Présentation
EnglishRÉSUMÉ
Doté de performances remarquables, le cou de l’oiseau peut servir de modèle d’inspiration intéressant pour un bras manipulateur innovant. Cet article décrit le fruit d’une collaboration entre roboticiens et biologistes spécialistes du cou des oiseaux. On montre comment, en partant d’analyses morphologiques et fonctionnelles issues de la biologie, on aboutit à un modèle biomécanique suffisamment réaliste mais simplifié pour permettre la simulation et la conception d’un prototype fonctionnel. Ce modèle repose sur l’utilisation de mécanismes de tenségrité empilés et pilotés par des câbles. L’article fournit des éléments de modélisation, conception, identification et commande. Il analyse enfin les résultats expérimentaux effectués sur le prototype.
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Lire l’articleAuteur(s)
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Philippe WENGER : Directeur de recherche CNRS - Laboratoire des sciences du numérique de Nantes, UMR CNRS 6004, Nantes, France
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Benjamin FASQUELLE : Docteur ingénieur - Laboratoire des sciences du numérique de Nantes, UMR CNRS 6004, Nantes, France
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Anick ABOURACHID : Professeure du Muséum national d’histoire naturelle - MECADEV – Mécanismes adaptatifs et évolution, Muséum national d’histoire naturelle, UMR 7179 MNHN – CNRS, Paris, France
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Christine CHEVALLEREAU : Directrice de recherche CNRS - Laboratoire des sciences du numérique de Nantes, UMR CNRS 6004, Nantes, France
INTRODUCTION
Les robots industriels actuels sont construits à partir d’éléments rigides articulés et actionnés par un ensemble de moteurs et de systèmes de transmission. Cette architecture mécanique leur confère une masse importante qui limite leur dynamique et leur dextérité. De plus, elle rend dangereuses les interactions physiques avec l’environnement. À l’inverse, certains animaux possèdent des organes flexibles aux performances exceptionnelles qui leur permettent d’accomplir un grand nombre de tâches difficiles avec facilité. Le tentacule de la pieuvre ou la trompe de l’éléphant, par exemple, fascinent les roboticiens depuis de nombreuses années. Ces organes, totalement mous car dénués de toute ossature, ont inspiré certains roboticiens et donné naissance à une communauté appelée « soft robotics » (« robotique molle ») , qui vise à concevoir des robots déformables sans partie rigide. Cependant, il est très difficile de mettre en œuvre de telles architectures, tant sur le plan de leur construction que de leur commande. Il existe des organes qui possèdent aussi des performances remarquables mais qui, contrairement aux précédents, ne sont pas totalement mous car constitués d’os ou de vertèbres articulés. C’est le cas par exemple du cou de l’oiseau. L’oiseau utilise son cou comme un bras dextre pour des tâches de la vie quotidienne ou plus spécialisées. Le cou du vautour peut se contorsionner pour pénétrer à l’intérieur de carcasses, tout en exerçant des efforts importants pour en arracher les restes de nourriture. Le perroquet est capable de se suspendre par son bec en utilisant son cou comme une troisième patte pour se déplacer. Enfin, d’autres oiseaux utilisent leur cou comme une catapulte pour attraper des poissons ou pour percer un tronc d’arbre. Ces performances remarquables incitent le roboticien à utiliser le cou de l’oiseau comme modèle d’inspiration pour concevoir un robot innovant. Le cou est construit autour d’une colonne cervicale constituée de vertèbres articulées et mues par un ensemble de muscles et de tendons. En mécanique, il existe des structures qui sont particulièrement bien adaptées à la modélisation de systèmes musculo-squelettiques : il s’agit des tenségrités (voir définition plus loin). Composée de barres rigides, de ressorts et de câbles, une tenségrité peut présenter des mobilités contrôlées ; on parle alors de « mécanisme de tenségrité ».
Cet article développe la démarche scientifique ayant permis d’aboutir à la mise en œuvre d’un prototype de robot inspiré du cou de l’oiseau, et plus particulièrement du cou d’un pic. En partant d’analyses morphologiques et fonctionnelles issues de la biologie, on montre comment on peut élaborer un modèle biomécanique simplifié mais suffisamment réaliste pour permettre la simulation puis la conception d’un prototype fonctionnel. La figure 1 illustre le principe de la démarche. On montre aussi en quoi ce prototype peut aider le biologiste à mieux comprendre certains aspects d’évolution fonctionnelle chez les oiseaux.
L’article s’articule autour des points suivants :
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rappels sur les tenségrités et liens avec la biomécanique ;
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biologie du cou de l’oiseau ;
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mise en œuvre du prototype et modélisation ;
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mise en œuvre de lois de contrôle ;
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expérimentations et analyses.
MOTS-CLÉS
DOI (Digital Object Identifier)
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Présentation
9. Conclusion et perspectives
Le cou sert de bras dextre pour l’oiseau pour des tâches quotidiennes et spécialisées pouvant être exigeantes. À ce titre, il possède d’excellentes performances qui intéressent le roboticien. Cet article s’est proposé de décrire la mise en œuvre d’un prototype de robot inspiré du cou de l’oiseau. Son architecture musculo-squelettique repose sur une colonne cervicale composée de vertèbres articulées et d’un grand nombre de muscles et tendons. Le tout forme un système très complexe et ne peut pas être reproduit sans simplification préalable. Les analyses morpho-fonctionnelles des biologistes et les contraintes de réalisation d’un prototype fonctionnel ont permis d’aboutir à une architecture robotique plane à trois degrés de liberté permettant de reproduire les mouvements du pic. Ce prototype est construit en suivant le principe de tenségrité par la mise en série de trois mécanismes de type antiparallélogramme actionnés par câbles et munis de ressorts, appelés modules X. Les tenségrités, composées d’éléments rigides en compression et d’éléments en tension dénués de rigidité en compression, modélisent de façon pertinente le système musculo-squelettique. Les modules X, contrairement à des articulations de type pivot, présentent l’avantage de pouvoir reproduire le principe de coactivation musculaire, c’est-à-dire augmenter (resp. diminuer) leur raideur en augmentant (resp. en diminuant) les forces d’actionnement. Cette propriété bio-inspirée est intéressante dans le cadre de la cobotique. La mise en œuvre du prototype a nécessité la résolution de différents problèmes : définition d’un câblage adéquat, modélisation dynamique, identification des frottements et de l’élasticité des câbles, proposition de lois de commande efficaces, développement d’un simulateur et validation expérimentale.
Le prototype étudié a volontairement été choisi comme un robot plan. Le passage à un robot spatial est possible en utilisant des modules générant deux rotations comme proposé dans ...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - ABOURACHID (A.) et al - Modeling inter-vertebral articulation: the rotule à doigt mechanical joint (RAD) in birds and mammals. - Journal of Anatomy 239.6, p. 1287-1299. DOI: DOI: 10.1111/ joa.13517 (cf. p. 6) (2021).
-
(2) - ARSENAULT (M.), GOSSELIN (C.M.) - Kinematic, static and dynamic analysis of a planar 2-DOF tensegrity mechanism. - Mechanism and Machine Theory 41.9, p. 1072-1089 (cf. p. 5), septembre 2006.
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(3) - ARSENAULT (M.) - Développement et analyse de mécanismes de tenségrité. - Thèse de doctorat, université Laval (cf. p. 5, 9) (2006).
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(4) - BARATTA (R.) et al - Muscular coactivation, The role of the antagonist musculature in maintaining knee stability. - The American Journal of Sports Medicine 16.2 (cf. p. 9, 10) (1988).
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(5) - BOHMER (C.) et al - Gulper, ripper and scrapper: anatomy of the neck in three species of vultures. - Journal of anatomy 236.4, p. 701-723. DOI: DOI: 10.1111/joa.13129 (cf. p. 7, 8) (2020).
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