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Jacques JOUHANEAU : Professeur titulaire de la chaire d’Acoustique au Conservatoire des arts et métiers
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Lire l’articleINTRODUCTION
De toutes les agressions que l’homme subit dans son environnement quotidien, le bruit représente, sans conteste, l’un des éléments le plus répandu et le plus insidieux. Soupçonné depuis plusieurs décades d’être responsable de divers troubles physiologiques et physiques, le bruit a fait l’objet d’approches et de recherches multiples visant à comprendre ses modes d’action et ses mécanismes. En dépit de ces travaux, le bruit reste aujourd’hui l’une des nuisances les plus mal connues aussi bien sur le plan de ses effets sur l’individu que sur celui de ses répercussions économiques et sociales.
Cette méconnaissance repose en premier lieu sur la difficulté de mesurer les conséquences réelles – à court, moyen ou long terme – de l’agression sonore sur des organismes susceptibles de s’adapter et donc de masquer tout ou partie de ces effets. Elle est renforcée par le fait que le bruit comporte un grand nombre de composantes subjectives et qu’à ce titre il peut être perçu de façons très diffé-rentes d’un individu à l’autre avec des réactions variables donnant lieu à des interprétations le plus souvent contradictoires ou ambiguës.
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- Version courante de oct. 2008 par Jacques JOUHANEAU
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5. Théories sur les mécanismes d’action du bruit
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Théorie de la « distraction par le bruit » (historique)
Historiquement, une des premières propositions d’interprétation des effets du bruit a été de considérer celui-ci comme un élément susceptible de détourner l’attention et de limiter les capacités du sujet à s’investir dans sa tâche. Cette hypothèse est compatible avec les signes d’habituation que l’on observe dans bon nombre de situations et avec le fait que les variations de niveau de bruit réduisent la performance quel que soit le sens de ces variations. La plus grande susceptibilité au bruit observée au cours des tests demandant le plus de concentration va également dans le même sens.
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Théorie du « clignement interne » ou du filtre de Broadbent
Broadbent (1957) proposa une théorie très proche de la précédente, en comparant les effets du bruit sur la prise d’information à celui du clignement des yeux sur la vision. Cette analogie postulait l’incapacité du sujet à saisir à la fois l’information utile et le bruit si l’acquisition se faisait au moment de la « commutation ». Cette théorie donna naissance à la « Théorie du filtre » dont le principe est représenté schématiquement sur la figure 18.
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Perturbation de la mémoire à court terme
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Définition de la mémoire à court terme
La mémoire à court terme (MCT) est l’ensemble des processus qui comprennent « les activités capables de reproduire, identifier ou reconstruire pendant une durée restreinte une information généralement acquise lors d’un apprentissage de courte durée et le plus souvent, à l’occasion d’une seule perception » (Flores, 1968).
Cette définition inclut deux notions importantes : celles de durée et d’apprentissage. La MCT comprend généralement 4 phases : acquisition, rétention, restitution active et restitution potentielle ou attente (figure 19). Ce sont les deux premières phases qui sont les plus perturbées par le bruit.
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Modèle statique ou théorie du filtre généralisé
Le filtre élémentaire de Broadbent, comme tout système...
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Théories sur les mécanismes d’action du bruit
Le coût du bruit est impossible à chiffrer de façon globale. On peut simplement se donner quelques points de repère pour en estimer les retombées économiques possibles.
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Santé
Selon des estimations datant de 1978-1980, on peut considérer à plus de 30 milliards de francs (environ 4,5 milliards d’euros) le coût des problèmes dus au bruit, c’est-à-dire :
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11 % des accidents du travail ;
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15 % des journées de travail perdues ;
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20 % des internements psychiatriques.
On ne peut pas chiffrer les autres incidences :
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la consommation de médicaments (20 % des Français prennent des tranquillisants) ;
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les retards scolaires en milieu urbain ;
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les accidents de la circulation ;
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la violence induite par les bruits ;
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les effets insidieux sur la santé.
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Habitat
On estime à 0,5 % par dB la dépréciation pour les logements exposés à plus de 55 dB A de circulation routière.
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Industrie
2 à 3 millions de travailleurs sont exposés à des niveaux supérieurs à 85 dB A pendant 8 heures par jour, ce qui représente un surcoût de plus de 100 milliards...
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