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Jean-François COSTE : Expert chaudronnerie - Division production nucléaire, Unité d’ingénierie d’exploitation, Groupe maintenance appui au parc, Branche réacteur échangeurs poste d’eau - Électricité de France, Saint-Denis, France
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Lire l’articleINTRODUCTION
Dans les installations de production d’électricité utilisant un cycle eau-vapeur, le condenseur constitue la source froide du cycle thermodynamique. Après avoir travaillé dans la turbine, la vapeur est condensée par échange thermique au contact d’un faisceau de tubes à l’intérieur desquels circule l’eau de refroidissement [B 1 540]. L’eau de refroidissement est prise en rivière ou en mer (circuit ouvert) ou est elle-même refroidie par l’air atmosphérique dans un aéroréfrigérant avant d’être réutilisée (circuit fermé).
La chimie du circuit secondaire contribue à la maîtrise de l’ensemble des phénomènes de corrosion et de leurs conséquences (en particulier leur impact sur la propreté des générateurs de vapeur).
Le condenseur doit donc limiter les risques de pollution par l’eau condensée, que ce soit par introduction d’eau du circuit de refroidissement ou par entrée d’air entraînant une dissolution de l’oxygène dans l’eau condensée. Ainsi l’intégrité du faisceau tubulaire du condenseur joue un rôle prépondérant dans le conditionnement chimique du circuit secondaire.
En fonctionnement, la surveillance en continu des paramètres chimiques du circuit secondaire permet de détecter l’entrée de polluants et participe à l’identification de leur origine. Cette surveillance a pour objectif de détecter au plus tôt une dérive de ces paramètres pour enclencher une recherche de l’origine de la pollution.
Lorsque cette pollution a pour origine une fuite au niveau d’un tube du faisceau, cette recherche nécessite dans un premier temps d’identifier le module du condenseur dans lequel le tube percé est situé. Différentes méthodes peuvent être mises en œuvre : méthode de scrutation par sodium-mètre, méthode de concentration sur résines ou test global d’étanchéité par hélium.
Une fois que le module incriminé est identifié, il est isolé, selon la configuration du condenseur, soit par arrêt de la pompe de circulation l’alimentant en eau de refroidissement ou soit par fermeture des vannes d’isolement situées en amont et en aval du module. Dans le premier cas, il est nécessaire de baisser la charge de l’unité entre 50 et 60 % de sa charge nominale afin de limiter le risque de vibration des tubes (sauf si ce risque vibratoire est pris en compte). Dans le second cas, ce mode de fonctionnement (avec un module isolé) provoque une perte de rendement de l’ordre de un pourcent de la puissance produite.
Le module ainsi isolé est vidangé et ouvert. Les tubes sont nettoyés et séchés afin de mettre en œuvre une ou plusieurs des méthodes de recherche de fuite. Parmi ces méthodes, celles nécessitant le vide au condenseur (et donc un maintien de la tranche en fonctionnement) sont distinguées de celles mises en œuvre lorsque l’installation est en arrêt pour maintenance :
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installation en fonctionnement : test d’étanchéité par hélium, test au savon ou à la mousse, test à la bougie ou à la fumée, bouchons déformables ;
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installation en arrêt pour maintenance : test au poids d’eau, test par mise en pression ou mise sous vide des tubes.
Lorsque la fuite a été identifiée au moyen de l’une de ces méthodes, le tube percé est bouché. Le tube doit avoir été au préalable nettoyé et séché.
Les dégradations des tubes peuvent avoir différentes origines. Sont distinguées celles liées à la nuance du tube et à son environnement de celles provoquées par une intervention de maintenance à l’intérieur de la boite à eau ou du corps du condenseur :
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perte d’épaisseur de la paroi interne du tube en laiton par abrasion régulière provoquée par le passage de l’eau de refroidissement, fissuration du tube par hydruration du titane causée par un mauvais réglage de la protection cathodique de la plaque tubulaire en alliage cupro-aluminium, perte d’épaisseur de la paroi externe par érosion causée par la vapeur issue des corps basse pression de la turbine, fissuration par fatigue vibratoire, etc. ;
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endommagement des tubes lors des interventions de nettoyage par jet d’eau à haute pression, erreur de bouchage, mauvaise tenue du bouchon, etc. ;
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chute d’objet sur les tubes du faisceau lors des interventions de maintenance sur la turbine.
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2. Traitement d’une fuite au niveau d’un tube
2.1 Gestion de la fuite par l’exploitant
Après avoir détecté une augmentation de la valeur de la teneur en sodium et/ou de celle de la conductivité cationique, l’exploitant va planifier une recherche de fuite afin d’identifier le tube percé et de procéder à son bouchage. Cette planification tient compte de la conduite à tenir (cette conduite est fonction de l’importance de la pollution), des contraintes d’exploitation de l’unité (par exemple la gestion du combustible, la gestion des effluents, l'aptitude de la tranche au suivi de charge, etc.) et de la disponibilité et de la mobilisation des ressources nécessaires à la recherche de la fuite.
Dans l’attente de la réalisation de cette recherche, et dès lors que celle-ci est planifiée, des mesures peuvent être mises en œuvre dans certaines situations afin d’essayer de stabiliser ou de réduire le débit de fuite.
Le système de nettoyage en continu des tubes (par injection de boules nettoyantes) associé au module incriminé peut être arrêté. Cet arrêt va favoriser la formation d’un dépôt (tartre, salissure, boue, selon la qualité de l’eau de refroidissement) à l’intérieur des tubes et donc diminuer le débit de fuite. Cependant, la propreté des tubes va se dégrader et provoquer une perte de rendement de l’installation : un nettoyage des tubes devra probablement être effectué à l’arrêt suivant. Enfin, cet état de propreté dégradé des tubes peut amener des difficultés lors de la recherche de fuite.
Dans certains cas rares, le site est autorisé à injecter de la sciure dans l’eau de refroidissement. La sciure va colmater la fuite et donc diminuer son débit. Cependant, l’efficacité de cette méthode sur le colmatage des fuites est très aléatoire d’un site à l’autre et n’est pas garantie.
Le basculement des pompes de circulation permet de stopper la fuite et d’identifier ou de confirmer quelle est la file de circulation où est localisée le module incriminé. Cette méthode permet également la poursuite de l’exploitation à puissance réduite dans l’attente d’une recherche de fuite et du bouchage du tube incriminé.
Les deux premières pratiques ne constituent pas des actions correctives pour traiter la fuite. Par ailleurs, elles peuvent entraîner des difficultés d’exploitation (dégradation du rendement de l’installation, difficulté de localisation...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - Evaluation of techniques for detecting small condenser tube leaks. - Rapport EPRI n° 3002002306 (2014).
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(2) - COSTE (J.-F.), RENAUD (F.), BRUYÈRE (B.), CHABRIER (A.), MAZENC (A.), THAURY (C.) (EDF) - Main condenser tube dégradations. - Fontevraud 10 International Symposium Contribution of Materials Investigations and Operating Expérience of LWRs’ Safety, Performance and Reliability, Avignon, France (2022).
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(3) - MAZENC (A.), RENAUD (F.), TICQUET (G.), FLECK (P.), THAURY (C.), COSTE (J.-F.) (EDF) - Study of damage on titanium tubes of Gravelines 3 main condenser. - Fontevraud 10 International Symposium Contribution of Materials Investigations and Operating Expérience of LWRs’ Safety, Performance and Reliability, Avignon, France (2022).
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