Présentation
En anglaisRÉSUMÉ
Depuis le début de notre siècle, la construction en tant que telle a changé de statut. Le bâtiment devient désormais, en plus d’être un objet physique, un contributeur à un service. Au sens propre du terme, l’efficience est ce qui supplée à la rareté des ressources. Elle est la mesure de la contribution de toute activité à ce principe fondateur. En premier abord, cet article propose d’analyser le concept d’efficience comme nouvel indicateur de la performance d’un bâtiment en relation avec l’idée de fonctionnement. Ensuite, l’efficience dans la durée est analysée et il est démontré l’utilité de savoir en tirer partie.
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As such, since the beginning of this century, the status of construction has changed. The building is not only a physical object but also contributes to a service. Efficiency refers to all that addresses the scarcity of resources. It is the measurement of the contribution of any activity to this grounding principle. This article starts by analyzing the concept of efficiency as a new indicator of the performance of a building in relation to the idea of operation. Efficiency over time is then analyzed and its usefulness demonstrated.
Auteur(s)
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Christophe GOBIN : Coordonnateur R et D, Vinci construction France
INTRODUCTION
P aul Valéry écrivait : « Le temps d'un monde fini a commencé. »
Ce début de XXIe siècle marquera très certainement une inflexion majeure de la construction. En effet, le statut de la chose construite bascule, d'une situation d'objet uniquement physique, à celle de contributeur à un service. Ce passage est très important car il traduit une attitude différente des non professionnels vis-à-vis du bâti. Celui-ci n'est plus une charge, correspondant à une immobilisation financière importante, mais un potentiel. Un bâtiment de bureau est moins une dépense qu'un instrument de productivité des équipes au travail qui vont y trouver des lieux incitatifs et propices à une meilleure efficacité, compte tenu des éléments de confort offerts.
En parallèle au développement durable, dont la montée en puissance accompagne l'évolution du bâti, on constate non pas un changement profond de sa définition, mais, plutôt, la venue d'une autre perspective amenant, à terme, des modifications importantes du produit résultant de l'acte de construire. En effet, une vision en matière de service et, non plus, d'objet physique, introduit deux dimensions peu considérées jusqu'alors :
-
fournir un service ;
-
mobiliser les solutions technologiques les plus appropriées pour ce faire.
Ainsi, la technique n'est plus une fin, mais un moyen. Par ailleurs, un service s'entend à un instant donné, et peut être modifié dans le temps. Cette dimension temporelle introduit, ipso facto, la notion d'obsolescence, alors que le bâti a toujours été considéré comme un objet pérenne qui comptait, plus par sa valeur patrimoniale, que par ses valeurs d'usage.
Cette inflexion se trouve inscrite dans un paragraphe du fascicule SD 21000 qui s'adresse à tout responsable d'une entité économique désireux d'agir en conformité avec les principes d'un développement durable :
« ...La gestion des installations et des sites de réalisation (chantiers...) et d'exploitation (ateliers, usines, bureaux...) est une inscription forte de l'entreprise sur son territoire. La durée de vie des bâtiments et infrastructures dépasse, en général, celle de la plupart des technologies et procédés utilisés dans l'entreprise. La gestion de la conception/réalisation, de l'exploitation et de la fin de vie (nettoyage du chantier, arrêt d'exploitation, démantèlement) est donc une composante à part entière de la politique de développement durable de l'entreprise responsable...»
La notion même de service introduit le besoin d'une mesure. Par ce terme il faut entendre la capacité à évaluer le service rendu et à en mesurer la disponibilité, l'efficacité, et la facilité d'emploi.
Toutes ces performances sont les caractérisations des attentes de l'utilisateur final et elles définissent « en creux » l'objet construit. Elles seront d'autant plus opératoires qu'elles pourront être mesurées. Or, il n'est pas si courant, actuellement, d'opérer des mesures. La construction se contente, le plus souvent, d'une conformité à une prescription technique qui ne garantit pas forcément un fonctionnement réel en ligne avec les calculs de dimensionnement. Il s'avère ainsi, aux dires de certains spécialistes, qu'entre la performance énergétique calculée d'un bâtiment (performance nominale) et la performance réelle constatée en usage, il pourrait y avoir un écart de 25 %.
C'est la raison pour laquelle ce fascicule a été organisé en deux chapitres :
-
dans le premier, il est proposé d'analyser le concept d'efficience comme nouvel indicateur de la performance d'un bâtiment en relation avec l'idée de fonctionnement ;
-
au cours du second, il sera examiné comment l'efficience peut être traitée sur la durée et comment en tirer parti.
Il s'agit donc d'un travail préparatoire qui a pour but de soumettre au débat collectif un nouvel outil professionnel.
Trois concepts : efficience, efficacité et effectivité :
-
l'efficacité correspond à un processus dont le produit est fourni avec un rendement élevé des moyens mobilisés ;
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l'effectivité caractérise, pour les Anglo-Saxons, un produit correspondant aux attentes à l'origine de sa demande ;
-
l'efficience est un concept plus global, et plus récent, qui oriente les deux précédents dans la perspective d'un développement durable.
L'efficience peut donc être considérée comme une notion à inscrire au registre de l'économie dans son sens premier qui est de suppléer à la rareté des ressources. L'efficience est la mesure de la contribution de toute activité à ce principe fondateur.
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2. Efficience dans la durée
L'efficience, telle qu'elle a été décrite dans le précédent paragraphe peut être qualifiée de concept en « état stable ». Cela correspond aux contextes habituels des procédés industriels. Dans le cas de la construction, cet état stable, dénommé « phase d'exploitation », est beaucoup plus complexe car il doit tenir compte du comportement des usagers vis-à-vis du bâtiment.
Cette interaction essentielle pose alors la question de la pérennité de l'efficience dans le temps face aux aléas d'un environnement fluctuant. Dans le langage commun, il serait possible de dire que l'efficience doit être assez « robuste » pour résister aux variations des différentes parties prenantes.
En fait, en se situant dans la perspective du développement durable il est impératif de s'interroger sur la relation « efficience et durée » et ce, suivant deux directions :
-
en quoi l'affichage d'une efficience est-il une garantie de performance effective ?
-
comment le niveau d'efficience se dégrade-t-il au cours du temps ?
Les réponses à ces interrogations contribuent à établir le second volet de l'efficience qui est celui de son analyse d'un point de vue diachronique. Cette remarque n'est pas simplement de style, mais elle transcrit une propriété spécifique de la construction : constituer, à la fois, un « produit » (le support d'une activité humaine), mais aussi un « processus » (« l'habitus », selon la désignation de Bourdieu), ce que de nombreux professionnels semblent encore ignorer.
2.1 Appréhender sa dégradation
Pour mieux comprendre l'interaction entre l'utilisateur et le bâti, il faut désormais distinguer deux paramètres qui ont des répercussions sur le calcul de l'efficience.
-
Le premier est relatif à la responsabilité individuelle de l'usager. Celui-ci peut être gaspilleur et sur-consommateur dans ses pratiques quotidiennes. Des études exploratoires ont montré que la sensibilisation à des gestes économes (arrêt du chauffage hors présence, fermeture de l'éclairage à la sortie d'une pièce,...) pouvait infléchir de 10 % la consommation énergétique. En outre, il est désormais admis que cet effort doit être soutenu à intervalles réguliers, car l'usager revient assez rapidement...
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Efficience dans la durée
BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - GOBIN (C.) - Analyse fonctionnelle et construction. - [C 3 052] (2003).
-
(2) - GOBIN (C.) - L'ingénierie concourante – Un nouveau professionnalisme. - [C 3 050] (2001).
-
(3) - GOBIN (C.), PERIN (J.M.) - Construction et conception – Conditions d'une nécessaire concourance. - [C 3 054] (2004).
-
(4) - GOBIN (C.) - Le développement durable en BTP – Optimisation des ressources par la R - [C 3 056] (2006).
-
(5) - FERREBOEUF (C.) - Coût d'obtention de la qualité. - [AG 1 900] (2000).
-
(6) - PEUPORTIER (B.) - Éco-conception et bâtiment. - ENSMP.
-
...
ANNEXES
###
(Liste non exhaustive)
Le concept générique
• WBCSD (World Business Council for Sustainable Development) fournit une documentation abondante http://www.wbcsd.org/
• CASBEE – Démarche japonaise d'éco-efficience environnementale http://www.architects.org/
HAUT DE PAGE
AFNOR FD SD 21000 - Fascicule explicitant les engagements que tout responsable économique doit envisager pour contribuer au développement durable. - -
ISO TC 59 SC 17 - Fascicule sur la déclinaison des principes du développement durable pour la construction. - -
ISO 14040 - Analyse du cycle de vie (AFNOR). - -
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