Présentation
EnglishRÉSUMÉ
La contamination représente le dépôt de particules solides ou de liquide sur une surface, inerte ou vivante. Lorsque la contamination est le fait de produits chimiques toxiques et persistants, afin de limiter les risques sanitaires, il devient nécessaire de la déplacer et/ou de la neutraliser : c’est la décontamination. Cependant, si les techniques de décontamination sont nombreuses et relativement décrites dans la littérature, la question cruciale « jusqu’à quels niveaux décontaminer ?» n’est que partiellement abordée. Cet article apporte des éléments de réponse en détaillant différentes dimensions de réflexion sous-jacente : les différentes formes de contamination, la prise en compte des données toxiques et d’exposition et enfin la faisabilité analytique.
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Lire l’articleAuteur(s)
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Jean-Ulrich MULLOT : Professeur agrégé du Val-de-Grâce - Chef du laboratoire de chimie analytique - Laboratoire d'analyses de surveillance et d'expertise de la marine, Toulon, France
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Frédéric DORANDEU : Professeur agrégé du Val-de-Grâce - Chef du département de toxicologie et risques chimiques - Institut de recherche biomédicale des armées, Brétigny-sur-Orge, France
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Anne BOSSÉE : Ingénieur d'études et de recherches, Paris, France
INTRODUCTION
L'intérêt grandissant pour une certification de l'absence de danger résiduel impose que l'on puisse faire un point très précis sur ce que cela implique. C'est l'objectif que nous nous sommes fixé dans cet article.
Traiter du contrôle de la décontamination chimique nécessite de rappeler dans un premier temps ce que l'on entend par contamination et décontamination. Sans prétendre à l'exhaustivité, quelques exemples particulièrement significatifs pris dans le cadre des dangers associés à différentes situations rencontrées par les militaires (toxiques de guerre essentiellement) sont évoqués. Les exemples choisis sont dans le domaine de la menace NRBC (nucléaire, radiologique, biologique, chimique) mais les éléments présentés peuvent dans une certaine mesure être étendus à de nombreuses autres situations du monde civil, particulièrement les situations accidentelles du type attentat avec utilisation de produits chimiques.
Dans un second temps, les conditions suffisantes et nécessaires pour fixer des seuils réputés acceptables de décontamination sont détaillées en faisant appel à deux exercices scientifiques complémentaires : la fixation de valeurs toxicologiques de référence et l'élaboration de scénarios d'exposition. Ces deux exercices sont par essence pluridisciplinaires et nécessitent un dialogue soutenu et compréhensible entre les décideurs d'une part et les équipes scientifiques d'autre part. Des exemples chiffrés, essentiellement issus de la littérature nord-américaine, sont donnés afin d'illustrer à la fois la complexité de cet exercice, les prérequis et les limites mais aussi la sensibilité du résultat final aux choix effectués préalablement aux calculs numériques (scénario d'exposition, acceptabilité d'effets sanitaires mineurs, etc.).
Enfin, dans un troisième temps, les outils analytiques utilisables aujourd'hui pour vérifier, lors de simulation, sur le terrain ou dans des laboratoires spécialisés, le respect des niveaux de décontamination préalablement calculés sont détaillés.
Cet article illustre qu'en filigrane d'une question en apparence simple « jusqu'à quelle valeur décontaminer après une contamination chimique » se cachent en réalité des raisonnements complexes et nécessitant du temps pour aboutir à un consensus des parties prenantes. Il nous semble indispensable de conseiller que ces raisonnements soient effectués avant la survenue d'un incident/accident : une fois survenu l'incident ou l'accident le temps et l'énergie doivent être consacrés à la décontamination et à son contrôle et non plus aux calculs.
MOTS-CLÉS
applications Toxicologie Decontamination certifiée Evaluation des risques sanitaires Risques NRBC Décontamination chimie analytique Toxicologie
DOI (Digital Object Identifier)
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3. Niveaux acceptables de décontamination chimique
La décontamination de personnes, surfaces de travail, matériels etc. doit être entreprise jusqu'à des niveaux réputés acceptables pour la santé humaine. Il convient donc de définir numériquement ces niveaux. Les cas de la fixation de seuils « acceptables » en toxiques industriels/chimiques, sur la base de critères comme la sensibilité du matériel ou la protection de l'écosystème ne sont pas abordés. Transformer les attentes des parties prenantes en matière de santé humaine en un ou plusieurs chiffres, idéalement mesurables, permet de fixer les idées, de donner des seuils et par exemple de s'assurer du respect ou non des exigences fixées. Sans idéaliser la précision de ces chiffres, ils constituent des outils indispensables à toute démarche d'évaluation et de gestion des risques chimiques, pour les toxiques de guerre/industriels comme pour les autres substances toxiques.
Soulignons quelques caractéristiques fondamentales de ces seuils « acceptables » pour une décontamination car elles expliquent la diversité des résultats chiffrés que l'on peut trouver dans la littérature scientifique.
– Ce qui est acceptable dans une situation donnée – la poursuite du combat par exemple – ne l'est pas nécessairement dans une autre situation : la réouverture d'un aéroport au public par exemple. Ainsi, les seuils de décontamination sont-ils très sensibles à la définition stricte d'un scénario d'exposition, concept développé ci-après. Une grande partie du travail de communication entre les opérationnels, les planificateurs, les toxicologues et les chimistes analytiques doit donc s'attacher à trouver un consensus sur ce scénario d'exposition, traduction pratique, pragmatique et souvent chiffrée des attentes des uns et des autres. Cela pourrait en apparence sembler sibyllin mais décider que les seuils qui vont être calculés sont destinés à protéger les enfants ou uniquement les adultes – selon le scénario retenu – peut se traduire in fine par des différences chiffrées de plusieurs ordres de grandeur.
– Les connaissances scientifiques évoluent dans le temps, s'affinent et par conséquent les seuils sont toujours calculés en l'état actuel des connaissances. Des seuils calculés à des périodes différentes peuvent apparaître très différents simplement en raison de l'actualisation des connaissances scientifiques.
– La fixation...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - NATO - Nato glossary of chemical, biological, radiological and nuclear terms and definitions English and French. - AAP-21 (b), 111 p., juil. 2006.
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(2) - BREVETT (C.), NICKOL (R.), SUMPTER (K.), WAGNER (G.) - Degradation of the blister agent bis(2-chloroethyl) sulfide and simulant 2-chloroethyl phenyl sulfide on concrete. - Rapport ECBC-TR-535, Edgewood Chemical Biological Center, 29 p., avr. 2007.
-
(3) - MUNRO (N.), TALMAGE (S.), GRIFFIN (G.), WATERS (L.), WATSON (A.), KING (J.), HAUSCHILD (V.) - The sources, fate, and toxicity of chemical warfare agent degradation products. - Environmental Health Perspective, 107(12), p. 933-974 (1999).
-
(4) - ANSES - Valeurs sanitaires de référence (VR) - . Guide des pratiques d'analyse et de choix, 43 p., juil. 2012.
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(5) - MULLER (V.), SORENSEN (J.H.) - How clean is safe ? Improving the effectiveness of decontamination of structures and people following chemical and biological incidents. - Rapport ORNL/TM-2002/178, 115 p., oct. 2002.
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DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
ANNEXES
Base de données européenne Expofacts https://ec.europa.eu/jrc/en/expofacts
Valeurs toxicologiques AEGL http://www.epa.gov/oppt/aegl/
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Logiciel EPISUITE https://www.epa.gov/tsca-screening-tools/epi-suitetm-estimation-program-interface
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NF EN ISO/CEI 17025, Prescriptions générales concernant la compétence des laboratoires...
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