Conclusion et perspectives
Production d’arômes biosourcés - Exemple de la dairy lactone

L’accès aux molécules aromatiques naturelles est un enjeu majeur pour les industries agroalimentaires, cosmétiques, pharmaceutiques ou de produits d’hygiène et d’entretien. Au travers de l’exemple des lactones, et plus particulièrement de la (4S,6Z)-dairy lactone, il paraît clair qu’il existe une multitude de voies de production de ces composés, et que chacune peut être potentiellement optimisée (figure 15).

La voie biotechnologique via une biosynthèse présente l’avantage d’être naturelle et biosourcée de par la nature même de son procédé. Elle permet aussi d’obtenir un seul énantiomère de la (6Z)-dairy lactone. En effet, l’exemple des sucres et des acides aminés illustre parfaitement cette capacité de la nature à être énantiosélective. Cependant, la productivité et le rendement des souches sauvages de micro-organisme sont des verrous pour la production de molécules cibles. Dans le cas de la dairy lactone, ces verrous ont été levés par l’utilisation de deux étapes enzymatiques in vitro pour contourner les étapes limitantes. En faisant cela, les auteurs ont malheureusement perdu l’énantiosélectivité pour obtenir un mélange racémique de la (6Z)-dairy lactone.

Une autre alternative pour accéder à ces molécules est la voie synthétique. Dans ce cas, deux possibilités sont à considérer. Tout d’abord, l’utilisation de produits chimiques pétrosourcés permet d’obtenir l’énantiomère (4S,6Z) pur de la dairy lactone avec des rendements supérieurs à ceux des voies biotechnologiques. Néanmoins, de tels procédés ne devraient être utilisés que lorsqu’aucune alternative n’existe. En effet, dans un contexte où les réserves fossiles planétaires sont de plus en plus limitées, l’utilisation de carbone renouvelable doit être favorisée autant que possible.

Ainsi, c’est dans cet esprit que des méthodes de production de la (4S,6Z)-dairy lactone ont été développées à partir de précurseurs biosourcés. L’utilisation d’acide L-glutamique produit par des micro-organismes est un très bel exemple de voie synthétique biosourcée. L’utilisation de sciure de bois ajoute une plus-value supplémentaire par la promotion de l’économie circulaire (blue economy) où un co-produit d’une industrie devient la matière...