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Article

1 - ASPECTS ÉLECTROCHIMIQUES DE LA CORROSION

2 - CORROSION UNIFORME

3 - CORROSIONS LOCALISÉES

4 - MÉCANISMES DE CORROSION DÉRIVÉS

5 - CONCLUSION

6 - SIGLES, NOTATIONS ET SYMBOLES

Article de référence | Réf : M150 v3

Conclusion
Corrosion en milieu aqueux des métaux et alliages

Auteur(s) : Jean-Louis CROLET, Gérard BÉRANGER

Date de publication : 10 déc. 2024

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RÉSUMÉ

Le plus simplement possible, cet article présente une explication tout à la fois de l'origine de la nature électrochimique de la corrosion de tout métal en milieu aqueux, puis de tous les paramètres habituels de cette électrochimie de la corrosion et leur mode d'emploi, et enfin des quatre mécanismes principaux de la corrosion, uniforme et localisée, et des trois modes de protection naturelle que sont l'inertie chimique, la passivité et l'éventuelle protectivité de certains dépôts de corrosion. Il aborde ensuite le foisonnement à l'infini de toutes les interactions potentielles avec un autre processus, comme les hétérogénéités de la construction, la métallurgie, la mécanique, l'hydraulique, le frottement ou les biofilms des milieux naturels.

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Auteur(s)

  • Jean-Louis CROLET : Ingénieur civil des Mines, docteur ès sciences - Consultant

  • Gérard BÉRANGER : Ingénieur de l’École nationale supérieure de chimie de Paris (ENSCP), docteur ès sciences - Professeur honoraire des universités (Université de Technologie de Compiègne) - Membre de l’Académie des technologies

INTRODUCTION

Pour Monsieur Tout-le-monde, la corrosion apparaît depuis toujours comme un mal mystérieux, associant un milieu ou l’un de ses composants, un métal et diverses formes de dommages. D’où une abondante et ancienne nomenclature traditionnelle, s’appuyant sur l’un ou l’autre de ces trois aspects, corrosion par, corrosion de et corrosion comment :

  • corrosion par l’air, l’eau de mer ou l’oxygène, par l’atmosphère ou les sols, par les acides, les bases ou les sels, par les bactéries ou les moisissures, ou encore par tous les gentils ou méchants milieux ;

  • corrosion du fer, des aciers ou des fontes, du cuivre, des bronzes ou des laitons, etc. ;

  • corrosion uniforme, caverneuse, par piqûres, fissurante, etc.

Une telle nomenclature a l’avantage de parfaitement exprimer ponctuellement les observations, les impressions ou les priorités de l’utilisateur de matériaux. Elle présente en revanche l’inconvénient majeur d’être parfois ingérable en l’état. En effet, elle aboutit à définir plusieurs milliers de combinaisons sans aucun lien logique entre elles. Dans le diagnostic comme dans la prévention de la corrosion, la seule considération de ces aspects factuels bruts se traduirait alors par des milliers de recettes inexpliquées et inexplicables. D’où une situation réellement sans issue.

En fait, seule une compréhension scientifique des mécanismes de la corrosion permet une approche simple de ces problèmes complexes et surtout des solutions fiables. Comme on le verra au paragraphe 1, la corrosion aqueuse des métaux est en effet par essence de nature électrochimique. Ceci explique alors que seul un cadre électrochimique puisse permettre d’identifier des lois de comportement simples et donc également des règles de prévention simples. On verra également qu’une telle compréhension électrochimique de la corrosion ne demande nullement d’être un électrochimiste de métier, ou même de formation. En effet, elle ne fait appel qu’à quelques concepts rudimentaires et l’objet du paragraphe 1 est précisément d’en permettre une acquisition à la fois naturelle et très simple. De même, le peu de liens entre les métiers de la corrosion et les métiers de l’électrochimie font que les conventions internationales en électrochimie n’ont aucune raison d’être reprises en corrosion. Après une période de cohabitation largement infructueuse, les conventions internationales en usage en corrosion ont ainsi tendance à revenir aux conventions historiques initiales, c’est-à-dire l’inverse des conventions officielles actuelles en électrochimie.

D’une manière générale d’ailleurs, la compréhension de la corrosion ne demande aucune spécialisation particulière dans une quelconque technique, mais plutôt une culture généraliste multidisciplinaire. Lorsque nécessaire, les quelques éléments indispensables seront donc rappelés à l’occasion, avec renvoi éventuel aux articles correspondants des Techniques de l’Ingénieur.

Enfin la corrosion est une discipline qui fut longtemps très évolutive, mais après que l’industrie ait un peu fait le tour de toutes les possibilités, elle a fini par se stabiliser vers l’an 2000. Toutefois, ceci n’a pas empêché pour autant les « revisites » ultérieures d’un certain nombre de phénomènes ou de mécanismes, jolie litote pour dire que tout le monde s’était en réalité trompé. Néanmoins au départ, ce n’était jamais des erreurs, mais plutôt de fausses bonnes idées séduisantes et notamment lorsque les connaissances nécessaires n’étaient pas encore disponibles, ou lorsque tous les cas de figure n’avaient pas encore été rencontrés. D’où la nécessité de cette révision.

Ainsi, les références et de la précédente version datent maintenant de respectivement 30 et 50 ans, ce qui est à la fois long et court. Et donc si elles sont certes devenues « historiques », mais de ce fait largement introuvables, elles sont aussi de bons marqueurs du caractère évolutif de la bonne compréhension de la corrosion.

Jusqu’en 1930 en effet, la corrosion était restée le règne de l’empirisme le plus total, avec tous les blocages précédemment cités. Ensuite, de 1930 à 1950, il avait encore fallu près de vingt ans pour prendre pleinement conscience de la nature électrochimique universelle de tous les phénomènes de corrosion aqueuse des métaux et de toutes les conséquences que cette unicité apporte dans la capacité d’étudier, de comprendre et de maîtriser chacune des combinaisons précédentes. Et donc une fois cette étape initiatique franchie, la connaissance de la corrosion a ensuite connu trente années de croissance considérable, notamment sur la passivité des métaux dits « passivables » [COR 310]. Également associée à une forte croissance économique, cette période 1950-1980 a ainsi vu la mise en place de tous les grands principes généraux qui gouvernent aujourd’hui la compréhension de la corrosion, et avec alors une collaboration publique et approfondie entre tous les acteurs universitaires et industriels. Et dans cette première étape uniformatrice, la corrosion s’est alors considérablement simplifiée.

Après 1980 en revanche, la corrosion s’est à nouveau complexifiée. En effet, la mise en application des grands principes de la période précédente s’est de plus en plus spécialisée, famille d’alliages par famille d’alliages, milieu par milieu, branche industrielle par branche industrielle. La conjugaison des mécanismes généraux entre eux, ou leur conjugaison avec des types de milieux spécifiques, a ainsi abouti à la création plus ou moins sur mesure de mécanismes « particuliers » . Pour autant, certains d’entre eux peuvent avoir une occurrence extrêmement générale, en fonction de l’importance industrielle ou sociale de leur contexte. À l’inverse, d’autres sont restés partiellement confidentiels, soit en raison de leurs liens avec des aspects de procédé ou de propriété industrielle, soit plus prosaïquement en raison d’un manque d’empressement à publier de leur découvreur. Ceci est en effet relativement fréquent lorsque ledit découvreur se trouve être tout simplement la première victime industrielle inaugurant une avarie inédite.

Dans ce contexte, le but de cette version révisée est de conserver la précédente simplicité de la présentation des grands principes issus de la période 1950-1980, en les mettant ainsi en conformité avec la compréhension de l’état métallique apportée par la physique du solide [M 40]. Ceci permet en effet de conserver ensuite la même simplicité dans la présentation de tous les mécanismes dérivés potentiels, c’est-à-dire d’une part les principaux mécanismes particuliers identifiés dans les années 1980-2000 et, d’autre part, l’immense « jeu de Lego » permettant de construire à l’infini de nouveaux mécanismes particuliers, c’est-à-dire par simple combinaison entre les mécanismes précédents et telle ou telle particularité d’un milieu corrosif.

Pour toute personne non spécialiste qui subit la corrosion, celle-ci se décrit a priori de trois manières, par le faciès, par la cause ou par le dommage : ce dernier en particulier peut se traduire concrètement par une perte progressive d’épaisseur (en mm/an), ou son inverse la durée de vie (percement en une nuit, un mois ou cinq ans). Il peut aussi se traduire par des dommages localisés (piqûres, fissures), à progression lente… ou foudroyante !

Cette apparente simplicité recouvre en fait des situations extrêmement différentes. Dans la réalité, il faut donc soigneusement distinguer l’analyse d’un problème de corrosion, qui est en partie celle ci-dessus, et l’analyse des phénomènes de corrosion eux-mêmes. Or ces derniers ne peuvent être présentés simplement que dans une approche électrochimique, car c’est précisément là le fondement de la corrosion aqueuse. Cette approche électrochimique est souvent redoutée du profane, car perçue comme étrangère à son problème. En réalité, il s’agit là pour l’essentiel d’un problème de communication, et pour beaucoup le résultat des tâtonnements d’une pédagogie qui a mis longtemps à se trouver. En fait, il n’y a pas plus simple que l’électrochimie, dès lors que l’on ne s’ingénie pas à la compliquer inutilement.

En résumé, le mot « électrochimie » comporte deux radicaux « électro » et « chimie ». Tant que tous les produits de corrosion sont solubles, comme dans les acides, les paramètres directeurs sont les aspects électriques et, dès qu’apparaît une insolubilité, la chimie fine du milieu corrosif peut alors prendre le pas, mais cela reste toujours à travers l’électrochimie sous-jacente. Et donc que l’on souffre ou que l’on vive de la corrosion, on ne saurait échapper à cette électrochimie de la corrosion.

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VERSIONS

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DOI (Digital Object Identifier)

https://doi.org/10.51257/a-v3-m150


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5. Conclusion

Cet article sur la corrosion en milieu aqueux des métaux et alliages ne pouvait être naturellement qu’une introduction à tous les autres articles traitant avec plus de précision soit de la corrosion aqueuse des métaux, soit de l’utilisation des métaux vis-à-vis du risque de corrosion. Faute de place, nous avons dû survoler rapidement un très grand nombre de concepts. À lui seul, cet article pourrait en effet faire l’objet d’un de ces très gros ouvrages sur la corrosion. Il n’était donc pas question d’approfondir, mais simplement de faire pressentir les grands principes de la corrosion, et ce de manière naturelle et la plus simple possible.

Au-delà, à partir de ces deux cas de base que sont la corrosion uniforme et les trois formes de corrosions localisées, on peut ensuite construire la totalité du reste de la corrosion, par interaction avec la métallurgie ou avec la mécanique du solide, du fluide ou du contact, ou encore avec des chimies de milieu particulières, comme en corrosion bactérienne. On peut également envisager toutes les combinaisons possibles de ces cas de base entre eux. Ainsi, on peut avoir de la corrosion galvanique et de la protection cathodique à propos de chacun d’entre eux. Individuellement, toutes ces combinaisons sont sans doute relativement simples à expliquer, du moins une par une. Le seul problème est qu’il y en a beaucoup… Inversement, cette description supposée simple de chaque cas individuel fait toujours appel aux concepts décrits dans cet article, mais sans jamais prendre ni le soin ni le temps de les rappeler. Il y avait donc là une lacune à combler, et c’était précisément l’ambition de cet article.

À partir de maintenant, le lecteur devrait en tout cas être à même de parler sans difficulté à tout spécialiste de corrosion, qu’il lui faudra bien quand même appeler à l’aide s’il a des problèmes de corrosion à résoudre. En retour, il pourra aussi apporter à ce spécialiste toute l’aide dont celui-ci a lui-même besoin pour comprendre toutes les imbrications d’un problème de corrosion avec le contexte industriel alentour. En effet, il ne faut pas oublier qu’un problème de corrosion est d’abord un problème industriel, et que sa résolution demande une collaboration étroite entre des spécialités diverses dont la corrosion. Une telle collaboration demande donc un minimum de compréhension mutuelle, et cet article avait aussi pour but de permettre ce dialogue.

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BIBLIOGRAPHIE

  • (1) - CROLET (J.L.) -   Du mécanisme général aux mécanismes particuliers de la corrosion localisée.  -  Dans Corrosion localisée, DABOSI (F.), BÉRANGER (G.), BAROUX (B.), p. 405-429. Les Éditions de Physique, Les Ulis (1994).

  • (2) - CROLET (J.L.) -   Place de la physique dans la connaissance des phénomènes de corrosion.  -  Interfaces et Surfaces en Métallurgie. Trans. Tech. Publications, Aedermannsdorf, Suisse, p. 455-466 (1975).

  • (3) - CROLET (J.L.) -   Corrosion chimique ou électrochimique ?.  -  Rev. Met. CIT/SGM 99, 2, p. 199-203 (2002).

  • (4) - SHREIR (L.L.) -   Corrosion.  -  Newnes-Butter-worths, Londres (1976).

  • (5) - LEVICH (V.G.) -   Physico-chemical Hydrodynamics.  -  Prentice Hall, New York (1962).

  • (6) - CROLET...

NORMES

  • Industries du pétrole et du gaz naturel – Matériaux pour utilisation dans des environnements contenant de l’hydrogène sulfuré (H2S) dans la production de pétrole et de gaz – Partie 1 : Principes généraux pour le choix des matériaux résistant à la fissuration. - ISO 15156-1 - 2020

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