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1 - SPÉCIFICITÉS DE LA FILIÈRE ŒNOLOGIQUE

2 - MICROFILTRATION TANGENTIELLE EN ŒNOLOGIE

3 - INTÉGRATION DE LA MICROFILTRATION TANGENTIELLE

4 - AUTRES APPLICATIONS MEMBRANAIRES

Article de référence | Réf : F3270 v1

Spécificités de la filière œnologique
Application des membranes dans la filière œnologique

Auteur(s) : Jean-Louis ESCUDIER, Michel MOUTOUNET, Aude VERNHET

Date de publication : 10 déc. 2000

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Auteur(s)

  • Jean-Louis ESCUDIER : Ingénieur de recherche INRA - Station expérimentale d’œnologie de Pech Rouge

  • Michel MOUTOUNET : Directeur de recherche INRA, unité de recherche Biopolymères et Arômes, centre de recherches de Montpellier

  • Aude VERNHET : Maître de conférences à l’École nationale supérieure agronomique de Montpellier

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INTRODUCTION

Les traitements nécessaires à l’élaboration des vins et à leur préparation avant mise en bouteille conduisent à l’utilisation de filtrations successives contraignantes. Les moyens technologiques classiques disponibles (centrifugation, filtration par alluvionnage, par filtre rotatif sous vide, filtration sur plaques) sont exploités en limite de leurs possibilités pour répondre aux nouveaux cahiers des charges qualitatifs établis par les distributeurs : absence de troubles, brillance, stabilité microbiologique, stabilité tartrique des vins.

La mise au point de membranes et d’appareillages adaptés aux caractéris-tiques des vins a permis à la microfiltration tangentielle (MFT) d’assurer, en une seule opération unitaire, une sécurité en terme de limpidité et de stabilité microbiologique. Elle garantit un respect qualitatif du vin traité et répond ainsi aux demandes des utilisateurs de ce procédé par l’obtention de produits à faible turbidité (inférieure à 1 NTU), pauvres en germes (le diamètre moyen des pores étant de 0,2 µm) et par la conservation des caractéristiques organoleptiques des vins. De nombreuses applications sont dès lors offertes aux utilisateurs de cette technologie.

Le vinificateur peut traiter par MFT un vin brut dès la fin de la fermentation malolactique et obtenir en une seule étape un vin limpide et stable microbiologiquement, compatible avec un bon respect qualitatif du produit et des flux de perméation convenables. Il découle de cette application sur vins bruts un certain nombre d’autres intérêts œnologiques :

  • maîtrise de la fermentation malolactique ;

  • maîtrise de l’évolution de l’acidité volatile par une diminution contrôlée, jusqu’à l’élimination complète des bactéries contaminantes ;

  • diminution sensible de l’utilisation du SO2 sur les vins microfiltrés.

Le vinificateur ou le négociant peuvent également traiter par MFT un vin à tout moment qu’ils jugent opportun dans le cycle d’évolution ou de maturation du vin.

La préclarification ou la stabilisation des vins par collage, centrifugation ou filtration par alluvionnage facilitent les performances du filtre tangentiel. Cela est essentiellement dû à la diminution de la charge particulaire des vins prétraités. Les vins traités sur colle doivent cependant faire l’objet d’un soutirage au clair rigoureux afin de ne pas mettre au contact des membranes des particules abrasives ou colmatantes.

Enfin, par rapport aux procédés traditionnels, de nombreux avantages sont à prendre en compte : fonctionnement en continu, automatisation poussée, diminution de matériel consommable indispensable en filtration classique (plaques, adjuvants), limitation des quantités de rejets ou de pertes de produits.

Le positionnement de la MFT conduit à une simplification significative du travail par un raccourcissement de la chaîne technologique. Le couplage avec la technique d’électrodialyse, autre technique membranaire nouvellement autorisée et référencée en œnologie, est proposé. Cela permet de maîtriser en continu la stabilisation tartrique, la clarification et la stabilisation microbiologique. Dans ce cas, il n’est pas du tout nécessaire de filtrer sur terre (« Kieselghur ») les vins. Les exemples étudiés ont montré qu’il en découle au moins un aussi bon et souvent un meilleur respect qualitatif du vin traité par rapport aux schémas traditionnels. Ces progrès sont la conséquence d’une meilleure adaptation qualitative des matériaux membranaires et de la mise en place de systèmes de nettoyage en place.

La configuration des membranes proposées est majoritairement de type capillaire, parfois de type spirale, moins souvent plane et tubulaire. Les membranes de type minéral, malgré leur forte potentialité (durée de vie, tenue à la température, nettoyabilité), ne sont encore que peu développées. Leur coût nettement supérieur à celui des membranes organiques en est la principale cause. Là aussi, les recherches en cours devraient leur permettre de se développer à court terme compte tenu de leurs spécificités et d’une large polyvalence d’utilisation (moût, vin, concentré, coproduits...).

L’osmose inverse s’est également développée pour réguler la teneur en sucres des moûts trop dilués de la vendange.

L’ensemble de ces innovations technologiques garantit par la mise au point de conduites de procédés automatisables une assurance qualité et une traçabilité tout au long de la chaîne de préparation des vins.

Les surfaces développées et le nombre d’unités vendues sont depuis 1998 tout à fait significatifs.

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DOI (Digital Object Identifier)

https://doi.org/10.51257/a-v1-f3270


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1. Spécificités de la filière œnologique

1.1 Composition du vin

La filtration des vins remonte à l’origine du vin. La présence d’un trouble ou d’un dépôt au fond de la bouteille est perçue par la majorité des consommateurs comme un défaut et une altération du produit. Au cours des siècles, les moyens de filtration ont régulièrement évolué : tissus divers, premiers filtres industriels au XVIIIe siècle puis filtres par alluvionnage, plaques et membranes de filtration.

Le vin est la boisson fermentée élaborée à partir de raisin frais. Le jus sucré est extrait du raisin (pulpe et pellicule essentiellement), et par diffusion et macération, on obtient les composés phénoliques, les composés marqueurs de la spécificité d’arômes et leurs précurseurs, des acides organiques, des anions, des cations, des composés azotés...

Les vins sont appréciés avant tout pour leurs propriétés sensorielles et sont de ce fait soumis à une évaluation et à une expertise qualitative plus précise que les autres produits alimentaires. La filtration entre complètement dans cette approche.

La fermentation alcoolique modifie la composition des moûts par la disparition des sucres, glucose et fructose, avec formation d’alcools accompagnés de produits secondaires tels que les polyols, et notamment le glycérol, divers acides organiques et de nombreux composés volatils fermentaires.

Le tableau 1 donne par groupes chimiques les principaux composés du vin et leur teneur courante. Le vin renferme ainsi plus d’un millier de constituants à des concentrations allant selon leur nature de moins de 1 µg/L à plusieurs grammes par litre. Les ouvrages d’œnologie de la fin des années 1990 détaillent cette composition [1] [2]. Certains constituants se retrouvent en solution vraie – ils constituent des solutions limpides s’ils ne sont pas en sursaturation – comme les sels minéraux, les sucres, les alcools. D’autres constituants forment des solutions colloïdales. Il s’agit de macromolécules glucidiques ou protéiques, de composés phénoliques. Lors de l’évolution des vins, des modifications biochimiques et physico-chimiques peuvent conduire à la formation d’agrégats et de précipités.

D’un point de vue physico-chimique, le vin ne diffère pas de façon profonde de la constitution générale d’autres boissons. Il s’en...

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