Présentation
En anglaisRÉSUMÉ
Le sol est un écosystème complexe et en interface avec les écosystèmes aquatiques et l’atmosphère. Il héberge un patrimoine biologique riche à même de fournir des services très importants pour nos sociétés. Sa meilleure connaissance scientifique est une étape indispensable vers une gestion plus durable de la production agricole et de l’urbanisation. Cet article décrit la mise en place d’un nouveau processus de recherche-action faisant appel aux approches participatives impliquant les citoyens, afin d’améliorer significativement les connaissances sur la qualité biologique des sols et l’impact des modes d’usage. Ces avancées dues aux interactions chercheurs-citoyens usagers des sols permettent aujourd’hui d’identifier des pistes stratégiques, réalistes et concrètes pour changer notre façon de concevoir l’agriculture et l’urbanisation.
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Soil is a complex and central ecosystem, hosting a huge biological diversity and providing very important ecosystem services. His better understanding should lead to more sustainable management of our agricultural production and our urbanization. This article describes the implementation of a new action research process using participatory approaches, involving citizens, in order to greatly improve knowledge on the biological quality of soils and the impact of land use. These interactions between researchers and citizens allow us today to identify strategic, realistic and concrete ways to enhance the sustainability of agriculture and urbanization.
Auteur(s)
-
Lionel RANJARD : Directeur de recherches INRAE - UMR Agro écologie, Centre INRAE Dijon, France
INTRODUCTION
L'intensification de l'agriculture ainsi que l'urbanisation grandissante observées au cours du siècle dernier ont été accompagnées de nombreuses externalités négatives : pollution, déforestation, imperméabilisation des sols, érosion, perte de biodiversité, émissions de gaz à effet de serre. Les sols ont été particulièrement dégradés par l’agriculture intensive et l’urbanisation, tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif. Ces constats imposent des changements des méthodes de conception, de production et de gestion de ces écosystèmes, notamment en utilisant des solutions basées sur la nature afin de réduire l'empreinte environnementale de l'agriculture et de nos villes.
Depuis 2010, le monde agricole a initié la transition « agroécologique » qui a pour fondement de préserver la biodiversité des écosystèmes agricoles afin de mieux l’utiliser et avec pour objectif principal de réduire significativement la dépendance aux intrants chimiques (pesticides, fertilisation) et à la mécanisation (labour). Dans les écosystèmes urbains, la même volonté est apparue avec le déploiement d’une politique de « retour de la nature en ville ». Cette dynamique passe par une re-végétalisation des villes et des pratiques d’aménagements aptes à préserver les sols et la pleine terre et héberger de la biodiversité à toutes les échelles, de la ville jusqu’au bâti : trames vertes, bleues, brunes et noires, espaces verts conçus et gérés écologiquement, agriculture urbaine, toits et façades végétalisés, etc. (références [GE 1 015] [GE 1 017] [P 4 260]). Dans chacun de ces systèmes, le sol constitue le support des activités humaines (production végétale, matériaux de construction, ressources), et aussi le principal habitat pour une grande quantité et diversité d'organismes vivants (environ 25 % de la biodiversité terrestre) (réf [GE 1 051], Qualité écologique des sols, PA. Maron et L. Ranjard) aptes à rendre des services écosystémiques. Le sol est donc une matrice centrale avec de forts enjeux écologiques liés à sa meilleure connaissance et gestion [GE 1 051]. Grâce aux progrès de la recherche, de nouveaux outils permettent aujourd’hui d’étudier finement la biodiversité des sols, ses fonctions, les services qu’elle peut rendre et l’impact des pratiques agricoles et d’aménagements urbains [GE 1 052] [GE 1 058]. Nous sommes capables d’identifier les bonnes et les mauvaises pratiques, ce qui doit nous permettre de développer des systèmes agricoles et urbains plus vertueux. Toutefois, ces transitions écologiques et leurs réussites dépendent non seulement de notre capacité à capter de nouvelles connaissances, les plus réalistes et les plus représentatives possibles de ce qui est fait ou produit, mais aussi de notre capacité à sensibiliser et à impliquer les citoyens utilisateurs des sols qui vont être les acteurs du déploiement de ces transitions.
Historiquement, la recherche sur la biodiversité des sols agricoles ou urbains s’est focalisée sur l’étude de sites expérimentaux ou sur des réseaux de surveillance. L’information obtenue n’était que partielle et peu représentative de la grande diversité des usages du sol et de leurs impacts. Face à ce constat, les sciences participatives, développant les interactions entre les chercheurs et les citoyens usagers des sols (agriculteurs, aménageurs urbains, jardiniers, gestionnaire de sites…), ont été développées depuis les années 2010. Ceci afin d’améliorer les capacités de la recherche à capter de l’information la plus concrète et la plus exhaustive possible. Ce type d’approche révolutionne profondément les processus de recherche sur les sols, qui ne sont plus réservés aux seuls experts du domaine.
Cet article a pour objectif de décrire les méthodologies de mise en place des approches participatives dans un processus de recherche-action et de donner des exemples de projets qui ont amené une réelle plus-value dans l’amélioration de nos connaissances et de nos modes de gestion de la qualité biologique des sols agricoles et urbains.
KEYWORDS
biodiversity | ecology | agriculture | soil | citizen science | urban ecosystem
DOI (Digital Object Identifier)
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1. Sciences participatives
1.1 Définition
Les sciences participatives, aussi appelées « sciences citoyennes », correspondent à un processus de recherche qui associe experts scientifiques et le grand public. En d’autres termes, c’est un processus de recherche qui relie les citoyens et les chercheurs, chacun amenant un niveau de connaissance ou d’implication utile à l’autre. D’ailleurs, il faut plutôt parler de « projets de recherche avec des approches participatives qui amènent à des projets de recherche-action ».
Dans le contexte de la recherche moderne, les sciences participatives sont apparues dans les années 1980 dans le domaine de la santé et dans les pays anglo-saxons. Le but était d’associer les malades aux développements de nouveaux traitements et d’étudier leur ressenti pour l’amélioration des nouveaux médicaments (bien-être, effets secondaires, efficacité du traitement…). Ce n’est que dans les années 2000 que les sciences participatives sont apparues dans le domaine des sciences environnementales et de la biodiversité .
Les projets classiques de recherche mobilisent principalement des fonds publics et sont basés sur un partenariat entre des experts de différents domaines avec une approche top-down très descendante sur la société et n’impliquent qu’une obligation de moyen. À l’inverse, les projets intégrant des approches participatives impliquent des non-experts avec à la clé une co-création des questions de recherche dans une approche bottom-up. Les fonds sont publics ou privés et contraignent à une obligation de résultats.
Les approches participatives offrent la possibilité d’intégrer une diversité de savoirs, dont ceux des utilisateurs, gestionnaires des sols. Elles offrent également l’avantage d’associer tout au long du processus, les acteurs qui bénéficieront de l’innovation, assurant ainsi une meilleure appropriation et favorisant l’engagement dans une dynamique de changement. L’implication d’autres acteurs que le chercheur aux activités de recherche ou au processus d’innovation constitue un changement culturel pour les instituts de recherche et les instituts techniques. Mais, cette approche est une source précieuse d’innovations...
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Sciences participatives
BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - MARON (P.A.), RANJARD (L.) - Qualité écologique des sols. - Technique de l’ingénieur. [GE 1 051] (2019).
-
(2) - DJEMIEL (C.), TERRAT (S.) - Nouvelles techniques de méta-omiques pour le diagnostic de la qualité microbiologique des sols. - [GE 1 052] (2019).
-
(3) - CORTET (J.), HEDDE (M.) - La faune du sol pour évaluer l'impact des pratiques agricoles et la santé des sols. - Technique de l’ingénieur. [GE 1 058] (2020).
-
(4) - * - http://www.inra.fr/Grand-public/Economie-et-societe/Tous-les-magazines/Sciences-participatives.
-
(5) - * - https://ec.europa.eu/digital-single-market/en/news/european-network-living-labs-enoll-explained.
-
(6) - * - http://www.sciences-participatives.com/Rapport.
- ...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
-
Rôles de l’agriculture urbaine dans les transitions écologiques.
-
Méthodologie d’évaluation des risques sanitaires pour les jardins urbains.
-
Infrastructures bleues et vertes – Outils d’adaptation au changement global en milieu urbain.
-
Nouvelles techniques de méta-omiques pour le diagnostic de la qualité microbiologique des sols.
-
La faune du sol pour évaluer l'impact des pratiques agricoles et la santé des sols.
ANNEXES
1.1 Organismes – Fédérations – Associations (liste non exhaustive)
ADEME :
France nature environnement :
CRAGE :
https://grandest.chambre-agriculture.fr
Observatoire français des sols vivants (OFSV) :
OFB :
Observatoire participatif des vers de terre (OPVT) :
https://ecobiosoil.univ-rennes1.fr/OPVT_accueil.php
Union nationale des CPIE :
Fondation Charles-Léopold Mayer pour le progrès de l'homme :
HAUT DE PAGE1.2 Laboratoires – Bureaux d'études – Écoles – Centres de recherche (liste non exhaustive)
Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) :
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