Présentation
En anglaisRÉSUMÉ
L’emploi des tôles d’acier prérevêtues contre la corrosion est maintenant largement répandu dans grand nombre de secteurs industriels. Les procédés de soudage de ces tôles fines sont de trois types : soudage par résistance, soudage à l’arc et soudage laser. Cet article expose la spécificité et les solutions apportées aux problèmes que soulève la mise en œuvre de chacun d’entre eux (fumées de soudage, poussières métalliques, émission de COV…).
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Lire l’articleAuteur(s)
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Joël CLAEYS : Expert Soudage
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Thomas DUPUY : Ingénieur de Recherche en soudage
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Pascal VERRIER : Docteur-Ingénieur métallurgiste
INTRODUCTION
Dans l’industrie des véhicules automobiles, mais aussi dans l’électroménager et dans d’autres secteurs utilisateurs de tôles d’acier, une tendance lourde des dernières décennies est d’employer des tôles prérevêtues contre la corrosion, ce qui permet d’assurer un bon contrôle et une bonne homogénéité des épaisseurs de revêtement déposées.
Le mode de dépôt le plus courant est l’immersion de la tôle dans un bain fondu du métal à déposer (galvanisation au trempé). Le dépôt est généralement constitué de zinc presque pur (galvanisé), mais qui peut être enrichi en fer (10 %) par traitement thermique (galvannealed). Le bain peut également contenir de l’aluminium à différentes teneurs (moins de 0,5 % pour le galvanisé, 5 % pour le Galfan, 55 % pour l’Aluzinc), et même être constitué essentiellement d’aluminium (Alupur ou Alusi, qui contient 10 % de silicium).
Le mode de dépôt par électrodéposition, plus coûteux, reste cependant employé pour le zinc pur, le zinc allié au nickel, ou encore l’étain dans les emballages alimentaires.
L’épaisseur de revêtement métallique déposée est typiquement de l’ordre de 10 µm, et comprise dans tous les cas entre quelques micromètres et quelques dizaines de micromètres.
À ce revêtement métallique peut s’ajouter, dans certains cas, un traitement chimique de conversion de la surface (phosphatation ou chromatation principalement) destiné à renforcer la protection contre la corrosion, et à faciliter la mise en forme de la tôle ou l’accrochage d’une peinture. Ces traitements modifient la surface sur une épaisseur très faible (1 à 2 µm pour la phosphatation, beaucoup moins pour la chromatation).
Enfin, il arrive qu’un revêtement organique soit déposé en plus des couches précédentes, soit en faible épaisseur (ROM ou Revêtement Organique Mince, d’épaisseur inférieure à 5 µm), soit en épaisseurs plus importantes (primaires avant peinture, d’épaisseur 10 à 20 µm), soit même en multicouches jusqu’au laquage complet (tôles prélaquées, avec une épaisseur de revêtement organique de plusieurs dizaines de micromètres).
Il s’avère que la présence de ces couches de revêtement sur les tôles rend plus complexe leur mise en œuvre, et en particulier leur assemblage par soudage. La principale difficulté, commune à tous les procédés de soudage, est liée à la fusion précoce du zinc (419 oC) et à sa vaporisation (906 oC) bien avant la fusion de l’acier (1 536 oC). De même, un éventuel revêtement organique se décompose entre 300 et 500 oC. Ces résidus gazeux, liquides ou solides de revêtement dans la zone de soudure sont à l’origine de pollutions diverses du bain fondu ou des outils de soudage, plus ou moins dommageables à la qualité de la soudure et au bon déroulement du procédé.
Le présent article passe en revue les principaux procédés de soudage des tôles fines (soudage par résistance, soudage à l’arc, soudage laser), les particularités qu’implique la présence d’un revêtement, et les solutions industrielles proposées pour surmonter les difficultés rencontrées. Parmi celles‐ci, la question des fumées de soudage issues d’un revêtement concerne tous les procédés. En présence d’un revêtement métallique, des poussières de zinc et/ou d’aluminium sont dégagées lors du soudage. En présence d’un revêtement organique, des COV (Composés Organiques Volatils) divers peuvent également être émis. Dans tous les cas, il est préférable de disposer d’un système d’évacuation des fumées et poussières, dont le captage soit le plus proche possible des soudures. La puissance de ce système doit être adaptée aux cadences de soudage, au volume de l’atelier, à sa ventilation, etc... afin de respecter les VLE (Valeurs Limites d’Exposition) pour les opérateurs concernés.
Enfin, parmi les questions soulevées par le soudage des tôles d’acier revêtues, certaines ne concernent pas directement l’opération de soudage mais les qualités en service de la soudure.
Très généralement, la tenue mécanique d’une liaison soudée entre deux tôles revêtues est équivalente à celle obtenue entre deux tôles nues de métallurgie équivalente, à condition toutefois d’adapter les paramètres du procédé de soudage selon les directives proposées dans cet article.
Le revêtement étant détruit par l’opération de soudage, se pose la question de la protection anticorrosion de l’ouvrage au niveau de la soudure. Du zinc étant généralement présent dans le revêtement, l’effet de protection galvanique de cet élément s’exerce à une distance qui peut être évaluée autour de 5 mm, de telle sorte que la surface d’un point soudé ou d’un cordon laser n’a généralement pas besoin d’être reprotégée, la protection galvanique du revêtement restant autour de la soudure s’avérant suffisante. En revanche, les cordons de soudure à l’arc détruisent le revêtement sur une largeur plus importante, et doivent généralement être reprotégés après soudage par un moyen approprié.
Le lecteur se reportera utilement aux articles consacrés aux procédés de soudage dans ce traité, et en particulier aux articles « Soudage par résistance » Soudage par résistance, « Soudage à l’arc » Soudage à l’arc, et « Soudage par faisceaux à haute énergie : faisceau d’électrons et laser » Soudage par faisceaux à haute énergie : faisceau d’électrons et laser, ainsi qu’aux articles « Traitements de surface par immersion en bain métallique fondu » [M 1 528], [M 1 530] [M 1 531] [M 1 532] [M 1 536], « Galvanisation à chaud » [COR 1 534], « Films de protection temporaire » [COR 1 515], « Hygiène industrielle » [A 8 630] et « Soudage et soudabilité métallurgique des métaux » [M 715].
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1. Soudage par résistance
Ce procédé de soudage se décline en différentes configurations, dont la plus répandue est le soudage par points, dont le cas est principalement traité ici. Cependant le soudage par brossages et le soudage à la molette, qui concernent également les tôles fines revêtues, sont aussi abordés.
En soudage par résistance, et contrairement aux cas du soudage à l’arc et du soudage laser, le zinc ne se vaporise pas sous l’effet de la chaleur, car la zone de soudure est sous pression de l’effort de soudage appliqué par les électrodes. En soudage par résistance, la présence de revêtement sur les tôles soudées ne génère donc pas de défauts du type porosité. En revanche, d’autres effets se font sentir, principalement :
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la modification des résistances électriques de contact, principales sources de chaleur par effet Joule en début de soudage ; cette modification implique une adaptation des paramètres de soudage ;
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l’attaque chimique des électrodes en alliage de cuivre par les composés du revêtement (notamment le zinc), qui se traduit par leur usure rapide comparativement au cas des tôles non revêtues.
Ces deux effets sont passés en revue tour à tour.
1.1 Adaptation des paramètres aux résistances de contact
Selon la théorie du soudage par résistance, la chaleur générée par effet Joule est proportionnelle à la résistance électrique de l’assemblage. Or en début de soudage (aux basses températures), une bonne part de cette résistance vient paradoxalement du « mauvais contact » électrique entre les différentes pièces de l’assemblage (tôles, électrodes ou molettes). On parle de résistance de contact, qui diminue fortement avec l’échauffement, par écrasement puis fusion des aspérités de surface des tôles. La présence d’un revêtement en surface des tôles a naturellement une grande influence sur ces résistances de contact, donc sur le début du soudage. La résistance de contact tôle/tôle étant la plus influente sur le développement du noyau fondu, en cas de revêtement monoface les effets décrits ci‐après seront plus importants si la face revêtue est placée à l’interface tôle/tôle (configuration de soudage 0110) que si elle est placée contre...
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Soudage par résistance
BIBLIOGRAPHIE
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(1) - WORKMAN (D.), GOULD (J.E.), RAYNES (C.) - An examination of projection welding coated steel sheets (Une étude du soudage par bossages de tôles d’acier revêtues). - Proc. Sheet Metal Welding Conference VIII, article No 5-3, 1 tabl., 16 fig., bibl. (15 réf.) American Welding Society – Detroit Section 43422 West oaks Drive #323 Novi, MI 4837-3300 États-Unis (1998).
-
(2) - NEELY (W.L.) - Spot welding galvanized steel for automotive parts (Le soudage par points de pièces en acier galvanisé). - Metal Progress, p. 56-61, 1 tabl., 5 fig., avr. 1956.
-
(3) - LAVERY (R.C.), WILLIAMS (N.T.) - Resistance spot welding of galvanised steel (Le soudage par résistance de l’acier galvanisé). - Metal Construction and British Welding Journal 1, no 2, p. 79-87, 2 tabl., 4 fig., bibl. (28 réf.), févr. 1969.
-
(4) - GROSSET (J.M.), ANDLAUER (R.), BOYER (L.), TESTE (P.), SCHNEEGANS (O.) - Établissement du courant lors du soudage par points de tôles d’acier revêtues. - Rapport de fin de contrat de recherche effectuée pour Sollac. LGEP-SUPELEC Plateau du Moulon, 91192 GIF-SUR-YVETTE, 89 p., juill. 2000.
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