Problématique des entreprises industrielles
Les plateformes technologiques : accélérateurs d’innovation dans l’industrie

2.1 Des moyens insuffisants

Développer une innovation de rupture implique, pour une PME ou une ETI, d’être en relation étroite avec des laboratoires de recherche, de déployer durant au moins une décennie une équipe de plusieurs dizaines d’ingénieurs et de techniciens, et de consacrer des investissements en matériels et logiciels techniques importants. La capacité d’investissement technologique, autant sur les plans matériels qu’immatériels, est près de dix fois supérieure à celle réalisée couramment dans le cas d’une innovation incrémentale.

Les PME et ETI ne disposent donc pas de compétences et de capacités d’investissement qui leur permettent d’investir en personnel, matériels et logiciels pour accéder à une technologie de rupture émergente.

Il convient ici d’insister sur l’aspect des investissements. En effet l’industrie est un secteur économique à forte intensité capitalistique, qui a besoin de financements importants, notamment en matériels, alors que d’autres secteurs tels que ceux des TIC n’ont besoin que de « cerveaux », la part des investissements matériels dans leurs activités d’innovation étant très réduite (un ordinateur…)

Pour se lancer dans une telle aventure à haut risque, la seule possibilité offerte est de procéder à des levées de fonds successives qui peuvent financer le projet. Les start-up industrielles, dont certaines se situent dans la perspective de lancement d’une innovation de rupture sont les rares entreprises qui entreprennent une telle démarche.

De leur côté, les grandes entreprises ont longtemps investi dans un laboratoire central de R&D interne auquel on demande de développer de nouvelles technologies et de les appliquer aux produits ou aux procédés de l’entreprise. Une façon de faire qui garantit de détenir la propriété intellectuelle afin que d’autres ne puissent exploiter ces idées ou inventions à leur profit.

Cette vision consiste à faire émerger des idées à partir d’une réflexion interne, à décider de lancer des projets au sein du laboratoire central de R&D, de sélectionner parmi les résultats acquis les technologies qui vont conduire à des inventions, puis développer des innovations qui apporteront des profits à l’entreprise grâce au lancement de nouveaux produits ou procédés. Mais il a fallu cependant se rendre à l’évidence...