Présentation
En anglaisRÉSUMÉ
L’objet de cet article est de détailler les éléments clés permettant de structurer un processus de lutte contre la fraude dans les organisations. En s’attachant à définir les contours de la notion de fraude, et à l’aide d’exemples précis, les étapes clés d’un processus de lutte antifraude ainsi que les prérequis et écueils à éviter d’une telle démarche sont également précisés.
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Lire l’articleABSTRACT
The aim of this paper is to precise the key components of a fraud risk management process within organizations. By the definition of fraud concept, with sectorial case studies, the main steps of the anti-fraud process are described. We also give our feedback of the mistakes and human error made in this kind of approaches.
Auteur(s)
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Nicolas DUFOUR : Docteur en sciences de gestion, Risk Manager, secteur assurance - Professeur des universités associé, CNAM LIRSA, Paris, France
INTRODUCTION
La gestion de la fraude dans les organisations, qu’elles soient publiques ou privées, constitue un enjeu prenant une véritable ampleur depuis une dizaine d’années. La prise de conscience de la gouvernance des entreprises que ce risque opérationnel peut constituer une véritable source de coûts mettant en danger la préservation de la marge des entreprises amène peu à peu à une réponse organisée se traduisant par un processus structuré de lutte contre la fraude. Ce processus suppose préalablement d’avoir défini une stratégie de lutte contre la fraude. Sa structuration implique quant à elle d’éviter certains écueils et de bien définir les rôles et les responsabilités, ce à l’appui des compétences et des ressources suffisantes, ce qui en soi constitue une difficulté récurrente dans bon nombre de secteurs d’activités face au risque de fraude parfois difficilement quantifiable, voire mesurable.
Certains secteurs tels que la banque, l’assurance, les mutuelles, ont structuré peu à peu leurs réponses aux risques de fraudes, expression volontairement plurielle car la fraude est protéiforme et évolutive. Les fraudeurs s’adaptent et les schémas de fraudes soit se complexifient, soit de démultiplient. Il est encore intéressant de noter que le risque de fraude connaît quelques récurrences dans le temps et que certains schémas de fraudes désormais bien connus continuent d’opérer (la fraude monétique, la fraude par hameçonnage ou « phishing », la fraude aux faux ordres de virements internationaux dite « fraude à la gouvernance » par exemple).
De nombreuses affaires médiatiques récentes illustrent la nécessité de ne pas relâcher les efforts en matière de lutte contre la fraude. Les différents baromètres du Risk Manager situent la fraude dans les premières préoccupations des Risk Managers, bien avant les risques de gouvernance ou en bonne position au même titre que d’autres risques tels que les risques stratégiques et financiers. D’autres études et rapports insistent sur le fait que la fraude est un enjeu majeur, bien souvent sous-estimé, et pour lequel une attention continue reste nécessaire, les schémas de fraude évoluant et les fraudeurs se professionnalisant.
Par conséquent, l’objet de cet article est d’envisager comment structurer une réponse organisationnelle face aux risques de fraude. Nous définissons la fraude comme un risque opérationnel (inhérent à une activité donnée) se traduisant par une tentative d’enrichissement illégale, indue, par une personne (physique ou morale) externe à l’organisation ou interne à celle-ci ; il est alors question de fraude interne, et ce au détriment de l’organisation victime de ladite fraude.
Le processus de lutte contre la fraude est quant à lui défini comme l’ensemble des étapes et sous-étapes d’une activité coordonnée et pilotée par l’organisation (le plus souvent la direction des risques ou le département en charge des contrôles dans l’organisation). Ce processus se définit comme un enchaînement d’activités (détection de cas de fraude, investigations, constitution de preuves, analyse des risques encourus, traitement des cas avérés par le biais de mesures de recouvrement des sommes fraudées, action en justice, sécurisation de l’organisation etc.). Ces étapes seront décrites ultérieurement.
Sans prétendre à l’exhaustivité, cet article insiste sur le caractère complémentaire des stratégies évoquées ainsi que sur l’intérêt de décliner ces dernières en pratique via des processus dédiés tout en les intégrant dans un dispositif plus large de gestion des risques.
Ces éléments amènent différentes problématiques que les développements ci-après aborderont : quelles stratégies face à la fraude ? S’agit-il nécessairement d’un risque subi ? Peut-on mettre en place des moyens de maîtrise efficaces et une organisation suffisamment précise et claire ? La confidentialité d’un tel sujet permet-elle une communication dédiée ?
De telles problématiques sont d’autant plus essentielles qu'elles restent d’actualité et sont récurrentes dans l’histoire des fraudes dans l’organisation, qu’il s’agisse de fraudes comptables, de fraudes aux faux ordres de virements, de fraudes de type abus de marché, etc.
KEYWORDS
process | risk management | external fraud | internal fraud | internal control
DOI (Digital Object Identifier)
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8. Conclusion
La gestion de la fraude constitue un processus à part entière dans une organisation soucieuse de mettre en œuvre un dispositif de maîtrise des risques robuste. Elle est un sous-processus dans l’activité de gestion globale des risques de l’entreprise. Comme cela a pu être évoqué dans cet article, la fraude constitue un risque opérationnel récurrent dans les organisations, quel que soit le secteur d’activité ou l’organisation/l’entreprise concernée. Le retour d’expérience du Risk Manager conclu qu’aucune organisation n’est à l’abri de ce risque ; son exposition diffère bien sûr selon le secteur. Comme cela a été évoqué, certains secteurs sont plus sujets aux risques potentiels de fraude interne (une sous-catégorie de risque restant en temps normal peu fréquent), quand d’autres secteurs font l’objet de nombreuses tentatives de fraudes externes. Avoir un dispositif tenant compte de ces risques constitue désormais un vrai enjeu incontournable : dans les secteurs réglementés comme la banque ou l’assurance, ne pas gérer ces risques peut constituer en soi une non-conformité envisagée en tant que défaillance de contrôle interne. Dans d’autres secteurs (les transports, par exemple), l’enjeu économique devient tel que le manque à gagner des fraudes et les recouvrements associés constituent des objectifs à part entière. Le dispositif suppose enfin une véritable stratégie de lutte antifraude et une impulsion de la gouvernance de l’organisation afin que ce risque opérationnel ne soit pas sous-estimé, voire considéré comme un risque subi. L’avenir de la gestion des risques se veut certainement tourné vers une plus grande prise en compte de ce risque, et une réponse de plus en plus organisée face à un phénomène évolutif.
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BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - AMRAE - * - . – Baromètre du Risk Manager (2015).
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(2) - AMRAE - * - . – Baromètre du Risk Manager (2017).
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(3) - DUFOUR (N.), BELMA (O.) - La diversité des stratégies de lutte antifraude. - Face au risque, n° 524, p. 30-32 (2016).
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(4) - DUFOUR (N.), BENISTI (M.) - La gestion de la fraude dans le secteur du e-commerce,. - Revue Préventique, n° 157, p. 80-81 (2018).
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(5) - DUFOUR (N.), CATEAUX (B.) - Comment la fonction gestion des risques traite-t-elle les fuites de données ? - Face au risque, n° 539, p. 17-19 (2018).
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(6) - DUFOUR (N.), CATEAUX (B.) - Fraudes internes, les mesures à mettre en place face aux fuites de données. - Face...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
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Prévenir, détecter et traiter les fraudes.
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Organisation du management du risque et traitement des risques.
Site de la Direction nationale de la lutte contre la fraude (DNLF) :
https://www.economie.gouv.fr/dnlf
Site relatif aux escroqueries, site de la Brigade de repression de la délinquance astucieuse (BRDA) :
Voir le documentaire Envoyé Spécial : Envoyé spécial – « Dentexia le scandale des sans dents » – 27 avril 2017.
http://ecommercenews.eu/zalando-defrauded-of-18-5-million-euros/
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