Présentation
Auteur(s)
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Aurore KONZ : Responsable des suivis réglementaires au sein de la société GED Environnement (EOG) – Groupe GED
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Lionel POURTIER : Docteur ès sciences - Directeur général de la société GED Environnement – Groupe GED
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Lire l’articleINTRODUCTION
La société humaine se trouve, depuis des siècles, confrontée à des problèmes d'hygiène publique, d'insalubrité ou d'incommodité liés à des odeurs nauséabondes. Alain Corbin décrit, dans son livre « Le miasme et la jonquille », des situations souvent extrêmes d'un point de vue olfactif, notamment à l'intérieur des villes dans les siècles passés :
« Il est des lieux où l'imprégnation est extrême, la puanteur insoutenable [...].
« La boue de Paris forme une mixture complexe de sable infiltré dans les pavés, d'odeurs nauséabondes, d'eau croupie et de crottin ; les roues de voitures la malaxent, la diffusent, font gicler les puanteurs sur la base des murs, sur les passants. »
Faisant suite à une industrialisation souvent non contrôlée, une réflexion de fond sur les nuisances industrielles s'instaure progressivement au XVIIIe siècle. Deux lois concernant les arts et la salubrité sont édictées en 1790 et 1791. Le décret impérial de 1810 introduit la notion d'odeurs et d'incommodité en précisant dans son article 1er que « les manufactures et ateliers qui répandent une odeur insalubre ou incommode ne pourront être formés sans une permission de l'autorité administrative ».
La prise en compte de la problématique « odeurs » dans la réglementation ne cessera dès lors de se développer.
La législation sur l'air va, dès 1961, prévoir la possibilité de réglementer l'émission de gaz odorants et assortir de sanctions le non-respect des obligations.
En 1975, la législation sur les déchets impose à tout producteur ou détenteur de déchets d'éliminer ses déchets dans des conditions ne générant pas de nuisances olfactives.
En 1976, la réglementation des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) soumet les installations susceptibles de présenter des graves dangers ou inconvénients pour la commodité du voisinage à un régime d'autorisation préalable et à l'obligation d'accompagner leur demande d'autorisation d'une étude d'impact comportant un volet « odeurs ». À compter de 1996, ce volet odeurs ne se borne plus à l'évaluation de l'état initial du site, mais comporte en sus une analyse des effets olfactifs de l'installation sur l'environnement ainsi que les mesures prévues par l'exploitant pour supprimer, limiter ou compenser les inconvénients de l'installation pour la commodité du voisinage. L'arrêté du 2 février 1998 crée un cadre général pour l'exploitation des installations classées soumises à autorisation tandis que les installations échappant à ce régime général voient leur activité réglementée par des arrêtés sectoriels de plus en plus précis en matière d'odeurs.
Parallèlement, la réglementation sur l'eau (loi sur l'eau de 1992) soumet les ouvrages, travaux et activités entraînant des prélèvements, déversements, écoulements ou rejets dans les eaux et ne figurant pas dans la nomenclature ICPE à un régime similaire à celui des ICPE (régime d'autorisation ou de déclaration en fonction des dangers de l'installation pour la ressource en eau ou les écosystèmes aquatiques). À ce titre, les ouvrages de traitement et de collecte des eaux usées doivent, depuis 1994, joindre à leur dossier de demande d'autorisation les dispositions prises dans la conception et l'exploitation de l'installation pour minimiser l'émission des odeurs.
Bien que l'objectif de cet article ne soit pas de dresser un inventaire exhaustif de la prise en compte des odeurs dans la législation française, il constitue un état des lieux détaillé en la matière. Nous évoquerons principalement le contexte réglementaire récent (à compter de la seconde partie du XXe siècle).
VERSIONS
- Version archivée 1 de janv. 2001 par Sébastien MALAN, Lionel POURTIER
- Version courante de sept. 2016 par Aurore KONZ-COSTE, Rémy LAGACHE, Lionel POURTIER
DOI (Digital Object Identifier)
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4. Odeurs et législation des installations classées
La loi du 19 juillet 1976 soumet les installations susceptibles de présenter des dangers ou inconvénients pour la commodité du voisinage à un régime d'autorisation ou de déclaration, se rapprochant de celui observé dans la législation sur l'eau. Toutefois, le régime des ICPE étant plus contraignant que celui prévu par la législation sur l'eau, il s'applique lorsqu'une installation ou un ouvrage relève à la fois de la législation sur l'eau et de la législation des ICPE.
Les procédures de demande d'autorisation ou de déclaration des ICPE sont prévues par le décret du 21 septembre 1977. Au titre de ce décret, la personne physique ou morale souhaitant mettre en service une ICPE soumise à autorisation doit joindre à sa demande une étude d'impact comportant un volet « odeurs ».
L'exploitation des ICPE est régie par différents textes en fonction du type d'installation (figure 2) :
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Les installations qui ne figurent pas dans la nomenclature ICPE sont soumises au règlement sanitaire départemental. Ce document contient un ensemble de prescriptions relatives à la salubrité publique. À ce titre, certaines des mesures prévues peuvent concerner les odeurs.
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Les ICPE soumises à déclaration sont régies par des arrêtés ministériels propres à chaque type d'activités (par exemple : compostage, verrerie, etc.).
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Les ICPE soumises à autorisation sont réglementées par l'arrêté du 2 février 1998. Toutefois, un certains nombre d'ICPE soumises à autorisation échappent expressément au cadre général fixé par l'arrêté du 2 février 1998 et sont régies par des arrêtés dits « sectoriels » (par exemple : traitement de sous-produits d'origine animale, verreries...). Concernant ces arrêtés sectoriels, les dispositions relatives aux odeurs sont généralement plus détaillées que celles prévues par l'arrêté du 2 février 1998. Des valeurs limites en termes de niveau ou débit d'odeur figurent expressément dans certains de ces textes.
Les différents aspects de la réglementation des ICPE sont repris et développés ci-dessous.
4.1 Dispositions générales
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - ADEME - Pollutions olfactives. - Éditions Dunod (2005).
-
(2) - MARTIN (G.), LAFFORT (P.) - Odeurs et désodorisation dans l'environnement. - TEC & DOC, Lavoisier, 484 p. (1991).
-
(3) - CORBIN (A.) - Le miasme et la jonquille. - Flammarion, 336 p. (1986).
-
(4) - POURTIER (L.), ROGNON (C.) - Les odeurs dans l'environnement. - [G 2 900] (2000).
-
(5) - GUIBELIN (E.) - Lutte contre la pollution des eaux. Élimination finale des boues d'épuration. - [G 1 451] (2000).
-
(6) - ROGNON (C.), POURTIER (L.) - Mesurer les odeurs. - [G 2 940] (2001).
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(7)...
NORMES
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Qualité de l'air – Détermination de la concentration d'une odeur par olfactométrie dynamique (indice de classement X43-327) - NF EN 13725 - 2003
ANNEXES
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