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Article

1 - AGRICULTURE BIOLOGIQUE : CONCEPTIONS PLURIELLES

2 - POUR UNE RECHERCHE SPÉCIFIQUEMENT DÉDIÉE À L'AB

3 - HYPOTHÈSE : LA DIVERSITÉ COMME FONDEMENT D'UNE AGRICULTURE VIVANTE

4 - NOTRE MÉTIER : LA DIVERSITÉ DES SAVOIRS AU CŒUR DU PROCESSUS DE RECHERCHE

5 - CONCLUSION

6 - GLOSSAIRE – DÉFINITIONS

Article de référence | Réf : AG103 v1

Conclusion
Recherche multi-acteurs et transdisciplinaire pour des systèmes alimentaires bio et locaux

Auteur(s) : Véronique CHABLE, Estelle SERPOLAY

Date de publication : 10 janv. 2016

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RÉSUMÉ

L'agriculture biologique connaît un fort développement mais peu de recherches lui sont dédiées en France. La notion d'agriculture biologique regroupe des conceptions très diverses dans un contexte d'agriculture conventionnelle dominante et d'une politique de « transition agroécologique ». La biodiversité cultivée, réduite par l'intensification de l'agriculture, est la clé de la performance des agrosystèmes « bio » basés sur le respect et la maximisation des processus vitaux. Pour pallier le manque de variétés adaptées et diversifiées, une collaboration avec les paysans « bio » a été initiée. Cet article présente les expériences et les évolutions du métier d'«ingénieur du vivant » élargi aux systèmes alimentaires locaux et leurs acteurs, avec une approche transdisciplinaire et multi-acteurs.

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Auteur(s)

  • Véronique CHABLE : Ingénieur de recherche à l'INRA (Institut national de la recherche agronomique) - Unité de recherche INRA SAD paysage, équipe Biodiversité cultivée et recherche participative INRA-ITAB, Rennes, France

  • Estelle SERPOLAY : Chargée de mission à l'ITAB (Institut technique de l'agriculture biologique) - Unité de recherche INRA SAD paysage, équipe Biodiversité cultivée et recherche participative INRA-ITAB, Rennes, France

INTRODUCTION

Depuis les années 1990, l'agriculture biologique (AB) ne montre que des chiffres en progression que ce soit en termes de surface, du nombre de fermes ou de consommateurs. Dans un contexte environnemental perturbé – réduction de la biodiversité, pollutions et changement climatique – couplé à des questionnements croissants sur la qualité de l'alimentation, l'AB offre une alternative rassurante aux citoyens inquiets pour l'avenir de la planète et de leur santé. Mais qu'est-ce que l'agriculture biologique ? Quels sont ses principes, ses différentes formes ? Répondent-elles aux questions de société actuelles ? Quels moyens sont mis en œuvre pour son développement et sur quelles hypothèses ?

Le succès d'aujourd'hui est le fruit de ceux qui la pratiquent. Les efforts de recherche sont restés modestes depuis sa reconnaissance officielle en 1980 en France. Les questions scientifiques qu'elle soulève sont novatrices, car contrairement à ce que certains prétendent, l'agriculture biologique n'est pas celle qui précède l'agriculture conventionnelle, c'est-à-dire avant son intensification. Il ne s'agit pas de refaire l'agriculture d'avant-guerre mais d'utiliser des bases scientifiques, techniques et conceptuelles de différents horizons, de combiner des savoirs et savoir-faire traditionnels et contemporains, pour inventer de nouvelles pratiques qui soient productives, respectueuses de l'environnement et des hommes. L'agriculture biologique est donc un espace de découvertes et d'innovations immense qui nécessite la mobilisation d'une grande diversité de connaissances dans de nombreux domaines. Mais quel est l'état de la recherche pour l'agriculture biologique ? Existe-t-il une recherche spécifique pour cette agriculture ? Quelles connaissances sont produites, pour qui, pour quoi et pourquoi ?

Notre équipe de recherche est spécifiquement dédiée au développement d'une agriculture biologique et paysanne, dont les principes sont hérités des pionniers du début du XX e siècle. Elle appelle un regard renouvelé sur la vie et implique une approche adaptée. Notre double compétence, l'une thématique attachée au renouvellement de la biodiversité cultivée et l'autre organisationnelle promouvant une recherche participative, nous a amenées, au fil du temps, des projets et des rencontres, à élargir notre conception de la recherche, passant de l'étude de la diversité des plantes cultivées à l'étude des produits « du champ à l'assiette » et intégrant de plus en plus d'acteurs, avec des savoirs et savoir-faire variés et complémentaires, tout au long du processus de recherche. Notre travail est aujourd'hui devenu une recherche multi-acteurs et transdisciplinaire, basée sur l'action pour des systèmes alimentaires biologiques et locaux, et c'est cette expérience d'ingénieurs du vivant que nous proposons de partager ici.

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DOI (Digital Object Identifier)

https://doi.org/10.51257/a-v1-ag103


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5. Conclusion

L'enjeu véritable d'une recherche pour la bio n'est-il pas de faire reconnaître la cohérence de ses hypothèses posées tour à tour dans tous les continents, basée sur la maximisation des processus vitaux dans le respect de la nature et des hommes ? Elle représente une rupture idéologique profonde, il ne s'agit pas de comprendre pour maîtriser, mais de questionner de façon continue les acquis pour apprendre tous les jours un peu plus dans l'accompagnement du processus. Alors, l'homme, qu'il soit chercheur ou paysan, législateur ou boulanger, pénètrera progressivement davantage dans la réalité du monde qui le nourrit plutôt que de s'en extraire pour prétendre à une vérité scientifique neutre dont les limites reculent avec la précision de ses outils. Pourrons-nous découvrir toutes les facettes d'une expression de Howard : « Vivre et laisser vivre » ? Il invite à la coopération, à la complémentarité, à la synergie. Les multiples définitions de l'agriculture biologique et les pratiques associées sont des déclinaisons culturelles du même principe de coopération avec la vie. Elles sont d'autant plus enrichissantes que chacune apporte un éclairage complémentaire à l'autre.

Aujourd'hui, en Europe, au passage entre deux millénaires, des paysans audacieux ont invité les plantes cultivées à co-évoluer de nouveau avec les pratiques agricoles et le terroir. Dans un monde d'instabilité à tous niveaux, le rôle de l'ingénieur est d'accompagner les praticiens inventant l'agriculture paysanne de demain, dans l'observation, la compréhension et la mise en perspective de leurs résultats et de développer un réseau, toujours plus dense, de collecte de données à partager et à mettre en relation entre elles. La démarche de recherche doit couvrir le système alimentaire, stimuler sa diversité, l'aborder du sol au produit pour étudier les interactions des plantes avec leur environnement, de leur produit avec les pratiques culinaires ou de transformation car l'ancrage au terroir est une base indispensable pour la bio.

Cette démarche globale, loin de refuser une démarche disciplinaire, en repousse les limites et les enrichit, en confrontant chacune d'elles aux questions des autres. Le processus itératif de la recherche invite à approfondir et à compléter le panel de disciplines impliquées au fur et à mesure que les questions se posent dans les champs, les fournils ou les assiettes, ou encore dans le bureau du législateur. La construction des connections...

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BIBLIOGRAPHIE

  • (1) - OELHAF (R.C.) -   Organic agriculture, economic and ecological comparisons with conventional methods.  -  John Wiley & Sons, New York (1978).

  • (2) - HOWARD (A.) -   *  -  Testament agricole (1943).

  • (3) - CAPLAT (J.) -   L'agriculture biologique pour nourrir l'humanité. Démonstration.  -  Domaine du Possible, Actes sud (2012).

  • (4) - STASSART (P.M.), JAMAR (D.) -   Agriculture biologique et verrouillage des systèmes de connaissances.  -  Conventionalisation des filières agroalimentaire bio. Innovations Agronomiques, 4, p. 313-328 (2009) http://orgprints.org/15497/1/43-Stassart.pdf

  • (5) -   *  -  Agriculture Course : Preface – Rudolf Steiner, Archive http://wn.rsarchive.org/Lectures/GA327/ English/BDA1958/Ag1958_preface.html# sthash.ytJdbMAi.dpuf (traduction 1958)

  • (6) - HECKMAN (J.) -   *  -  ...

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