Présentation
En anglaisRÉSUMÉ
Cet article traite des conséquences économiques du changement climatique qui servent de base à la conférence sur le climat de Paris (COP 21). Après un rappel du cadre, de l'historique et des enjeux du processus international de décisions sur le climat, les coûts de son changement sont exposés. Il s'agit à la fois des coûts des impacts et des coûts des politiques d'adaptation. Les coûts et les bénéfices des politiques d'atténuation sont ensuite analysés, et des recommandations en faveur d'une décarbonisation de l'économie sont proposées.
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This paper discusses the economic consequences of climate change, one of the considerations underpinning negotiations at the Paris Climate Conference (COP 21). After briefly retracing the framework, history and key issues of the international climate discussions, an overview is given of the costs associated with climate change. These are (i) the costs of the environmental impacts of climate change, and (ii) the costs of adaptation measures. The benefits and costs associated with mitigation policies are analysed, and recommendations for decarboning the economy are suggested.
Auteur(s)
-
Sylvie FAUCHEUX : Professeur en sciences économiques, CNAM-LIRSA, Paris, France
INTRODUCTION
A la suite de la première conférence mondiale sur l'environnement et le développement en 1992 à Rio, la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CNUCC) a été soumise à l'ensemble des pays de la planète. Ratifiée par 196 d'entre eux, elle constitue le principal référent institutionnel à l'échelle mondiale sur lequel sont élaborées les politiques et mesures en faveur du climat. Le suivi du respect des engagements au titre de la convention, l'organisation des politiques scientifiques, institutionnelles, financières ainsi que la construction du processus décisionnel sont conçus au sein de la conférence des parties (COP). La COP rassemble la totalité des pays signataires appelés « les parties » à la convention. Elle se réunit chaque année afin de prendre des décisions, à l'unanimité ou par consensus, pour respecter les objectifs de lutte contre le changement climatique (CC) et se tient sur la base d'une rotation géographique dans un des pays des cinq groupes régionaux de l'Organisation des Nations unies : Asie-Pacifique, Europe de l'Est, Europe de l'Ouest, Amérique latine-Caraïbes et Afrique.
La COP sollicite l'expertise scientifique du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évaluation du climat (GIEC et IPCC en anglais) instauré en 1988 par les Nations unies et l'Organisation météorologique mondiale. Les rapports récurrents du GIEC ont rythmé les étapes des politiques climatiques. Le premier, publié en 1990, a pesé sur l'adoption de la convention cadre des Nations unies en 1992. Le deuxième, paru en 1996, a conduit au protocole de Kyoto, signé en 1997. En 2000, le troisième a proposé la notion d'adaptation qui a été au cœur des négociations ultérieures. Le quatrième, datant de 2007, a introduit la limitation à 2 °C de la hausse de température à ne pas franchir, ce qui a été discuté à Copenhague en 2009, puis à Cancún en 2010. Il est permis de penser que le cinquième rapport de 2014 (produit par plus de 800 scientifiques) permettra d'aboutir à des décisions ambitieuses, scellées au sein de ce que d'aucuns qualifient déjà d'« accord de Paris ».
Le protocole de Kyoto a défini pour la première fois des engagements chiffrés de réduction des émissions. 188 pays signataires de la convention cadre des Nations unies l'ont signé. Beaucoup moins l'ont ratifié, à commencer par les États unis qui sont sortis du dispositif de Kyoto lors de la COP 6 à Bonn, en 2001. Il est néanmoins entré en vigueur le 16 février 2005. Le succès d'un tel système requiert une coordination de l'action collective internationale, non seulement pour contrôler les engagements pris, comme le protocole l'impose depuis 2008, mais également pour la négociation sur l'après 2012, date à laquelle il devait expirer à la faveur d'un nouvel accord dont l'entrée en vigueur était prévue pour 2020. Or, les COP successives ne sont pas parvenues à trouver un nouveau protocole, notamment lors de la conférence de Copenhague en 2009 sur laquelle beaucoup d'espoirs étaient fondés.
Si la première période d'engagement du protocole de Kyoto, qui s'est achevée en 2012, a bien connu une baisse des rejets de certains pays développés, elle a vu aussi l'explosion de ceux issus des pays émergents, la Chine en tête.
Or, le dernier rapport du GIEC (sorti en 2014) affirme, avec une certitude (de 95 %) plus grande que les évaluations précédentes, que les facteurs anthropiques (déforestations, rejets de méthane, et surtout émissions de CO2 liées à l'usage des combustibles fossiles) sont la cause prédominante du réchauffement observé depuis le milieu du XIX e siècle. L'influence de l'homme sur le système climatique est donc indéniable avec des conséquences observées sur tous les continents et, si on ne le maîtrise pas, des incidences graves, généralisées et irréversibles pour les sociétés humaines et les écosystèmes.
Les défis sont donc sans précédent pour cette COP 21. Elle doit parvenir à un accord international permettant de contenir le réchauffement global en deçà de 2 °C et s'appliquant, cette fois, à tous les pays. En d'autres termes, il est indispensable de trouver le mode d'insertion des pays en développement (PED), dont la Chine, qui ne sont pas contraints aujourd'hui dans le protocole de Kyoto et de faire revenir les États-Unis dans le dispositif multilatéral (sachant que ces deux pays pèsent pour plus de 42 % dans les émissions mondiales de CO2).
De nombreux obstacles demeurent et ont tous pour origine des questions économiques. Cet article traite des conséquences économiques du CC. Dans une première section sont discutés les coûts des impacts du CC et les coûts d'adaptation. La seconde section aborde les coûts des politiques d'atténuation, de leurs financements et des opportunités de relance économique qu'elles offrent.
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1. Coûts économiques du changement climatique
1.1 Impacts globaux du changement climatique
Dans le cadre de la COP 21, la communauté internationale s'est fixée comme objectif d'agir pour limiter le réchauffement planétaire à + 2°C par rapport à l'ère industrielle ; faute de quoi, ce sont + 4 à + 5 °C d'ici à l'an 2100 auxquels il faudra s'attendre avec des dommages irréversibles.
« Le réchauffement du système climatique est sans équivoque et, depuis les années 1950, beaucoup de changements observés sont sans précédent depuis des décennies, voire des millénaires. L'atmosphère et l'océan se sont réchauffés, la couverture de neige et de glace a diminué, le niveau des mers s'est élevé et les concentrations de gaz à effet de serre ont augmenté » .
Les plus pauvres en seront les principales victimes . L'augmentation de la température moyenne (à titre d'exemple 1 °C pour la France d'ici à 2050) ne sera pas l'effet le plus prégnant. Sans prétendre à l'exhaustivité, quelques impacts majeurs sont soulignés dans ce qui suit (figure 1).
HAUT DE PAGE1.1.1 Sur les systèmes climatiquesw
Selon les analyses publiées en 2014 et 2015 par l'Organisation météorologique mondiale ...
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BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - GIEC - 5e rapport du GIEC, en plusieurs parties 2013-2014. - Rapport de l'IPCC, Intergovernmental Panel on Climate Change (2014) https://www.ipcc.ch/home_languages_main_french.shtml
-
(2) - FAUCHEUX (S.), JOUMNI (H.) - Économie et politique des changements climatiques. - Repères-La découverte (2005).
-
(3) - Organisation météorologique mondiale (WMO/OMM) - WWRP polar prediction project implementation plan for the year of polar prediction (YOPP). - WWRP/PPP – n° 3 (2014) http://www.wmo.int/pages/index_fr.html
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(4) - LE TREUT (H.) - Nouveau climat sur la Terre : comprendre, prédire, réagir. - Nouvelle Bibliothèque Scientifique, Flammarion, Paris (2009).
-
(5) - MEDDE - Le climat de la France au XXIe siècle. Changement climatique et niveau de la mer : de la planète aux côtes françaises. - Rapport collectif sous la direction de JOUZEL (J.), vol. 5 (2015).
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