard Forest de Bélidor (1698-1761) sur « l'Architecture hydraulique ou l'Art de conduire, élever et aménager les eaux pour les différents besoins de la vie » (1737), décrivant l'art de concevoir et utiliser les moulins à marée. Il s'agissait de remplir à pleine mer un bassin séparé de la mer par un barrage, et d'utiliser la différence de niveau entre la haute et la basse mer, pour entraîner une roue à aubes à axe horizontal classique de moulin au fil de l'eau . Intéressé par le sujet, Robert Gibrat publia en 1953 un premier ouvrage sur l'énergie des marées, dont il reprit l'essentiel dans sa conférence du 20 avril 1955 .
La notion d'usine marémotrice était au départ très simple. Il s'agissait de transformer l'énergie potentielle des variations du niveau de la mer au cours des marées, en énergie mécanique, puis électrique. Pour cela, il suffisait d'accumuler de l'eau de mer à marée montante dans un bassin de retenue, pour obtenir à marée descendante une hauteur de chute pour turbiner dans le sens bassin-mer. On utilisait alors des turbines classiques à axe vertical, ce qui exigeait d'avoir des hauteurs de chute assez importantes. Heureusement pour les marémotrices, les ensembles turbine-alternateurs à axe horizontal furent mis au point par le réseau électrifié du Chemin de fer du Midi, pour utiliser les chutes d'eau de faibles hauteurs des Pyrénées.
Ces machines permirent d'envisager le développement des usines marémotrices.
Dès 1943, un groupe d'industriels français créa la Société d'études pour l'utilisation des marées (SEUM), reprise par Électricité de France (EDF) après la nationalisation le 3 avril 1946, sous la forme d'un service, le SEUM.
Rappelons que d'après la loi de nationalisation, EDF avait pour mission de développer toutes les formes d'énergie susceptibles de produire de l'électricité.
Le SEUM, dirigé par Louis Vantroys, fut chargé de dégager les lignes principales des problèmes de génie civil et des machines, en vue de la réalisation de l'Usine de la Rance, cela en liaison avec la Région d'Équipement Hydraulique no 8 désignée pour la réalisation des travaux. L'estuaire de la Rance paru d'abord le plus intéressant parmi les autres sites potentiels, tel que l'estuaire de l'Aber Wrac'h .
Fermer par un barrage la baie du Mont-Saint-Michel au fond du Golfe de Saint-Malo, où les marnages sont très importants, jusqu'à 13 m en grande vive-eau, et où un bassin de retenue de grande surface est à un état d'étude très avancé.
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1. Notions sur l'énergie des marées
Notre but n'est pas de reprendre la théorie des marées, ni d'expliquer leur extrême variété. Pour cela, nous conseillons de lire la conférence sur l'énergie des marées de Robert Gibrat prononcée à la Société astronomique de France le 20 avril 1955 dont nous reprenons ci-après les conclusions.
On sait que la marée est due aux attractions de la Lune et du Soleil sur la masse fluide des océans. Ce qui est moins évident, c'est la raison de la grande diversité des marées le long de côtes du Monde. La Lune, plus proche de la Terre que le Soleil, exerce une attraction prépondérante. Quand la Lune passe au zénith d'un lieu, elle attire l'eau de la partie des océans face à la Lune. Or, la Terre est un corps solide sur lequel l'attraction lunaire est appliquée à son centre de gravité. Si la Terre ne tournait pas, il résulterait de ces deux attractions une élévation de la mer par rapport au sol de seulement quelques décimètres à marée haute ; Henri Poincaré l'appela « la marée du baccalauréat ».
En même temps, aux antipodes de ce lieu, le même phénomène se produit en sens inverse. L'attraction de la Lune sur le centre de gravité de la Terre est plus forte que celle exercée par la Lune sur l'eau des océans aux antipodes, plus éloignée de la Lune que le centre de la Terre. Tout se passe alors, comme si les eaux des océans aux antipodes étaient moins attirées vers le ciel par rapport à la Terre. Il en résulte que, l'attraction vers le ciel d'un astre sur l'eau des océans, se manifeste deux fois pendant la période de rotation apparente de l'astre autour de la Terre. Si la Lune agissait seule, la principale période de la marée serait celle d'une demi-rotation lunaire, soit environ 12,5 h.
Le Soleil attire aussi l'eau des océans, avec une période d'une demi-rotation de 12 h. Du fait de la grande distance entre la Terre et le Soleil, son attraction est moins forte que celle de la Lune. Les deux attractions de la Lune et du Soleil sur l'eau des océans s'ajoutent directement lors de la pleine et de la...
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Notions sur l'énergie des marées
BIBLIOGRAPHIE
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(1) - BÉLIDOR (B.F.) - Architecture hydraulique ou l'art de conduire, élever et aménager les eaux pour les différents besoins de la vie. - Tome I, Livre II, Ch. I, p. 304-309 (1737).
-
(2) - GIBRAT (R.) - L'énergie des marées. - Bulletin de la Société Française des Électriciens, 7e série, Tome III, no 29, p. 263-332, mai 1953 (1953).
-
(3) - GIBRAT (R.) - Conférence donnée à la Société Astronomique de France le 20 avril 1955. - L'Astronomie, vol. 69, p. 449-470 (1955).
-
(4) - BONNEFILLE (R.) - Contribution hydraulique et expérimentale du régime des marées. - Thèse présentée devant l'Université de Grenoble le 16 octobre 1968, Bulletin de la Direction des Études et Recherches d'Électricité de France, Série A, no 1 (1969).
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(5) - BONNEFILLE (R.), JEANNEL (M.), SALOMONE - Étude sur modèle réduit de l'usine marémotrice de la Rance. - Bulletin de la Direction des Études...
ANNEXES
1.1 Constructeurs – Fournisseurs – Distributeur (liste non exhaustive)
NEYRPIC http://www.direlentreprise.fr/index.php?option=com_content
Alstom Group http://www.alstom.com/fr/
HAUT DE PAGE1.2 Laboratoires – Bureaux d'études – Écoles – Centres de recherche (liste non exhaustive)
SOGREAH http://sogreah.fr/implantations-gb-31-offices.html
IFREMER Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer http://www.ifremer.fr/annuweb/index.php?id_categorie=9
INPG Institut National Polytechnique de Grenoble http://www.alpes.cnrs.fr
DCNS http://www.meretmarine.com/fr/content/dens-veut-greer-une-usin-d
Centre technique et scientifique du bâtiment CSTB http://www.cstb.fr
HAUT DE PAGECet article fait partie de l’offre
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