Présentation
En anglaisRÉSUMÉ
L’industrialisation de la construction soulève de nombreux débats tant de la part des concitoyens que des acteurs du bâti, mettant en relief la nécessité d’une meilleure utilisation des ressources de la filière construction. Les reproches sont nombreux et soulignent diverses dérives allant du manque de structure à une perte de qualité des prestations. L’objet de cet article est la confrontation entre les attentes des utilisateurs et celles des professionnels de la construction. De plus, la filière de la construction doit prendre en compte de nouvelles contraintes pour faire face au marché.
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Christophe GOBIN : Coordinateur Recherche et Développement GTM Construction
INTRODUCTION
Quand les hommes se trouvent dans une situation nouvelle, ils s’adaptent et changent. Mais aussi longtemps qu’ils espèrent que les choses pourront rester en l’état ou faire l’objet de compromis, ils n’écoutent pas volontiers les idées neuves.
« Ce qui nous arrête, c’est la peur du changement. Et pourtant, c’est du changement que dépend notre salut. »
« Nous n’avons que le choix entre les changements dans lesquels nous serons entraînés et ceux que nous aurons su vouloir accomplir. »
Jean MONNET
La question posée par l’industrialisation de la construction cristallise toutes les interrogations soulevées par nos concitoyens vis-à-vis de leur cadre de vie. En effet, si le caractère urbain de nos sociétés semble irréductible, les insatisfactions sont nombreuses et font pour le moins débat.
L’objet de ce dossier est d’organiser l’exposé des différents points de vue de manière à rendre plus cohérent une discussion qui doit aboutir à proposer des recommandations d’action tout en évitant des échanges foisonnants et démobilisateurs.
Notre environnement bâti fait question mais c’est aussi la raison d’être du premier secteur industriel français qui est celui du BTP. Il est donc indispensable de confronter à la fois les attentes des utilisateurs et celles des professionnels de la construction. C’est la raison même du titre de ce dossier. La construction est un enjeu majeur de la société civile mais elle constitue par ailleurs une activité productive dont il est nécessaire de réfléchir aux finalités et aux contributions à une dynamique collective.
La perspective retenue est moins celle de l’urbanisme que celle de l’efficacité d’une filière industrielle.
— En quoi les acteurs du bâti peuvent-ils apporter des réponses dont la valeur d’usage s’accroît tout en minimisant les impacts générés par cette activité ?
— Quelles sont les pistes de progrès envisageables compte tenu des retours d’expérience sur une cinquantaine d’années, c’est-à-dire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ?
— Comment engager une dynamique de changement au sein d’une filière qui a une longue tradition et qui cultive des pratiques volontairement spécifiques ?
La tâche est d’autant plus d’actualité que la conjoncture économique actuelle n’est pas favorable à la mobilisation importante de ressources. Le manque de capacité de financement pour les infrastructures collectives est flagrant.
Or le bâti et les réseaux de communication sont par essence des biens collectifs et sont aussi très consommateurs de fonds publics, ne serait-ce que pour l’ensemble des équipements urbains, culturels et environnementaux. Il est alors assez logique que des interrogations apparaissent sur un meilleur emploi des ressources par la filière construction.
Le sujet n’est pas encore abordé de manière directe sur la réduction des coûts techniques. Par contre dans l’esprit du public, les métiers font facilement l’objet de brocards tant sur la qualité des prestations que sur les dérives de délais, voire de budget.
Et c’est d’ailleurs en cela que l’idée d’industrialisation devient d’actualité. Les reproches faits à un secteur économique important se focalisent sur son caractère vernaculaire par opposition à l’industrie qui est sensée être plus structurée, plus organisée, plus méthodique et par là plus efficace.
Il serait possible d’ajouter que pour beaucoup de concitoyens la productivité industrielle a permis d’accéder à un plus grand nombre de biens de consommation alors que leur cadre de vie est de plus en plus inaccessible. Ce sentiment résulte bien sûr de ce que le prix du foncier échappe aux professionnels de la construction mais au final le droit au logement ne se généralise pas.
Du point de vue des professionnels de la Construction, les raisons ne manquent pas non plus de s’interroger sur leurs métiers. Le vieillissement de la main-d’œuvre productive, les nouvelles exigences thermiques, le caractère dangereux des chantiers sont autant de nouveaux paramètres à prendre en compte pour faire face au marché. Toutefois, il est assez surprenant de voir comment l’idée d’industrialisation est reçue par le « monde de la construction ». Pour la majorité des acteurs du secteur, ce vocable est associé au terme de taylorisme. Et alors vient une dénégation : celle du risque d’uniformité dû à la répétitivité mais aussi celle de l’appauvrissement des tâches qui perdraient de leur autonomie sinon de leur compétence.
Ce biais est très intéressant à noter car il traduit un état d’esprit caractéristique de l’ensemble des professionnels (qu’ils soient en amont ou en aval de la filière) à savoir le souci de préserver un périmètre d’intervention qui leur soit propre. Cette fierté de l’indépendance s’accompagne mécaniquement d’une défense des intérêts individuels au détriment d’une mutualisation des efforts. C’est certainement dans ce pli comportemental que réside l’origine d’une très forte inertie collective qui ne facilite pas une réponse adéquate aux problématiques du jour.
En outre, la question de l’industrialisation reste un sujet récurrent depuis plusieurs décennies. Plusieurs écoles de pensée se sont déployées avec des succès très temporaires. Il n’est donc pas sans intérêt de rappeler ces tentatives et de chercher à en tirer un retour d’expérience pour faciliter l’émergence d’une nouvelle réponse.
Les deux premières parties de ce travail retracent deux temps forts qui correspondent à l’effort de reconstruction d’après-guerre et à l’exploration plus récente de nouvelles voies d’industrialisation comme les démarches qualité et l’informatisation. La troisième partie est une proposition qui tente d’organiser les enseignements dans une vision autre de l’industrialisation.
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1. Industrialisation comme utopie mécaniciste
Historiquement, la construction a abordé l’industrialisation dès l’après-guerre face aux besoins énormes de reconstruction. L’urgence des demandes conduisait à privilégier la dimension technique puisqu’il s’agissait de produire plus et plus vite.
Cette recherche de productivité après des essais divers a abouti au succès de la préfabrication béton de masse. Les procédés courants sont alors des systèmes propriétaires, c’est-à-dire des marques. Les tenants de l’époque se reconnaissaient sous le vocable d’industrialisation fermée en ce sens qu’ils répondent avec une solution prédéfinie et difficilement modifiable pour l’habitat.
Toutefois face à cette prédominance d’un matériau, les industriels de la construction (construction métallique, vitrage, aluminium) ont cherché à développer une industrialisation dite ouverte car elle se présentait comme l’assemblage non directif de composants de diverses origines. Différentes tentatives ont pu être menées avec un certain succès sur des créneaux moins résidentiels comme les locaux d’enseignement.
Ces deux déclinaisons d’une approche technicienne vont pourtant se heurter à des obstacles de nature contrastée qui auront raison d’elles. Et il semble indispensable de revenir sur les causes de cet échec moins par l’analyse de la conjoncture d’alors que par celle inhérente aux spécificités du mode de raisonnement qui avaient présidé à toutes ces démarches.
1.1 Industrialisation « fermée »
Son point de départ est l’après-guerre. La reconstruction concerne essentiellement le résidentiel quand le terme d’industrialisation est utilisé. En fait, les besoins dus à la reconstitution d’un parc locatif se doublaient également d’une absence de construction préalable entre les deux guerres.
L’urgence était dans le nombre d’unités à produire qui ira en s’amplifiant avec l’exode rural accompagnant une réorganisation du secteur productif.
Les solutions mises en œuvre pour faire face à ce défi sont très variées. Pour en rendre compte, il est nécessaire d’opérer une classification qui n’a été visible qu’a posteriori car sur le moment les capacités productives à mobiliser étaient telles que toutes les solutions ont été...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - GOBIN (C.) - L’ingénierie concourante. - Un nouveau professionnalisme. L’ingénierie concourante- Un nouveau professionnalisme Bâtiment et travaux neufs, mai 2001.
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(2) - GOBIN (C.) - Analyse fonctionnelle et construction. - Analyse fonctionnelle et construction Bâtiment et travaux neufs, nov. 2003.
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(3) - GOBIN (C.) - Le développement durable en BTP. Optimisation des ressources par la R&D. - Le développement durable en BTP- Optimisation des ressources par la R&D Bâtiment et travaux neufs, fév. 2006.
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(4) - GOBIN (C.), PERIN (J.-M.), FRANCA (J.-P.) - Conception et construction. Conditions d’une nécessaire concurrence. - Construction et conception- Conditions d’une nécessaire concourance Bâtiments et travaux neufs, août 2004.
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(5) - HABRAKEN (N.J.) - Supports. - Paperback. 1999.
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