Cette année encore, les entreprises japonaises ne sont pas parvenues à recruter autant de profils scientifiques qu’elles l'auraient souhaité. Plus de 5 % des offres d’emploi en intelligence artificielle n’ont pu être pourvues.
La période annuelle de recrutement massif et national des nouveaux diplômés japonais s’est terminée le 1er avril, date de début de l’année fiscale au Japon. A l’issue de cette campagne 2019, le quotidien japonais Nikkei a sondé les entreprises japonaises quant à l’évolution de leurs besoins en ressources humaines et leur capacité à recruter les profils recherchés.
Cette année, les entreprises japonaises ne sont pas parvenues à recruter autant de profils scientifiques qu’elles auraient aimé. Le sondage révèle que plus de 5 % de ces offres d’emploi n’ont pu être pourvues. En particulier, les compétences en intelligence artificielle et en analyse de données (data science), pour lesquelles la demande des entreprises est en forte hausse, sont les plus touchées. Cette incapacité du flux de nouveaux diplômés scientifiques arrivant sur le marché du travail à satisfaire la demande des entreprises est un phénomène continu depuis 2008, date à laquelle ces statistiques ont commencé à être produites. En comparaison, depuis 2017, les diplômés en sciences humaines parviennent à satisfaire les demandes d’embauche des entreprises japonaises.
Ce phénomène devrait se poursuivre dans les prochaines années. En effet, selon ce sondage, la demande des entreprises japonaises pour les diplômés scientifiques va augmenter de 11,7 % pour la session de recrutement du printemps 2020 (constituant ainsi la sixième année de croissance à deux chiffres de cet indicateur) : le gouvernement japonais prévoit ainsi un manque de 50,000 ingénieurs en sciences et technologies. Cette pénurie remet en cause les ambitions japonaises et la capacité du pays à atteindre ses objectifs, notamment la société du futur (society 5.0) concept clé de la stratégie du gouvernement.
Dans le cadre des travaux de définition de la stratégie nationale en matière d’intelligence artificielle (qui complètera la première stratégie publiée en mars 2017, et dont les conclusions sont attendues pour l’été 2019), plusieurs mesures ont été identifiées pour faire face à cette pénurie de ressources. Lors d’une réunion fin mars, le panel d’experts a recommandé que tous les étudiants en université reçoivent une formation de base en intelligence artificielle, et que des formations puissent être créées afin que les salariés en entreprise se forment à ce domaine.
D’ores et déjà, plusieurs initiatives impliquant les sphères académique et industrielle ont été lancées :
- Les universités japonaises adaptent leurs formations pour aborder ces sujets plébiscités par les industriels : on note par exemple la création d’un département dédié à la data science à l’université de Yokohama (2018) et à l’université de Shiga (2017), ou encore d’un département spécialisé en intelligence artificielle à l’université de Rikkyo (2018).
- Par ailleurs, les cours en intelligence artificielle proposés par l’université de Tokyo et l’université d’Osaka vont s’ouvrir aux employés d’entreprises.
- Le ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie japonais (METI) a annoncé le lancement d’une « AI school » à partir de septembre 2019. Celle-ci aura pour objectif d’encourager le partage de connaissances entre salariés et étudiants du domaine.
Source : France Diplomatie
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