Présentation
En anglaisRÉSUMÉ
L’urbanisme souterrain est méconnu du grand public, il satisfait pourtant les fonctions urbaines majeures autant que l’urbanisme général. Le sous-sol doit être mis à profit pour un urbanisme durable. Cet article s’intéresse à ce panorama historique et géographique des réalisations de l’urbanisme souterrain. Dans un premier temps, et notamment dans un souci d’ouverture sur l’innovation technique, les ouvrages datant de l’Antiquité sont étudiés ; de Londres à Paris, de nombreux exemples sont ensuite utilisés ; enfin le cas de l’Extrême-Orient est également abordé. Pour terminer, les applications stratégiques et de sécurité, et enfin les projets à venir terminent cet article.
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Although just like general urbanism, underground urbanism, little known by the general public, fulfills major urban functions. The underground must be used in order to ensure sustainable urbanism. This article deals with an historical and geographical overview of the achievements of underground urbanism. Works from Antiquity are firstly studied in order to highlight technical innovation; from London to Paris, several examples are then provided and the case of the Far-East is also presented. Strategic and safety applications as well as projects for the future conclude this article.
Auteur(s)
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Pierre DUFFAUT : Président d’honneur, Espace souterrain (Association française des tunnels et de l’espace souterrain)
INTRODUCTION
L’urbanisme souterrain ne se conçoit pas en dehors de l’urbanisme « général ». Il est seulement, depuis sa définition par Édouard Utudjian, au début des années 1930, une part méconnue de l’urbanisme. Si, pour le grand public, l’urbanisme a d’abord une dimension esthétique, porteuse de majesté et de puissance, cette dimension disparaît dès lors que les ouvrages sont invisibles. Mais l’urbanisme comprend surtout la satisfaction des fonctions urbaines majeures (desserte, mobilité, hygiène, convivialité). Hier la sécurité a justifié les fortifications, les tours de guet, les portes gardées. La première mission de la ville d’aujourd’hui est toujours de satisfaire les demandes de ses habitants, ensuite seulement celles des visiteurs. Entre l’architecture et l’urbanisme, il n’y a pas de frontière nette, c’est plutôt une question d’échelle, du bâtiment à la ville, en passant par la rue, l’îlot et le quartier.
Plus généralement, le sous-sol apparaît comme la « face cachée » du territoire, un volume en vérité. Si la plupart des auteurs s’accordent pour réserver la surface à l’homme, un urbanisme durable doit mettre à profit le sous-sol afin de créer, pour l’homme, le meilleur environnement. Par leur position, le sol et le sous-sol fournissent à la ville une infrastructure naturelle, peu à peu complétée par des ouvrages construits, voiries et réseaux associés. Or le sous-sol peut faire bien davantage en accueillant une part significative des fonctions et services urbains. Encore faut-il planifier les utilisations de l’espace souterrain, considéré comme partie intégrante de l’espace urbain global, dans l’espace et dans le temps.
Après ce panorama historique et géographique de réalisations souterraines, insuffisamment connues des ingénieurs (et moins encore des élus et de la société civile tout entière), parce que moins visibles qu’en surface ou pas du tout, un second dossier Urbanisme souterrain- Demandes, offres, contraintes et avantages abordera les conditions de la pratique, le pourquoi des usages du sous-sol : les demandes et les offres, et le comment : les contraintes géologiques et juridiques. Il s’agit en effet d’expliquer pourquoi le recours au sous-sol permet de résoudre beaucoup de problèmes, puis comment le faire entrer dans la pratique de l’urbanisme. Au-delà, l’aménagement du territoire peut aussi profiter de ce dossier, car la « campagne » aussi a son sous-sol, avec ses usages classiques et futurs.
Ce dossier ouvre à l’urbanisme souterrain un champ d’avenir plus large que celui connu jusqu’ici, un champ qui mobilise et mobilisera de plus en plus d’innovations techniques, lesquelles en retour élargiront la gamme des usages possibles du sous-sol au service de l’homme.
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2. De Londres à Paris, des égouts aux métros, de Belgrand à Hénard
2.1 L’assainissement
On sait que c’est l’insalubrité et ses répercussions épidémiques (le choléra, ...) qui sont à l’origine des premiers réseaux d’égouts (d’où le mot assainissement). Les premiers égouts seront déversés dans la Seine au cours des années 1830. Deux ingénieurs contemporains, Eugène Belgrand à Paris (recruté par le baron Haussmann) et Sir Joseph Bazalgette à Londres vont concevoir et faire réaliser les ouvrages souterrains de collecte des eaux usées des deux villes (dès 1854 à Paris, 1856 à Londres). C’est l’adoption d’un principe selon lequel tout ce qui est désagréable aux sens est placé en sous-sol.
Pour la plupart, ces canalisations seront construites en tranchées à une profondeur modeste. À Paris les 600 km de galeries sont visitables. À Londres, seulement les axes principaux, sur environ 150 km. Le grand diamètre des égouts de Paris permet deux innovations majeures :
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le curage par des « bateaux-vannes » spécialisés, toujours en service ;
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l’hébergement des autres réseaux de service public, en plein développement à l’époque, d’abord l’eau potable et les eaux ménagères, puis le gaz de ville, l’électricité, l’air comprimé, le téléphone ; ainsi l’égout devient multifonctionnel et apporte peu à peu, à chaque immeuble, tous les services alors disponibles (sauf l’évacuation des eaux-vannes, car l’apparition du tout-à-l’égout attendra une loi de 1894).
Non seulement l’assainissement fait son entrée dans le programme des grands travaux d’aménagement urbain, mais en outre la « ville souterraine » de Belgrand va de pair avec les travaux d’urbanisme, au-dessus du sol, de Haussmann et de ses deux autres adjoints : Alphand et Davioud.
Toutefois, plusieurs réseaux vont abandonner l’égout, les uns après les autres, pour éviter les conditions peu hygiéniques des visites et interventions. Ils préféreront s’isoler « en pleine terre », chacun dans son domaine ; ce qui constituera une sorte de grille à très faible profondeur, c’est-à-dire un obstacle compliquant l’utilisation des volumes plus profonds (figure 1). Avec le câble et l’eau réfrigérée,...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - DUFFAUT (P.), LABBÉ (M.) - Les réseaux comme germe d’urbanisme souterrain - . Tunnels et ouvrages souterrains, p. 255-261 (1995).
-
(2) - BARLES (S.) - La ville délétère, médecins et ingénieurs dans l’espace urbain, XVIIIe-XIXe siècle - . Seyssel : Champ Vallon (1999).
-
(3) - BARLES (S.), GUILLERME (A.) - L’urbanisme souterrain - . AMC 100 (1999).
-
(4) - HÉNARD (E.) - Études sur les transformations de Paris et autres écrits sur l’urbanisme - . 1903-1910, réimprimé à Paris, L’Équerre (1982).
-
(5) - HÉNARD (E.) - Conférence à Londres - . Trans. Royal Inst. British Architects, p. 345-367 (1911).
-
(6) - CARMODY (J.), STERLING (R.) - Underground Space Design (Conception...
BRÉGEON (J.) - * - Introduction à l’aménagement du sous-sol, université de Provence, Marseille (1983).
HAUT DE PAGE
Congrès du GECUS : 6 congrès, depuis Paris, 1937, jusqu’à Varsovie, 1975
Symposium « Large permanent underground openings », Oslo 1969
Symposium « Development and Utilization of Underground Space », Kansas City, 1975
Symposiums « Rockstore » et « Subsurface Space », Stockholm 1977 et 1980
Congrès AFTES « Sous-sol et Collectivités locales », Bordeaux, 1983
Congrès « Grands ouvrages en souterrain » Florence, 1986
Symposium « Large Rock Caverns », Helsinki, 1986
Congrès « Espace et Urbanisme souterrain », Paris, 1995
Congrès d’ACUUS, Montréal, 1997 ; Xian, 1999 ; Turin, 2002 ; Moscou, 2005
Congrès d’Urbanisme souterrain, Shanghai, 2005
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Gallerie, trimestriel (bilingue...
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