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En anglaisRÉSUMÉ
Issu du droit de l'environnement, le principe de précaution a essaimé dans d'autres secteurs du droit. Cet article définit la notion de principe de précaution, et son évolution dans le droit international, le droit communautaire et les différents droits nationaux. La signification de ce principe et ses impacts ne sont pas toujours clairs, donc cet article tente de le présenter sous différents angles : conceptuel, culturel, politique, économique, juridique, social et, bien sûr, scientifique.
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Sébastien ROUSTEL : Ingénieur du génie rural, des eaux et des forêts
INTRODUCTION
Le principe de précaution peut être considéré comme l’un des développements les plus remarquables du droit au cours de ces dernières années. Né dans le contexte de la protection de l’environnement, il a essaimé vers d’autres secteurs du droit. C’est aujourd’hui le principe du droit de l’environnement le plus médiatisé. Son sens et sa portée n’en sont pas pour autant parfaitement perçus. Ce principe apparaît même souvent malmené et tiraillé entre ses défenseurs et ses opposants.
Le principe de précaution peut être considéré comme l’enfant naturel de l’union incertaine du droit et de la science. Aujourd’hui, le scientifique interpelle le politique et le politique s’appuie sur la science, lorsqu’une décision est à prendre. Or, cette union manifeste la conjonction de deux faiblesses. D’une part, la complexité des découvertes scientifiques et des interventions humaines induites conduit paradoxalement à de lourdes incertitudes sur les effets de ces interventions. D’un autre côté, la politique est affaiblie par l’effondrement des systèmes de valeurs qui en constituent le fondement et par la mondialisation de l’économie. Ainsi, le pouvoir politique tend à se protéger en s’abritant derrière l’avis d’experts, qui eux-mêmes sont en proie à l’incertitude et dont l’impartialité est parfois mise en cause. Ainsi, l’opinion publique, plus ou moins éclairée par les médias, ressent intuitivement que la science et la technologie sont porteuses de dangers potentiels et réclament aux dirigeants politiques de faire preuve de prudence. L’acceptabilité sociale d’une expérimentation ou d’une technologie semble alors devenir le critère essentiel de la décision. Le principe de précaution représente assez clairement la traduction juridique de cette situation. Il illustre ainsi l’une des évolutions majeures du système juridique.
D’abord consacré en droit international et intégré dans plusieurs conventions, il est inscrit depuis les années 1990 dans presque tous les traités d’environnement, mais il a vocation à être appliqué dans tous les domaines touchant à la sécurité des personnes.
Son « succès » ne clarifie pas pour autant la signification qui lui est donnée, ni la portée qui lui est reconnue ou promise. Pour apporter quelques éclairages et tenter de comprendre les actuels développements du principe de précaution, ce document tente d’aborder ce principe sous différents angles : conceptuel, culturel, politique, économique, juridique, social et, bien sûr, scientifique.
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9. Conclusion
Le principe de précaution fait partie intégrante d’une approche structurée de l’analyse du risque. Il est également approprié pour la gestion du risque. Il couvre les cas où les données scientifiques sont insuffisantes, peu concluantes ou incertaines, et où une évaluation scientifique préliminaire montre que l’on peut raisonnablement craindre que des effets potentiellement dangereux pour l’environnement et la santé humaine, animale ou végétale soient incompatibles avec le niveau de protection élevé recherché.
Les dix commandements de la précaution
On peut extraire, des considérations de cet article, un certain nombre de principes susceptibles d’encadrer la réflexion et l’action :
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tout risque doit être défini, évalué et gradué ;
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l’analyse des risques doit comparer les différents scénarii d’action et d’inaction ;
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toute analyse de risque doit comporter une analyse économique qui doit déboucher sur une étude coûts/bénéfices préalable à la prise de décision ;
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les structures d’évaluation des risques doivent être indépendantes mais coordonnées ;
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les décisions doivent, autant que possible, être révisables et les solutions adaptées réversibles et proportionnées ;
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sortir de l’incertitude impose une obligation de recherche ;
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les circuits de décision et les dispositifs sécuritaires doivent être non seulement appropriés mais cohérents et efficaces ;
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les circuits de décisions et les dispositifs sécuritaires doivent être fiables ;
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les évaluations, les décisions et leur suivi, ainsi que les dispositifs qui y contribuent, doivent être transparents, ce qui impose l’étiquetage et la traçabilité ;
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le public doit être informé au mieux et son degré de participation ajusté par le pouvoir politique.
Lorsqu’une action s’avère nécessaire, ces mesures devraient être proportionnées à hauteur de la protection recherchée, ne pas introduire de discrimination dans leur application et être compatibles avec des mesures similaires déjà adaptées. Elles devraient être réexaminées à la lumière des nouvelles données scientifiques...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - GAILING (M.O.), COLLARD-DUTILLEUL (F.) - Rapport et avis sur le principe de précaution et la responsabilité dans le domaine alimentaire - . avis no 30 du Conseil national de l’alimentation (2001).
-
(2) - LEPAGE (C.), GUERY (F.) - La politique de précaution - . PUF, p. 378 (2001).
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(3) - * - Le principe de précaution. Revue juridique de l’environnement, no spécial, p. 147 (2000).
-
(4) - KOURILSKY (P.), VINEY (G.) - Le principe de précaution, rapport au Premier ministre - . Odile Jacob/La Documentation française, p. 405 (2000).
-
(5) - EWALD (F.), GOLLIER (C.), de SADELEER (N.) - Le principe de précaution - . PUF – Que sais-je (2001).
-
(6) - ALLEZARD (G.) - Du principe de précaution au devoir de prévention élargi - . Atlasynthèse,...
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