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Michel BOURGEOIS : Ingénieur de l’École nationale supérieure des industries chimiques de Nancy (ENSIC) - Ancien Conseiller auprès du Directeur du cycle du combustible au Commissariat à l’énergie atomique
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Lire l’articleINTRODUCTION
Le devenir des combustibles déchargés des réacteurs nucléaires constitue pour l’industrie nucléaire une des préoccupations majeures, avec comme alternative leur retraitement ou leur stockage définitif en l’état (stockage direct). Le choix entre ces deux stratégies comporte des enjeux d’ordre politique, économique et écologique.
Contrairement au stockage direct, le retraitement — expression abrégée tirée de l’anglais « reprocessing » pour « traitement des combustibles irradiés » — présente, certes au prix d’opérations très complexes, le double intérêt de récupérer, à un degré de pureté autorisant leur recyclage dans de nouveaux combustibles, les matières nucléaires énergétiques (uranium, plutonium ; thorium le cas échéant) et de conditionner les déchets radioactifs sous la forme la mieux adaptée à leur stockage définitif, avec une réduction significative de leur volume total et de leur radiotoxicité.
Cette solution ouvre également la voie à une réduction encore plus importante de la nuisance potentielle à long terme des déchets en séparant de manière plus complète les éléments radioactifs à vie longue et en les transmutant en éléments stables ou à vie courte.
À l’origine, le retraitement a eu pour unique but l’obtention de plutonium destiné à la fabrication d’armes nucléaires. Le développement du retraitement à des fins civiles est étroitement lié à celui des réacteurs électronucléaires, en tenant compte notamment des quantités et des caractéristiques des combustibles irradiés déchargés et des besoins en matières énergétiques.
Actuellement, les réacteurs à eau ordinaire constituent la grande majorité du parc électronucléaire mondial et la totalité du parc français, si l’on excepte le réacteur prototype à neutrons rapides Phénix, depuis l’extinction de la filière à uranium naturel graphite-gaz en 1994 et l’abandon du réacteur à neutrons rapides Superphénix en 1998.
Le procédé PUREX (Plutonium Uranium Refining by Extraction), consistant à une mise en solution nitrique du combustible irradié suivie d’une série d’extractions sélectives par le phosphate tributylique, a rapidement supplanté tous les autres. Il reste depuis près de cinquante ans à la base des procédés retenus dans les installations industrielles. C’est le cas actuellement pour les usines en service (La Hague en France et Sellafield au Royaume-Uni), ou en construction (Rokkasho-Mura au Japon), dédiées au retraitement des combustibles des réacteurs à eau ordinaire.
Cette première partie, consacrée à la description des principales étapes du procédé, allant de la réception des combustibles à l’élaboration des produits finis (uranium et plutonium), est axée sur leur mise en œuvre dans ces usines, en mentionnant cependant les principales variantes qui ont été utilisées dans des installations antérieures ainsi que les aspects spécifiques du retraitement d’autres types de combustibles, en particulier ceux des autres réacteurs qui ont été développés en France : uranium naturel graphite-gaz et neutrons rapides.
L’étude complète du sujet comprend les articles :
— Retraitement du combustible- Principales opérations – Retraitement du combustible. Principales opérations (le présent article) ;
Retraitement du combustible- Traitement des déchets – Retraitement du combustible. Traitement des déchets ;
— Retraitement du combustible- Procédés, ingénierie et usines – Retraitement du combustible. Procédés, ingénierie et usines ;
– Retraitement du combustible.
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3. Objectifs et contraintes spécifiques
3.1 Objectifs techniques
Les objectifs visés sont de récupérer séparément, avec les rendements les plus élevés possible, l’uranium et le plutonium contenus dans les combustibles usés et de les purifier de manière à ce qu’ils respectent les spécifications fixées, ce qui exige des facteurs de séparation très élevés, tout en ayant l’impact le plus faible sur l’environnement.
3.1.1 Rendements de récupération de l’uranium et du plutonium
Ils doivent être les plus élevés possible ( > 99 %), non tant pour des raisons économiques ou contractuelles que pour réduire le plus possible la quantité d’éléments à vie longue dans les déchets, les quantités non récupérées se retrouvant dans les déchets. Les rendements obtenus dans les usines de la Hague sont excellents : 99,88 % pour l’uranium et le plutonium.
HAUT DE PAGE3.1.2 Spécifications des produits finis
3.1.2.1 Uranium de retraitement (URT)
L’uranium est livré généralement sous la forme d’une solution concentrée (200 à 400 g/L) de nitrate d’uranyle, ce qui permet sa conversion ultérieure en oxydes UO2 ou U3O8 , en tétra- ou en hexafluorure selon sa destination (entreposage, fabrication de combustible ou réenrichissement isotopique).
Les normes de pureté les plus sévères sont imposées par le réenrichissement ; elles comportent des limitations en impuretés chimiques (moins de 3 000 p.p.m. de composés non volatils à 850 C autres que l’uranium) et radiochimiques :
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l’activité bêta, gamma spécifique due aux produits de fission doit être inférieure...
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