Présentation
EnglishRÉSUMÉ
L'objectif de cet article est de fournir des modèles permettant de prévoir la durée de vie des contacts frottants. Il précise les enjeux associés à la maîtrise de l'usure, définit l'usure, décrit des méthodes de mesure, rappelle deux critères permettant de caractériser les interactions entre pièces frottantes: épaisseur réduite du film lubrifiant de Tallian et index de plasticité de Greenwood-Williamson. Il présente la loi de Preston-Archard qui décrit l'effet sur l'usure de la force normale et de la longueur de glissement avec la vitesse d'usure k, discute son origine microscopique, sa validité expérimentale et les valeurs de k, analyse avec cette loi des systèmes tribologiques.
Lire cet article issu d'une ressource documentaire complète, actualisée et validée par des comités scientifiques.
Lire l’articleAuteur(s)
-
Éric FELDER : Maître de Recherches honoraire - MINES ParisTech - CEMEF, France et
-
Pierre MONTMITONNET : Directeur de Recherches CNRS - MINES ParisTech - CEMEF, France
INTRODUCTION
Le mouvement relatif entre deux corps solides engendre deux phénomènes indissociables : le frottement, c’est-à-dire la résistance mécanique à ce mouvement relatif (forces, couple) et l’usure, c’est-à-dire une perte de matière des corps antagonistes. Le frottement a des conséquences négatives (énergie dissipée), mais aussi positives ; il assure la stabilité de notre marche sur le sol, le freinage des véhicules, l’entraînement d’une tôle dans l’emprise d’un laminoir, l’échauffement des pièces et leur soudage dans le procédé de soudage par friction ou friction/malaxage. À l’opposé, l’usure des pièces frottantes et des outils de fabrication (formage par déformation plastique, coupe et découpe mécanique, assemblage par sertissage, rivetage, clinchage, soudage par friction-malaxage, moulage ; procédés d’extrusion, injection des polymères) n’a que des côtés négatifs et doit être minimisée. En effet, l’usure entraîne l’arrêt des chaînes de fabrication, des moyens de transport, de chauffage, de production d’énergie… et la nécessité de remplacer les éléments usés, bref a des répercussions très coûteuses sur les activités humaines. Selon une étude réalisée par le CETIM, les phénomènes d’usure représentent un coût de l’ordre de 4 % du PNB de la France.
À noter toutefois que les procédés d’usinage par abrasion (rectification, ultra-sons, rodage, polissage) ou certains procédés d’usinage physico-chimiques (chimique, électroérosion) ont pour objectif d’ôter de la matière à un matériau à la vitesse la plus élevée possible afin d’obtenir, pour le coût le plus faible possible, une pièce possédant la géométrie souhaitée et des propriétés superficielles optimales (rugosité, contraintes résiduelles, microstructure). Le domaine de la modélisation de l’usure rejoint ainsi par bien des côtés celui de la modélisation de ces procédés d’usinage, bien que les objectifs pratiques en soient assez différents.
Il faut toutefois souligner qu’un contact implique deux antagonistes et qu’il est souvent souhaitable de fixer les phénomènes d’usure, a priori inévitables, sur l’une des deux pièces, la plus facile et la moins coûteuse à changer (pièce d’usure sacrificielle, comme on peut utiliser une anode sacrificielle pour faire face à la corrosion). Ainsi, par un choix judicieux du matériau des plaquettes de freinage d’un véhicule automobile, on concentre l’usure sur les patins, faciles à changer, pour maintenir les performances du frein et protéger les disques de freinage, solidaires du véhicule et plus massifs. De même, dans un palier, il est souhaitable de concentrer l’usure sur le coussinet, facile à changer… Ceci nécessite la connaissance de règles simples pour concevoir le contact. Par ailleurs, il faut pouvoir prendre en compte l’usure dans la conception des machines et des opérations de fabrication dont le cahier des charges contient en général des spécifications sur la durée de vie minimale du dispositif. Par exemple, le prix de revient d’une pièce fabriquée peut fortement dépendre de la durée de vie des outils utilisés (mise en forme à chaud des métaux par filage et forgeage, usinage). Il est donc très important de disposer de modèles permettant de prévoir la vitesse d’usure des pièces frottantes et ainsi maîtriser leur durée de vie. Il s’agit d’un problème complexe, car il existe une grande variété de mécanismes d’usure, opérant souvent de manière interactive. C’est pourquoi, avant toute modélisation de l’usure d’un mécanisme ou d’un outil, il importe de préciser par un examen des pièces usées et/ou des débris engendrés les caractéristiques de son usure, ce qui n’est pas une tâche aisée : l’usure est un phénomène d’évolution lente de la géométrie des pièces, qui peut être très sensible aux paramètres de fonctionnement du système tribologique où est incluse la pièce.
L’objectif de cet article est de fournir des règles et des modèles de calcul permettant de concevoir un système tribologique et de prévoir la durée de vie d’un contact ou d’un outil de fabrication. On s’attachera aussi à indiquer comment on peut augmenter la durée de vie du contact ou de concentrer l’usure sur l’un des antagonistes. Nous renverrons à divers articles de la collection qui traitent de manière détaillée certains aspects de la question.
Après avoir précisé les enjeux associés à la maîtrise de l’usure, cet article définit l’usure et décrit diverses méthodes de mesure de l’usure. Puis il rappelle les principaux critères permettant de caractériser les modes d’interaction entre pièces frottantes :
-
l’épaisseur réduite du film lubrifiant de Tallian définissant les régimes de lubrification ;
-
l’index de plasticité de Greenwood et Williamson permettant de préciser le mode de déformation des microcontacts entre deux solides élastoplastiques pour un contact sec ou pour un contact lubrifié en régime mixte ou limite.
Après avoir discuté l’effet du rodage des surfaces, il présente la loi de Preston-Archard qui décrit l’effet sur l’usure de la force normale et de la longueur de glissement en introduisant la vitesse d’usure k, discute son origine microscopique, sa validité expérimentale. Il précise les valeurs de k et analyse avec cette loi divers systèmes tribologiques.
Pour approfondir certains aspects plus appliqués, comme par exemple la description détaillée de pièces usées ou la mise en place de solutions comme la déposition d’un film protecteur, le lecteur pourra consulter avec profit les articles [BM 5065] [BM 5066] [BM 5067] [BM 5068].
MOTS-CLÉS
vitesse d'usure caractérisation des contacts mesure de l'usure composants mécaniques procédés de fabrication
DOI (Digital Object Identifier)
Cet article fait partie de l’offre
Frottement, usure et lubrification
(92 articles en ce moment)
Cette offre vous donne accès à :
Une base complète d’articles
Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques
Des services
Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources
Un Parcours Pratique
Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses
Doc & Quiz
Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive
Présentation
6. Conclusions
Dans cet article, nous nous sommes attachés à caractériser le mode de fonctionnement des contacts frottants vis-à-vis de l’usure en traitant les points suivants :
-
définition de l’usure et discussion de ses ordres de grandeur et de ses relations avec le frottement ;
-
description de diverses méthodes de mesure de l’usure des pièces frottantes des mécanismes et des outils de fabrication ;
-
caractérisation des régimes de lubrification et présentation des possibilités de limiter l’usure à l’aide des propriétés des lubrifiants ;
-
caractérisation du mode de déformation des matériaux élastoplastiques au niveau microscopique des zones de contact en régime sec ou lubrifiées par des films minces (limites) ;
-
discussion des moyens de maintenir les microcontacts dans un domaine de déformation élastique, gage d’une grande durée de vie et d’une faible vitesse d’usure. Cette discussion devra être complétée par la suite pour tenir compte des possibilités d’accommodation élastique de contacts cycliques soumis initialement à des déformations plastiques.
Nous avons vu ensuite que dans un certain domaine de validité, notamment lorsque les effets thermiques engendrés par l’énergie dissipée par frottement restent limités, on peut caractériser l’usure d’une pièce d’un contact frottant par sa vitesse d’usure :
Nous avons discuté l’origine microscopique d’une telle loi, dite loi de Preston-Archard, et sa validité expérimentale. Nous avons précisé l’influence de la nature des matériaux (polymères, métalliques, céramiques) sur les ordres de grandeur de leur vitesse d’usure k. Enfin nous avons montré comment une telle loi permet le calcul de l’usure de divers contacts et l’analyse mécanique des procédés d’usinage par abrasion.
Dans l’article...
Cet article fait partie de l’offre
Frottement, usure et lubrification
(92 articles en ce moment)
Cette offre vous donne accès à :
Une base complète d’articles
Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques
Des services
Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources
Un Parcours Pratique
Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses
Doc & Quiz
Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive
Conclusions
BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - ARCHARD (J.), HIRST (W.) - The wear of metals under unlubricated conditions. - Proc. Roy. Soc. Lond. A 236 (1956) 397-410.
-
(2) - OMAR (M.K.), ATKINS (A.G.), LANCASTER (J.K.) - The role of crack resistance parameters in polymer wear. - J. Phys. D, Appl. Phys., 19 (1986) 177-195.
-
(3) - SUH (N.F.), JAHANMIR (S.), FLEMING (J.), ABRAHAMSON II (E.P.), SAKA (N.), TEIXEIRA (J.P.) - The delamination theory of wear II - . 2nd Prog. Report to The Adv. Res. Project Agency, DOD Contract No. YM0014-67-A-0204-0080 NR 229-011, Mater. Proc. Lab., Dpt. of Mech. Eng., M.I.T., (Sept. 1975).
-
(4) - VANEL (L.) - Le contact stator-rotor dans un moteur piézo-électrique, modélisation mécanique et étude du frottement métal-polymère en vue de l’optimisation du choix de la couche de frottement. - Thèse de Doctorat en Sciences et Génie des Matériaux, École des Mines de Paris, 1996.
-
(5) - FELDER (E.), LE FLOC’H (A.) - Testing of various materials for the production of steel dies for wire drawing. - Wire...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
-
Usure des contacts mécaniques – Problématique et définitions.
-
Usure des contacts mécaniques – Maîtrise de l’usure et du frottement.
-
Lubrification en mise en forme – Principes généraux et choix.
-
Lubrification en mise en forme – Frottement et usure : caractérisation.
-
Lubrification en mise en forme – Régime de lubrification par film épais
-
...
Site francophone de tribologie
http://tribologie.free.fr/Annuaire/Universitaires/laboratoires.htm
LaMCoS Laboratoire de mécanique des contacts et des structures
INSA de Lyon
http://lamcos.insa-lyon.fr/?L=1
LTDS Laboratoire de tribologie et dynamique des surfaces
École Centrale de Lyon
École des Ingénieurs de Saint-Etienne
ENTPE (École Nationale des Travaux Publics de l’État)
Groupe Tribologie
LISMMA (Laboratoire d’Ingénierie des Systèmes Mécaniques et des Matériaux)
Supméca Paris
http://www.supmeca.fr/index.php?page=58
Pole PSP (Pôle Surfaces et Procédés) Ex Groupe SET (Surfaces et Tribologie)
CEMEF : (Centre de Mise en Forme des Matériaux)
MINES ParisTech, CS 10207 06904 Sophia Antipolis Cedex
http://www.cemef.mines-paristech.fr/sections/recherche/equipes-recherche/surface-tribologie
Laboratoire de Mécanique...
Cet article fait partie de l’offre
Frottement, usure et lubrification
(92 articles en ce moment)
Cette offre vous donne accès à :
Une base complète d’articles
Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques
Des services
Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources
Un Parcours Pratique
Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses
Doc & Quiz
Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive