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Didier HAUCHARD : Docteur en Chimie de l'université Paris 6, spécialité Chimie analytique - Maître de conférences à l'École nationale supérieure de chimie de Rennes (ENSCR)
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La polarographie, ainsi nommée par son inventeur nobélisé J. Heyrovsky, est à l'origine d'un grand nombre de techniques électroanalytiques dont la voltampérométrie. C'est une méthode d'analyse qui consiste à étudier électrochimiquement des composés électroactifs (ou non d'ailleurs) en solution, au moyen d'une électrode indicatrice à goutte de mercure. Elle se différencie de sa descendante, la voltampérométrie, essentiellement par la nature de l'électrode puisque les méthodologies sont bien souvent identiques. Les spécificités propres à l'électrode à goutte de mercure comparées aux électrodes conductrices solides viennent des propriétés particulières de ce métal qui, liquide à température ambiante, permet un renouvellement de la surface active de l'électrode, qui conduit aisément à la formation d'un certain nombre d'amalgames avec les métaux et qui permet des réductions à des potentiels très négatifs (réductions impossibles à réaliser sur électrode de platine ou de carbone vitreux). En oxydation, par contre, l'exploration des potentiels en polarographie est limitée par l'oxydation du mercure, ce qui explique qu'une grande partie des applications a concerné des composés électroréductibles. Cette étendue des potentiels d'exploration est naturellement influencée par le pH, l'électrolyte support ou le solvant, ceux-ci pouvant limiter cette étendue. Un autre avantage important du mercure réside dans le fait qu'à chaque goutte correspond une nouvelle électrode, identique à la précédente du point de vue géométrique, mais ne gardant pas mémoire du phénomène électrochimique ayant affecté les gouttes antécédentes.
Ces différentes remarques suffisent à souligner l'intérêt d'une telle électrode en électroanalyse comme peut en témoigner le travail scientifique concernant la polarographie qui n'a cessé de s'accroître depuis les origines de la méthode.
Le terme « polarographie » sera étendu ici aux techniques utilisant une électrode de mercure comme électrode indicatrice : goutte de mercure tombante ou goutte pendante, mais aussi film mince de mercure (sur électrode solide).
La polarographie regroupe un certain nombre de techniques analytiques couvrant un large domaine de concentrations allant de la polarographie classique, pour la moins sensible (10–3 à 10–5 mol · L–1), aux méthodes de redissolution (adaptées aux traces et ultratraces) en passant par les méthodes impulsionnelles (10–4 à 10–8 mol · L–1). Les appareillages actuels permettent d'appliquer la plupart de ces techniques polarographiques. Elles sont applicables pour de nombreuses substances inorganiques, organiques, organométalliques ou biologiques dans un grand nombre de secteurs industriels et en recherche.
Cette technique octogénaire a connu son apogée au siècle dernier, dans les années 1960 à 1980. Elle a été confrontée depuis à une concurrence importante avec les techniques émergentes de spectrométrie et a dû supporter une image un peu « vieillote » qui l'a chassée du devant de la scène de l'analyse. Depuis une quinzaine d'années, elle a toutefois bénéficié d'un « lifting » grâce à l'informatisation des méthodes, à l'utilisation de stands polarographiques multimodes (permettant ainsi une manipulation confinée du mercure en moins grande quantité) et à l'adjonction de passeurs d'échantillons autorisant les analyses de routine. Il existe même des appareillages portatifs permettant des analyses sur site. La polarographie pourrait jouir d'une seconde jeunesse s'il s'avérait qu'elle ne soit pas délaissée dans les formations des techniciens et des ingénieurs, tant ses avantages sont nombreux notamment en termes de coûts (analyse et appareillage), de simplicité de l'appareillage et de performances analytiques (limites de détection, analyse multiélémentaire).
Cet article se veut être une aide pratique et théorique pour la mise en œuvre et pour le choix des méthodes polarographiques en analyse qui incitera, je l'espère, les analystes, même non spécialistes, à les adopter et à se doter du matériel nécessaire pour leurs besoins d'analyse.
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1. Caractéristiques et présentation générale
1.1 Historique et perspectives : de Heyrovsky à nos jours
C'est en 1922 qu'Heyrovsky, à partir de ses travaux sur la tension superficielle du mercure issu d'un tube capillaire, décrit une nouvelle technique d'analyse appelée polarographie [1]. Nommé professeur à l'université Charles de Prague, il est le père fondateur d'une école tchèque dynamique qui va développer cette technique, et Heyrovsky sera récompensé par le prix Nobel de Chimie en 1959 « pour sa découverte et le développement des méthodes polarographiques d'analyse ». À cette date, les techniques polarographiques étaient devenues indispensables à l'analyste moderne.
Le nom « polarographie » proposé par Heyrovsky fait allusion à l'importance fondamentale des forces électromotrices de polarisation qui se développent à I'électrode. Dans l'analyse du phénomène, elles apparaissent liées à la nature des réactions et à la diffusion des espèces électroactives vers I'électrode. Le problème de la diffusion a été résolu pour la première fois par en 1938 [2] le conduisant à établir une relation de proportionnalité (relation d' ) entre intensité du courant de diffusion enregistré et concentration en solution de la substance réduite ou oxydée. Depuis 1938, plusieurs chercheurs, dont Heyrovsky, proposent des variantes, dont le point commun est l'utilisation d'une tension d'électrolyse variable à une électrode à goutte de mercure tombante, et les courbes courant-potentiel (polarogrammes) qui en résultent sont enregistrées et exploitées à des fins d'analyse qualitative mais surtout quantitative. C'est alors l'apogée de la polarographie classique (qualification retenue pour la méthode initiale développée par Heyrovsky) qui se révèle...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - HEYROVSKY (J.) - Electrolysis with a dropping mercury cathode. Part 1 : Deposition of alkali and alkaline earth metals (Électrolyse avec une cathode à goutte de mercure. Partie 1 : Déposition des métaux alcalins et alcalino-terreux). - Chem. Listy, 16, p. 256 (1922) ; Phil. Mag, 45, p. 303 (1923).
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(2) - ILKOVIC (D.) - Sur la valeur des courants de diffusion observés dans l'électrolyse à l'aide de l'électrode à goutte de mercure. Étude polarographique. - J. Chim. Phys., 35, p. 129 (1938).
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(3) - KOLTHOFF (I.M.), LINGANE (J.J.) - Polarography – Polarographic analysis and voltammetry (Polarographie – Analyse polarographique et voltampérométrie). - Interscience Publishers (1946).
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(4) - KOLTHOFF (I.M.), LINGANE (J.J.) - Polarography (Polarographie). - 2e éd., vol. 2, Interscience Publ (1952).
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(5) - ZUMAN (P.), KOLTHOFF (I.M.) - Progress in polarography (Progrès en polarographie). - Vol. I et II, Wiley Interscience (1962) ; Vol. III (1972).
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Fournisseurs d'appareillages pour l'application des techniques polarographiques
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Avec électrode à gouttes de mercure
Metrohm http://www.metrohm.fr
Radiometer-Analytical (devenu Hach Lange France SAS) http://www.radiometer-analytical.com
Ametek (revendeur du matériel Princeton Applied Research-EG) http://www.ametek.fr
Amel (distribué par Materials Mates) http://www.amelchem.com
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Sans électrode à goutte de mercure
Palm Instruments BV http://www.palmsens.com
DropSens (distribué par Metrohm) http://www.dropsens.com
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Fournisseurs et récupérateurs de mercure http://www.ophram.com
2.1 Constructeurs – Fournisseurs – Distributeurs
Différents fournisseurs proposent des appareillages permettant de mettre en œuvre les méthodes polarographiques d'analyse, soit avec des appareillages dédiés spécifiques...
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