Présentation
En anglaisNOTE DE L'ÉDITEUR
La norme ISO 12135 du 15/11/2016 citée dans cet article a été remplacée par la norme ISO 12135 de juillet 2021 : Matériaux métalliques - Méthode unifiée d'essai pour la détermination de la ténacité quasi statique.
Pour en savoir plus, consultez le bulletin de veille normative VN2108 (Août 2021).
RÉSUMÉ
Les essais par choc ne permettent pas de prévoir la rupture de pièces fissurées. Or, il s'agit là d'une préoccupation majeure dans l’industrie. Pour répondre, a cela, de nouveaux essais et notamment des essais de ténacité ont été mis au point. En effet, la mécanique de la rupture établit une relation quantitative entre la charge à laquelle est soumise une pièce, les dimensions d'une fissure et la propriété du matériau appelée ténacité. Les essais de détermination de la ténacité comprennent ceux fondés sur la mécanique de la rupture en élasticité linéaire, ceux fondés sur la mécanique de la rupture en élasto-plasticité et ceux fondés sur l'approche locale.
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Shock testing cannot predict the fracture of cracked parts. Yet, this is a major concern in the industry. To respond to this, new tests, including fracture toughness tests have been developed. Indeed, fracture mechanics establishes a quantitative relationship between the load that a part is subject to, and the dimensions of a crack and the material property called tenacity. The tests for determining the tenacity include those based on fracture mechanics in linear elasticity, those based on fracture mechanics in elasto-plasticity and those based on the local approach.
Auteur(s)
-
Dominique FRANÇOIS : Professeur honoraire de l'École Centrale Paris
INTRODUCTION
Ainsi que nous l'avons indiqué dans l'introduction du dossier Essais de rupture- Essais par choc[M 4 165] (« Essais de rupture. Essais par choc »), les ruptures en service sont extrêmement coûteuses. Nous y avons cité quelques exemples de catastrophes provoquées par des ruptures.
De nombreux essais ont donc été proposés afin de maîtriser au mieux la résistance des matériaux, vis-à-vis du risque de rupture. Les sollicitations brutales étant particulièrement dangereuses, les essais de choc occupent une place très importante. Ils sont traités dans le dossier Essais de rupture- Essais par choc[M 4 165]. Mais ils ne permettent pas de prévoir de façon quantitative la rupture de pièces contenant une fissure de dimensions données. Or, il s'agit là d'une préoccupation majeure, en aéronautique et dans le nucléaire tout particulièrement. L'essor de ces industries a été accompagné de développements théoriques et de mise au point d'essais nouveaux qui sont décrits dans le présent dossier.
S'il est nécessaire de connaître précisément les charges que peuvent supporter les pièces contenant des défauts, par exemple des fissures de fatigue, il faut faire appel à la mécanique de la rupture [1] [2] [3] [4] [5] [6]. C'est elle et les essais qui en dérivent qui permettent de calculer la taille des défauts critiques sous un chargement donné, ou la charge critique entraînant la rupture pour un défaut de dimensions supposées ou mesurées. La mécanique de la rupture a été largement développée depuis une cinquantaine d'années, tout particulièrement dans les industries nucléaires, aéronautiques, spatiales et pétrochimiques. Elle s'est largement répandue dans d'autres domaines. La mécanique de la rupture établit une relation quantitative entre la charge à laquelle est soumise une pièce, les dimensions d'une fissure et une propriété du matériau appelée ténacité (figure 1).
Au stade de la conception, la mécanique de la rupture est utilisée pour vérifier qu'une structure donnée, contenant un défaut hypothétique, sera capable de résister aux efforts appliqués prévisibles. Au stade de la fabrication, puis de l'exploitation, elle permet de savoir si un défaut détecté est ou non admissible et de prendre une décision quant à sa réparation. Elle est à même de prévoir l'évolution d'un défaut et le moment où il risque de devenir critique. En expertise, après un accident, elle permet souvent de remonter à ses causes. Ces diverses applications sont rarement réalisables par de simples calculs et elles exigent en général le recours aux méthodes numériques par éléments finis.
La mécanique de la rupture nécessite donc la détermination de la ténacité des matériaux. Les essais qui permettent cette détermination utilisent des éprouvettes comportant des fissures calibrées et une instrumentation particulière. Ils sont coûteux et sont affaire de spécialistes. Il est inutile de les entreprendre si une application comme l'une de celles évoquées ci-avant n'est pas envisagée. Les essais de mécanique de la rupture sont aujourd'hui parfaitement décrits dans des normes internationales (ISO 12135) qu'il est indispensable de respecter scrupuleusement pour obtenir des résultats valables.
La transposition des résultats des essais de mécanique de la rupture à des structures est rigoureuse dans le cas où la déformation plastique reste négligeable. En revanche, dans le cas contraire, il faut faire appel à la mécanique de la rupture en élasto-plasticité qui repose sur des bases plus approximatives. Un développement, qui pallie certaines de ses déficiences, est fondé sur l'approche locale en mécanique de la rupture [6]. Elle utilise des essais sur des éprouvettes cylindriques entaillées. Ils doivent être associés à des calculs par éléments finis.
Dans cet article, nous n'envisageons que les ruptures brutales, celles qui surviennent au cours du chargement ou en fin de durée de vie lorsque les fissures à croissance lente atteignent une valeur critique. Nous excluons donc les essais destinés à apprécier les risques de rupture différée, par fatigue, par corrosion sous contrainte, par fluage. Ils sont abordés dans d'autres articles :
Les essais de détermination de la ténacité comprennent ceux fondés sur la mécanique de la rupture en élasticité linéaire, ceux fondés sur la mécanique de la rupture en élasto-plasticité et ceux fondés sur l'approche locale. Nous consacrons donc le présent dossier successivement à ces trois types d'essais, en commençant chaque fois par des explications sur leurs fondements théoriques. Ce faisant, nous éviterons les développements mathématiques, qui procureraient pourtant les véritables bases [2] [3], en nous restreignant aux notions fondamentales aussi simples que possible.
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4. Conclusion
La mécanique de la rupture procure des valeurs de la ténacité, des paramètres critiques intrinsèques, c'est-à-dire qui, une fois déterminés à l'aide d'essais sur des éprouvettes, permettent de prévoir le comportement d'une fissure dans une pièce sous charge. En élasticité linéaire, cette transposition des résultats est rigoureusement exacte. La connaissance (figure 1) de l'emplacement et des dimensions d'un défaut dans la pièce et de la ténacité du matériau KIc permet de calculer le chargement critique, en déterminant KI et en l'égalant à KIc (ou bien connaissant le chargement de déterminer la taille du défaut critique). Mais cette application de la mécanique de la rupture en élasticité linéaire se heurte à des limitations sur la taille des éprouvettes et des pièces qui peuvent être rédhibitoires lorsque la limite d'élasticité est basse.
En élasto-plasticité, on dispose de moyens pour s'affranchir de ces limitations, mais la transposition des résultats obtenus sur petites éprouvettes n'est pas aussi rigoureux qu'en élasticité. Les mêmes essais sont mis en œuvre pour la mesure de la ténacité en élasticité linéaire comme en élasto-plasticité. De la sorte, si les conditions sont remplies pour déterminer la ténacité KIc, nul besoin d'aller plus loin. Sinon, on pourra toujours dépouiller les résultats pour obtenir les valeurs de ténacité Ji si possible, ou J0,2BL ou Jc(B) ou Ju(B) suivant la finesse de l'expérimentation, ou en termes d'écartement de fissure critique si l'on préfère.
Si les dimensions de la pièce sont assez grandes pour pouvoir utiliser pour celle-ci la mécanique de la rupture en élasticité linéaire, la ténacité KIc peut être évaluée par la formule : , où E est le module d'Young et ν le coefficient de Poisson [voir la formule ...
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BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - FRANÇOIS (D.), JOLY (L.) - La rupture des métaux - . Masson (1972).
-
(2) - BUI (H.D.) - Mécanique de la rupture fragile - . Masson (1978).
-
(3) - LABBENS (R.) - Introduction à la mécanique de la rupture - . Pluralis (1980).
-
(4) - FRANÇOIS (D.), PINEAU (A.), ZAOUI (A.) - Comportement mécanique des matériaux - . Hermès, Paris (1994).
-
(5) - MIANNAY (D.) - Mécanique de la rupture - . Les Éditions de Physique (1995).
-
(6) - BESSON (J.) - Local Approach to Fracture - . Les Presses de l'École des Mines, Paris (2004).
-
(7)...
NORMES
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Essai de choc de la fonte grise (sur éprouvette biappuyée non entaillée) - NF A03-202 - 11-67
-
Résistance des matériaux et essais mécaniques des matériaux. Vocabulaire - NF X10- 011 - 03-58
-
Matériaux métalliques. Essai de flexion par choc sur éprouvettes Charpy. Partie 1 : méthode d'essai - NF EN 10045- 1 - 10-90
-
Matériaux métalliques. Essai de flexion par choc sur éprouvettes Charpy. Partie 2 : vérification de la machine d'essai (mouton- pendule) - NF EN 10045- 2 - 12-92
-
Matériaux métalliques. Désignation des axes des éprouvettes en relation avec la texture du produit - NF EN ISO 3785 - 5-06
-
Matériaux métalliques. Détermination du facteur d'intensité de contrainte critique - NF EN ISO 12737 - 2-06
-
Matériaux métalliques. Essai de flexion par choc sur éprouvette Charpy. Partie 1 : méthode...
ANNEXES
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