Présentation
EnglishRÉSUMÉ
Le Web sémantique propose dorénavant un saut qualitatif par rapport au Web actuel. Il permet de connecter différentes ressources du Web (documents et données, au sens large) par des liens sémantiques en construisant ainsi des graphes de connaissances structurés. Ceux-ci sont ensuite exploitables pour différentes tâches, en déployant ces structures et la sémantique ainsi créée. Le modèle de représentation RDF (Resource Description Framework) aide à réaliser aisément cette approche dans le Web distribué. La standardisation de ce modèle, mais aussi celle des vocabulaires décrivant les notions utilisées, permettent d'obtenir une interopérabilité généralisée. Les ontologies, au sens de l'ingénierie des connaissances, jouent alors un rôle majeur. Ces notions de Web sémantique et d'ontologie sont ainsi étroitement liées.
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Philippe LAUBLET : Maître de conférences à l'université Paris-Sorbonne (Paris-4)
INTRODUCTION
En 1989, Tim Berners-Lee, futur fondateur du W3C, imagine pour le CERN, une organisation novatrice des ressources internes sous forme d'un réseau informatique distribué. La structure proposée est celle d'un graphe dont les nœuds représentent les ressources (personnes, groupes de personnes, projets, concepts, documents, objets du hardware, entités de natures diverses) et les arcs des liens étiquetés connectant les nœuds. Des exemples d'étiquettes proposées, en 1989, sont : dépend de, est partie de, réalise, réfère à, utilise, est un exemple de... Cette vision, reprenant la notion d'hypertexte est à l'origine du Web. Pourtant, malgré la rapidité de son expansion avec un nombre impressionnant de sites et d'utilisateurs, le Web actuel ne reflète qu'imparfaitement la vision initiale. Le Web ne connecte que des documents (nœuds non typés) et les liens eux-mêmes ne sont pas munis d'étiquettes typées. Les utilisateurs humains ont appris à faire avec ces limitations en s'appuyant sur leur compréhension du contenu des documents connectés et en attribuant, si possible, un sens aux liens à l‘aide du texte des ancres. Par contre, ces capacités restent largement inaccessibles aux logiciels faute d'une sémantique interprétable par les machines.
L'initiative du Web sémantique (WS), impulsée par le W3C, propose un saut qualitatif à partir du Web actuel qui, d'une certaine manière, reprend la vision originelle de Berners-Lee. Pour reprendre Berners-Lee et al. dans The Semantic Web, « le Web sémantique est une extension du Web actuel dans laquelle l'information est munie d'une signification bien définie, permettant aux ordinateurs et aux personnes de mieux travailler en coopération ».
Les promoteurs du WS proposent la construction systématique d'un niveau supplémentaire de description explicite des ressources et des liens pour une meilleure utilisation par les machines. Ce niveau spécifique de représentation est composé de ce qu'il est souvent convenu d'appeler des métadonnées ou annotations sémantiques. Il obéit à un modèle de graphe simple, le modèle RDF (cf. § 2.1), qui permet de lier sémantiquement les ressources. Mais il permet aussi des représentations complexes. Dans la suite, ressource signifie tout ce qui peut être identifié par une URI (Uniform Ressource Identifier). Ces URIs ont deux rôles, le premier d'identification, le second d'adressage (lié à un protocole dans le cas des URL), donc, dans ce cas, de localisation et d'accès. Ainsi, ressource, donnée au sens large, signifie aussi bien un livre ou un document, un lieu géographique, une notion dans un schéma conceptuel mais bien sûr aussi une page Web ou une partie de cette page, en fait toute donnée manipulée à travers son URI et ses représentations (cf. pour des exemples la note en § 2.1).
Les réalisations WS doivent le plus souvent s'appuyer sur des vocabulaires logiques standardisés pour des communautés d'utilisateurs ou même à l'échelle du Web tout entier. Dans le cas du WS, ces vocabulaires découlent d'ontologies dans un sens que nous préciserons dans la section 2.4.
À partir de ce socle commun, de nombreuses technologies ont été construites. Intéressantes en tant que telles, elles trouvent leur emploi aujourd'hui, d'une part dans des projets qui structurent et connectent des parties de plus en plus importantes du Web, comme de vastes projets en biologie ou bien encore l'initiative « Linking Open Data » (cf. WS II), d'autre part dans des applications d'entreprise déployées « localement » (cf. WS II).
Bien sûr, les perspectives ouvertes par le WS ne sont pas simplement technologiques, mais elles sont aussi sociales et économiques. Elles peuvent modifier et enrichir beaucoup d'activités individuelles et collectives, particulièrement coopératives, en facilitant la production, l'accès et l'exploitation des ressources numériques dans leur diversité.
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4. Conclusion
Dans ce premier article, nous avons voulu expliquer les principes à la base du Web sémantique et les changements qu'il apporte à notre vision du Web vers un Web de données (dont les documents ne sont qu'un type parmi d'autres) à fort niveau de connexion. Nous avons cherché à faire comprendre la nature des représentations sémantiques, le rôle majeur du modèle RDF et le rôle central des ontologies dans un contexte de recherche d'interopérabilité généralisée.
Dans la seconde partie, nous expliciterons d'abord les différentes technologies proposées dans le cadre du Web sémantique dont les langages, certes centraux, ne sont pourtant qu'une partie. Ensuite, bien qu'il soit impossible de rendre compte de l'ensemble des travaux qui utilisent les technologies du WS qui diffusent dans des contextes différents (Web ouvert mais aussi Web d'entreprise), nous présenterons différentes réalisations. La diversité des travaux est grande selon différents points de vue : usages et objectifs, contexte, échelle, niveau de maturité, etc. Nous focaliserons notre attention d'abord sur des projets essentiels sur le Web ouvert comme le projet LOD, le plus vaste mais qui traduit sans doute le mieux la vision actuelle du WS au W3C.
la réutilisation des ressources est un des objectifs majeurs du WS. Elle évite la redondance et la dispersion : les informations sur une ressource doivent exister une fois sans réplication supprimant ou du moins masquant l'hétérogénéité à l‘aide de cette couche de représentation plus abstraite. L'initiative Linking Open Data est le meilleur exemple de cette volonté à l'échelle du Web ou du moins d'une partie de plus en plus importante de celui-ci. L‘objectif est d'exposer des ensembles importants de données en RDF et de les connecter. Dès aujourd'hui, des billions de triplets existent distribués dans les diverses réalisations du WS. De très nombreux liens connectent ces bases de triplets. Un des objectifs est de pouvoir faire des requêtes sur le tout qui ne pourraient pas être faites sur un des ensembles individuels de données.
Ensuite nous présenterons des réalisations en entreprise...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - BERNERS-LEE (T.), HENDLER (J.), LASSILA (O.) - The Semantic Web. - Scientific American, p. 34-43, mai 2001.
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(2) - BIZER (C.), HEATH (T.), BERNERS-LEE (T.) - Linked Data. The story so far. - IJSWIS, vol. 5, Issue 3, p. 1-22 (2009).
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(4) - USCHOLD (M.) - Where are the semantics in the Semantic Web. - AI Magazine, Fall, 24(3) (2003).
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(5) - BERNERS-LEE (T.) - Le Web va changer de dimension. - La Recherche, p. 34-38, nov. 2007.
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(6) - DOERR (M.), HUNTER (J.), LAGOZE (K.) - Toward a Core Ontology for Information Integration. - Journal of Digital Information, vol. 4, no 1 (2003).
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