Présentation
En anglaisRÉSUMÉ
L'activité humaine et animale à la surface de la terre génère une quantité de polluants naturels et chimiques. L'utilisation des pesticides peut entrainer une dégradation des eaux souterraines. Le sol, filtre imparfait entre la surface et la nappe, gère la migration des produits phytosanitaires vers les eaux souterraines. Cet article s'intéresse aux mécanismes de transfert des pesticides ainsi qu'à ses différents facteurs : caractéristiques des sols, réactions chimiques des molécules avec l'eau et le milieu, activité microbienne. Une bonne connaissance des mécanismes de transfert est fondamentale pour aider les décideurs à préserver de façon durable la ressource d'eau souterraine et à prendre les décisions qui s'imposent.
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Lire l’articleAuteur(s)
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Stéphanie SAYEN : Maître de conférences - Chercheur au sein du groupe chimie de coordination de l'Institut de chimie moléculaire de Reims (ICMR, UMR CNRS 6229)
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Emmanuel GUILLON : Professeur des Universités - Responsable du groupe chimie de coordination de l'Institut de chimie moléculaire de Reims (ICMR, UMR CNRS 6229)
INTRODUCTION
La qualité de l'eau qui migre vers les aquifères dépend de l'aptitude du sol et du sous-sol qu'elle traverse à éliminer les matières polluantes qu'elle contient. Les mécanismes qui permettent de transformer une eau de surface ou souterraine plus ou moins chargée en matières dissoutes ou en suspension, minérales ou organiques, en une eau potable constituent les propriétés épuratrices du sol.
La qualité des eaux de surface et surtout souterraines en France est telle qu'elles constituent une ressource privilégiée pour l'alimentation en eau de la population. Là où elles existent, les nappes sont souvent accessibles, abondantes et fournissent une eau n'exigeant que peu de traitement pour être distribuée aux consommateurs. Cette qualité naturelle est largement due au sol qui joue le rôle de filtre.
Pourtant, au sol, la vie animale et surtout l'activité humaine génèrent des quantités de polluants, naturels (excréments) ou chimiques, occasionnels (accidents) ou diffus (origine agricole). Ce filtre est-il suffisant pour assurer la dépollution de l'eau issue des activités de surface ? La connaissance des transferts éventuels des polluants du sol vers les eaux souterraines est évidemment fondamentale pour assurer la protection durable de la ressource en eau. La dégradation des eaux souterraines et l'amélioration des connaissances sur les mécanismes de transfert conduisent, malgré tout, à avoir une vision plus réaliste. Le sol, entre la surface et la nappe, est un « filtre vivant » imparfait. Ainsi, la migration des pesticides vers les eaux souterraines est aujourd'hui une évidence et le concept de sol filtrant toutes les molécules entre la surface et la nappe est remis en cause.
Les modalités et temps de transfert des polluants sont très variables selon les types de polluants, selon les sols. Ils dépendent des caractéristiques des sols et de leur humidité, des réactions chimiques des molécules avec l'eau et le milieu, de l'activité microbienne. Ainsi, une nappe peut être protégée pour un type de pollution et pas contre une autre. Par exemple, la nappe des sables de Fontainebleau est bien protégée des pollutions microbiologiques grâce au pouvoir filtrant des sables, mais ceux-ci restent inefficaces face aux pollutions chimiques solubles dans l'eau.
Cette variabilité des mécanismes de transfert constitue une difficulté pour la bonne connaissance des processus de filtration et nécessite une approche pluridisciplinaire (pédologie, chimie, microbiologie...).
Une bonne connaissance des mécanismes de transfert est fondamentale pour aider les décideurs à préserver de façon durable la ressource d'eau souterraine et à effectuer les arbitrages qui s'imposent : étendue des périmètres de protection, nature des changements éventuels dans les pratiques agricoles à mettre en œuvre, éventuellement sélection de sites à geler pour la protection des nappes... Les choix sont ouverts, mais partent du constat simple et amer : il est clair que le passage lent dans le sol constitue une filtration naturelle mais souvent insuffisante pour éliminer les éventuelles pollutions de surface.
Les polluants présentés dans cet article sont les pesticides. Après application au sol, ces composés peuvent subir divers processus : adsorption/désorption, volatilisation et dégradation. Ils peuvent parvenir aux eaux souterraines par infiltration au travers des sols et eaux superficielles par ruissellement.
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1. Produits phytosanitaires
Avec environ 78 300 tonnes de substances utilisées en France en 2005, la France est le 1er consommateur européen de produits phytosanitaires et le 3e consommateur mondial derrière les États-Unis et le Japon. En rapportant la quantité utilisée au nombre d'hectares cultivés (hors prairies permanentes), la France occupe le 3e rang européen des utilisateurs avec 5,4 kg/ha/an. Sur ces 78 300 tonnes, 90 à 94 % sont destinées à l'agriculture, 3 à 5 % aux jardins amateurs et 3 à 5 % aux collectivités, DDE et SNCF. Les pesticides utilisés par les collectivités sont à près de 90 % des désherbants. Si l'évolution des quantités utilisées montre une nette diminution depuis quelques années, cette évolution est à relativiser et ne reflète pas forcément une baisse en proportion de « la charge toxique », compte tenu notamment :
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de la forte diminution des usages de soufre et de cuivre qui a beaucoup pesé sur la balance ;
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de la substitution de substances actives à fort dosage hectare par des substances actives à faible dosage hectare.
L'usage de ces molécules suscite de nombreuses interrogations d'un point de vue environnemental en raison de la présence de résidus dans les eaux et les sols, ainsi que dans les plantes alimentaires. C'est pourquoi de nombreuses études portent sur le devenir de ces molécules dans les différents compartiments environnementaux et s'attachent à essayer de proposer des modèles pour prédire leur transfert dans l'environnement et le risque d'atteindre le consommateur.
1.1 Définition, utilisation et composition
Le terme pesticides désigne toutes les substances naturelles ou de synthèse capables de contrôler, d'attirer, de repousser, de détruire ou de s'opposer au développement des organismes vivants considérés comme indésirables pour l'agriculture, l'hygiène publique, la santé publique, la santé vétérinaire ou les surfaces non agricoles.
Les pesticides, appelés également produits phytosanitaires, sont utilisés dans divers secteurs d'activités. À des fins agricoles, ils sont majoritairement employés pour la protection des cultures afin d'augmenter les rendements, et sont également présents dans l'élevage pour lutter contre les insectes et les bactéries. Le recours à leur utilisation se fait également à...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - CALVET (R.) - Les pesticides dans le sol – Conséquences agronomiques et environnementales. - Édition France Agricole (2005).
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(2) - Index phytosanitaire. - Acta (2008).
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(3) - Organic pollutants in the water cycle : properties, occurrence, analysis and environmental relevance of polar compounds. - WILEY-VCH (2006).
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(4) - ROBERT (M.) - Le sol : interface dans l'environnement, ressource pour le développement. - Masson (1996).
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(5) - DUCHAUFOUR (P.) - Abrégés de pédologie. - Masson (1998).
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(6) - SIGG (L.), BEHRA (P.), STUMM (W.) - Chimie des milieux aquatiques – Chimie des eaux naturelles et des interfaces dans l'environnement. - 3e édition, Dunod (2000).
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