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Article de référence | Réf : C3055 v1

Industrialisation comme instrumentalisation
Industrialisation et construction

Auteur(s) : Christophe GOBIN

Relu et validé le 02 févr. 2015

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RÉSUMÉ

L’industrialisation de la construction soulève de nombreux débats tant de la part des concitoyens que des acteurs du bâti, mettant en relief la nécessité d’une meilleure utilisation des ressources de la filière construction. Les reproches sont nombreux et soulignent diverses dérives allant du manque de structure à une perte de qualité des prestations. L’objet de cet article est la confrontation entre les attentes des utilisateurs et celles des professionnels de la construction. De plus, la filière de la construction doit prendre en compte de nouvelles contraintes pour faire face au marché.

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Auteur(s)

INTRODUCTION

Quand les hommes se trouvent dans une situation nouvelle, ils s’adaptent et changent. Mais aussi longtemps qu’ils espèrent que les choses pourront rester en l’état ou faire l’objet de compromis, ils n’écoutent pas volontiers les idées neuves.

« Ce qui nous arrête, c’est la peur du changement. Et pourtant, c’est du changement que dépend notre salut. »

« Nous n’avons que le choix entre les changements dans lesquels nous serons entraînés et ceux que nous aurons su vouloir accomplir. »

Jean MONNET

La question posée par l’industrialisation de la construction cristallise toutes les interrogations soulevées par nos concitoyens vis-à-vis de leur cadre de vie. En effet, si le caractère urbain de nos sociétés semble irréductible, les insatisfactions sont nombreuses et font pour le moins débat.

L’objet de ce dossier est d’organiser l’exposé des différents points de vue de manière à rendre plus cohérent une discussion qui doit aboutir à proposer des recommandations d’action tout en évitant des échanges foisonnants et démobilisateurs.

Notre environnement bâti fait question mais c’est aussi la raison d’être du premier secteur industriel français qui est celui du BTP. Il est donc indispensable de confronter à la fois les attentes des utilisateurs et celles des professionnels de la construction. C’est la raison même du titre de ce dossier. La construction est un enjeu majeur de la société civile mais elle constitue par ailleurs une activité productive dont il est nécessaire de réfléchir aux finalités et aux contributions à une dynamique collective.

La perspective retenue est moins celle de l’urbanisme que celle de l’efficacité d’une filière industrielle.

— En quoi les acteurs du bâti peuvent-ils apporter des réponses dont la valeur d’usage s’accroît tout en minimisant les impacts générés par cette activité ?

— Quelles sont les pistes de progrès envisageables compte tenu des retours d’expérience sur une cinquantaine d’années, c’est-à-dire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ?

— Comment engager une dynamique de changement au sein d’une filière qui a une longue tradition et qui cultive des pratiques volontairement spécifiques ?

La tâche est d’autant plus d’actualité que la conjoncture économique actuelle n’est pas favorable à la mobilisation importante de ressources. Le manque de capacité de financement pour les infrastructures collectives est flagrant.

Or le bâti et les réseaux de communication sont par essence des biens collectifs et sont aussi très consommateurs de fonds publics, ne serait-ce que pour l’ensemble des équipements urbains, culturels et environnementaux. Il est alors assez logique que des interrogations apparaissent sur un meilleur emploi des ressources par la filière construction.

Le sujet n’est pas encore abordé de manière directe sur la réduction des coûts techniques. Par contre dans l’esprit du public, les métiers font facilement l’objet de brocards tant sur la qualité des prestations que sur les dérives de délais, voire de budget.

Et c’est d’ailleurs en cela que l’idée d’industrialisation devient d’actualité. Les reproches faits à un secteur économique important se focalisent sur son caractère vernaculaire par opposition à l’industrie qui est sensée être plus structurée, plus organisée, plus méthodique et par là plus efficace.

Il serait possible d’ajouter que pour beaucoup de concitoyens la productivité industrielle a permis d’accéder à un plus grand nombre de biens de consommation alors que leur cadre de vie est de plus en plus inaccessible. Ce sentiment résulte bien sûr de ce que le prix du foncier échappe aux professionnels de la construction mais au final le droit au logement ne se généralise pas.

Du point de vue des professionnels de la Construction, les raisons ne manquent pas non plus de s’interroger sur leurs métiers. Le vieillissement de la main-d’œuvre productive, les nouvelles exigences thermiques, le caractère dangereux des chantiers sont autant de nouveaux paramètres à prendre en compte pour faire face au marché. Toutefois, il est assez surprenant de voir comment l’idée d’industrialisation est reçue par le « monde de la construction ». Pour la majorité des acteurs du secteur, ce vocable est associé au terme de taylorisme. Et alors vient une dénégation : celle du risque d’uniformité dû à la répétitivité mais aussi celle de l’appauvrissement des tâches qui perdraient de leur autonomie sinon de leur compétence.

Ce biais est très intéressant à noter car il traduit un état d’esprit caractéristique de l’ensemble des professionnels (qu’ils soient en amont ou en aval de la filière) à savoir le souci de préserver un périmètre d’intervention qui leur soit propre. Cette fierté de l’indépendance s’accompagne mécaniquement d’une défense des intérêts individuels au détriment d’une mutualisation des efforts. C’est certainement dans ce pli comportemental que réside l’origine d’une très forte inertie collective qui ne facilite pas une réponse adéquate aux problématiques du jour.

En outre, la question de l’industrialisation reste un sujet récurrent depuis plusieurs décennies. Plusieurs écoles de pensée se sont déployées avec des succès très temporaires. Il n’est donc pas sans intérêt de rappeler ces tentatives et de chercher à en tirer un retour d’expérience pour faciliter l’émergence d’une nouvelle réponse.

Les deux premières parties de ce travail retracent deux temps forts qui correspondent à l’effort de reconstruction d’après-guerre et à l’exploration plus récente de nouvelles voies d’industrialisation comme les démarches qualité et l’informatisation. La troisième partie est une proposition qui tente d’organiser les enseignements dans une vision autre de l’industrialisation.

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DOI (Digital Object Identifier)

https://doi.org/10.51257/a-v1-c3055


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2. Industrialisation comme instrumentalisation

La profession n’a pas été sans tirer quelques leçons de l’incapacité à maintenir une industrialisation strictement technicienne. À l’instar du monde industriel, le milieu s’est néanmoins ouvert à de nouveaux outils dits de progrès. Ceux-ci ont tous pour particularité d’être des instruments pour infléchir le cours de la production. C’est en cela que cette seconde phase de l’industrialisation peut être caractérisée comme relevant de l’instrumentalisation de la dimension procédurale.

La première démarche s’inscrit dans le mouvement qualité. Cette mise en route a été très progressive puisqu’il a fallu calibrer les outils dits industriels à l’activité foraine de la construction. Mais après une période d’apprentissage, l’évolution a été conjointe entre le BTP et l’industrie vers la gestion des processus.

Parallèlement, le transfert des acquis informatiques a été entrepris avec un succès certainement plus restreint. L’évolution des nouvelles technologies de l’information et de la communication permet désormais de disposer de solutions plus adaptées à la dispersion des chantiers mais la configuration idéale n’est pas encore acquise.

En fait, le temps passant, il apparaît que tous ces efforts malgré une mobilisation importante ne portent pas leurs fruits. Cela conduit à s’interroger sur l’adéquation de ces démarches avec l’organisation globale de la filière.

2.1 Mouvement « qualité »

La construction a rejoint le mouvement qualité déployé dans l’industrie par le biais initial des travaux de génie civil nucléaire. Ce n’est que très progressivement que le secteur du bâtiment s’est familiarisé avec cette démarche.

La philosophie retenue est celle du slogan : formaliser ce que l’on va faire et faire ce que l’on a écrit. Il s’agit donc d’un effort de rigueur pour transcrire sur un mode moins oral les pratiques habituelles.

Cette particularité doit être notée. La qualité n’est pas celle du produit final en tant que telle mais bien la meilleure mise en œuvre sur le chantier. Et ce sont plutôt les entreprises de construction qui ont initié le mouvement. Les métiers de la conception ne se sont inscrits dans cette mouvance qu’avec une dizaine d’années de retard.

Par ailleurs, l’apprentissage des...

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BIBLIOGRAPHIE

  • (1) - GOBIN (C.) -   L’ingénierie concourante.  -  Un nouveau professionnalisme. L’ingénierie concourante- Un nouveau professionnalisme Bâtiment et travaux neufs, mai 2001.

  • (2) - GOBIN (C.) -   Analyse fonctionnelle et construction.  -  Analyse fonctionnelle et construction Bâtiment et travaux neufs, nov. 2003.

  • (3) - GOBIN (C.) -   Le développement durable en BTP. Optimisation des ressources par la R&D.  -  Le développement durable en BTP- Optimisation des ressources par la R&D Bâtiment et travaux neufs, fév. 2006.

  • (4) - GOBIN (C.), PERIN (J.-M.), FRANCA (J.-P.) -   Conception et construction. Conditions d’une nécessaire concurrence.  -  Construction et conception- Conditions d’une nécessaire concourance Bâtiments et travaux neufs, août 2004.

  • (5) - HABRAKEN (N.J.) -   Supports.  -  Paperback. 1999.

  • (6)...

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