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Jacques JOUHANEAU : Professeur titulaire de la chaire d’Acoustique au Conservatoire des arts et métiers
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Lire l’articleINTRODUCTION
De toutes les agressions que l’homme subit dans son environnement quotidien, le bruit représente, sans conteste, l’un des éléments le plus répandu et le plus insidieux. Soupçonné depuis plusieurs décades d’être responsable de divers troubles physiologiques et physiques, le bruit a fait l’objet d’approches et de recherches multiples visant à comprendre ses modes d’action et ses mécanismes. En dépit de ces travaux, le bruit reste aujourd’hui l’une des nuisances les plus mal connues aussi bien sur le plan de ses effets sur l’individu que sur celui de ses répercussions économiques et sociales.
Cette méconnaissance repose en premier lieu sur la difficulté de mesurer les conséquences réelles – à court, moyen ou long terme – de l’agression sonore sur des organismes susceptibles de s’adapter et donc de masquer tout ou partie de ces effets. Elle est renforcée par le fait que le bruit comporte un grand nombre de composantes subjectives et qu’à ce titre il peut être perçu de façons très diffé-rentes d’un individu à l’autre avec des réactions variables donnant lieu à des interprétations le plus souvent contradictoires ou ambiguës.
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- Version courante de oct. 2008 par Jacques JOUHANEAU
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2. Effets auditifs du bruit
2.1 Gêne
Les échelles de sonie qui caractérisent l’intensité subjective des sons perçus peuvent être obtenues soit par comparaison d’un son pur de fréquence quelconque avec un son de 1 000 Hz donnant la même sensation de niveau (échelle des phones), soit par comparaison, deux à deux, de sons de même fréquence dont l’un donne une sensation de niveau double de l’autre (échelle des sones). Les deux formes d’analyse font apparaître des propriétés de non-linéarités de perception d’intensité par rapport au niveau physique du stimulus.
Ainsi un son de 60 dB à 2 000 Hz sera-t-il jugé deux fois plus intense qu’un son de 50 Hz de même niveau.
C’est précisément pour tenir compte de cet effet de filtrage auditif que des courbes de pondération ont été introduites. Leur rôle consiste à moduler l’enveloppe spectrale du signal physique de façon à lui donner grossièrement la forme compensatoire de la distorsion apportée par l’oreille. Pour traduire le fait que la concavité de la courbe varie avec l’intensité du son, les auteurs ont proposé des courbes de pondération susceptibles de rendre compte des différents facteurs intervenant dans la distorsion auditive. En pratique, trois niveaux de pondération sont utilisés (figure 2) : la courbe A, correspondant approximativement à la fonction de transfert inverse des courbes d’égale sensation des sons peu intenses et, de même, les courbes B et C pour les sons de moyenne et de forte intensité.
L’évaluation de la nuisance subjective a été introduite sur les mêmes principes que l’évaluation de la sonie exprimée en sones (cf. encadré 1). Cette nuisance est exprimée en noys.
Courbes d’isosonie en phones
On compare le niveau d’un son pur de fréquence f à un son pur de référence de 1 000 Hz. Un son de 100 Hz devra atteindre environ 70 dB pour donner une sensation de niveau identique à celle d’un son de 1 000 Hz de 60 dB : le son de 100 Hz a un niveau subjectif de 60 phones.
Courbes d’isosonie en sones
On attribue à un son pur de 1 000 Hz à 40 dB la valeur de 1 sone. On cherche le niveau donnant une sensation deux...
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Effets auditifs du bruit
Le coût du bruit est impossible à chiffrer de façon globale. On peut simplement se donner quelques points de repère pour en estimer les retombées économiques possibles.
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Santé
Selon des estimations datant de 1978-1980, on peut considérer à plus de 30 milliards de francs (environ 4,5 milliards d’euros) le coût des problèmes dus au bruit, c’est-à-dire :
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11 % des accidents du travail ;
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15 % des journées de travail perdues ;
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20 % des internements psychiatriques.
On ne peut pas chiffrer les autres incidences :
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la consommation de médicaments (20 % des Français prennent des tranquillisants) ;
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les retards scolaires en milieu urbain ;
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les accidents de la circulation ;
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la violence induite par les bruits ;
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les effets insidieux sur la santé.
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Habitat
On estime à 0,5 % par dB la dépréciation pour les logements exposés à plus de 55 dB A de circulation routière.
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Industrie
2 à 3 millions de travailleurs sont exposés à des niveaux supérieurs à 85 dB A pendant 8 heures par jour, ce qui représente un surcoût de plus de 100 milliards...
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