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EnglishRÉSUMÉ
Le phénomène réalité virtuelle est-il une technologie nouvelle, un mode alternatif de perception ou bien un paradigme nouveau d’interaction ? À tout le moins, c’est un domaine d’activité technologique actif et prometteur d’applications multiples. De l’immersion en temps réel dans des enceintes volumiques à l’actuel essor de l’haptique – sensation physique d’un effort, ou des écrans tactiles avec 3D ajoutée, la poussée technologique reste soutenue et annonce sans cesse de prochaines avancées inconcevables il y a peu : projection holographique, miniaturisation de la projection...
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Patrick CORSI : IKBM – International Knowledge-based Innovation Business Models (Bruxelles) [email protected] - Professeur associé ISTIA Innovation, Université d’Angers
INTRODUCTION
Le phénomène réalité virtuelle est-il d’abord une technologie nouvelle, un mode alternatif de perception ou bien un paradigme nouveau d’interaction ? À tout le moins, c’est un domaine d’activité technologique actif et prometteur d’applications multiples. Chaque année, les salons spécialisés offrent aux visiteurs des nouveautés étonnantes. De l’immersion en temps réel dans des enceintes volumiques à l’actuel essor de l’haptique – sensation physique d’un effort, ou des écrans tactiles avec 3D ajoutée, la poussée technologique reste soutenue et annonce sans cesse de prochaines avancées inconcevables il y a peu : projection holographique, miniaturisation de la projection…
En simplifiant, on peut distinguer trois formes de base pour la réalité virtuelle (RV) :
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la RV à base d’immersion, d’interaction en 3D qui ne s’applique qu’aux environnements virtuels proprement dits ;
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la réalité augmentée, qui offre l’addition d’éléments virtuels sur un monde réel (en mixant des signaux sensoriels) ;
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la réalité mixte, où un environnement virtuel se surimpose à des éléments réels.
Ainsi, la RV se conçoit déjà aisément comme une suite de familles technologiques immersives supportant une interaction intuitive avec l’homme et plus ou moins en temps réel. Ce n’est pas l’image ou l’aspect 3D qui bâtit la valeur centrale de la RV, mais une façon particulière de projeter, d’afficher et de manipuler des données, mieux, d’informer globalement et de rendre compte pour pouvoir agir. Parce que notre réalité sensorielle est nécessairement bornée, la RV propose de la dépasser par une mobilité, une précision spatiale accrue, une émotion physique ou sociale véhiculée par une atmosphère se dégageant de la scène où l’on se trouve impliqué, une correspondance réaliste avec la physique la plus newtonienne (gravité, fluidités, viscosités, etc.) ou encore un sentiment d’appartenance à un groupe communicant et décidant. Car la RV aboutie délimite bien une nouvelle frontière pour l’homme en ce qu’elle abolit ses frontières linéaires décomposables de l’espace et du temps. À dire vrai, c’est une vraie technologie de rupture qui attend patiemment son heure. Elle dissout le fossé sémantique entre réel et virtuel et l’on sait bien que les innovations de rupture doivent attendre des moments particuliers dans les cycles d’innovation pour prendre place, mais dès lors, d’une manière brutalement irréversible.
Les développeurs de systèmes RV invoquent naturellement la nécessité d’accroître la puissance de leurs systèmes, tant les applications multimédia sont gourmandes de cartes graphiques évoluées et de grandes mémoires. L’utilité de diminuer l’encombrement physique au sol des appareillages peu transportables (CAVE). Les psychologues sont attentifs à l’encombrement cognitif, cette charge mentale qui freine la disponibilité d’un utilisateur pour sa propre tâche. Attendons-nous à de nouvelles prouesses en miniaturisation des dispositifs de RV. Souhaitons accroître l’interopérabilité des systèmes et notamment suite aux problèmes de compatibilité ou d’intégration des sous-systèmes et avec des architectures distribuées.
Mais au-delà des progrès techniques, la technologie de la réalité virtuelle évoque toujours, dans l’esprit du grand public, ou bien des robots tout puissants, des cyborgs froids et menaçants ou bien des méthodes opaques de manipulation de l’information. Déployée à large échelle, la réalité virtuelle inspire des mythes – elle l’a fait dans le passé – ou bien crée une peur. Même pour les pionniers les plus valeureux, il existe des freins psychologiques conduisant à une utilisation modérée ou à son refus.
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2. Pourquoi la réalité virtuelle n’a-t-elle pas encore donné les résultats escomptés ?
Parce que l’envol espéré de la RV (voir figure 1) fut prématurément grossi par les relais d’information dans le monde et surtout aux États-Unis, une relative désaffection s’est ensuivie ces dix dernières années. Les spécialistes de la RV ne purent, à eux seuls, neutraliser ce déficit de confiance, sinon par leur mise en garde contre de nouvelles exagérations applicatives. Nous allons tenter dans ce paragraphe d’expliciter les mécanismes d’un déficit applicatif constaté jusqu’ici pour la réalité virtuelle.
2.1 Il existe une quête pour un changement dans l’expérience de la continuité
Parce qu’elle a paru offrir une voie altérant notre vécu quotidien, l’activité dénommée « réalité virtuelle » a déjà fasciné une génération d’explorateurs. Ces pionniers, parfois chercheurs, parfois simples curieux d’une expérience nouvelle parlent volontiers d’immersion dans un environnement virtuel, d’univers à 3 dimensions et d’interactivité avec cet univers. Qu’ils interagissent avec un monde digital de pure création saturant leurs sens – et en général la vue, parfois l’ouie et même quelquefois l’odorat – leur paraît être la condition sine qua non d’une conscience participant à une expérience. Ce fait est trop nouveau en informatique pour ne pas lui conférer une valeur de changement : hier l’utilisateur s’adaptait avec effort à un ordinateur, bientôt il pourrait étendre son continuum expérientiel en utilisant une prothèse immersive. Mieux : il pourrait agir dans un monde étendu.
Or voilà que malgré d’innombrables essais, recherches et prototypes d’immersions en tous genres pendant plus de vingt années, malgré une activité de recherche qui ne cesse de grandir dans de nombreux pays, la dénommée réalité virtuelle n’a pas enfanté une réalité tangible sur des marchés. Scientifiques et grand public, media et littérature de fiction s’y mêlent encore, recherchant, chacun pour leur propre compte, un chemin d’ordre dans un domaine toujours mouvant. Quels sont les risques pour cette discipline tant séduisante : disparaître par défaut d’usage généralisé parce que son utilisation professionnelle reste confinée...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - FUCHS (P.) - Le traité de la réalité virtuelle - . Les Presses de l’École des Mines de Paris (2006). Le traité comprend 4 forts volumes à ce jour.
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(2) - CHENE (E.), SAMIER (H.) - Miser le processus de décision en ingénierie concourante grâce à la réalité virtuelle et à l’analyse conjointe en PME - . Colloque IPI, Autrans (janv. 2004).
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(3) - CORSI (P.), CRISTOFOL (H.), RICHIR (S.), SAMIER (H.). Eds - Innovation Engineering: the power of intangible networks - . Hermes Sciences Publishing, London, sept. 2006. Dans cet ouvrage, l’auteur co-signe deux articles illustrant des liens entre réalité virtuelle et processus d’innovations, aux niveaux méthodologies de développement et utilisation des émotions.
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