Présentation
En anglaisRÉSUMÉ
Les matériaux céramiques sont utilisés dans les prothèses orthopédiques depuis 1965. Depuis, l’alumine, puis la zircone et les composites alumine-zircone servent principalement en arthroplastie de la hanche pour la réalisation des couples de frottement (tête-cupule). Cet article traite de ces différents matériaux, de leur historique, de leurs avantages et de leurs inconvénients avant de conclure sur les développements qui aboutiront à de nouveaux matériaux et de nouvelles prothèses.
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Lire l’articleABSTRACT
Ceramic biomaterials have been used for orthopedic prostheses since 1965. Alumina, and later zirconia and zirconia-alumina composites were successively introduced, mainly for wear couples (head-cup) in total hip arthroplasty. This article examines these materials, their history, advantages and drawbacks. It concludes with an overview of the developments to come in materials and devices.
Auteur(s)
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Laurent GREMILLARD : Directeur de recherche CNRS - Laboratoire MATEIS, Université de Lyon, INSA-Lyon/Université Lyon1/CNRS, Villeurbanne, France
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Jérôme CHEVALIER : Professeur - Université de Lyon, Laboratoire MATEIS, INSA-Lyon/Université Lyon1/CNRS, Villeurbanne, France - Membre de l'Institut Universitaire de France
INTRODUCTION
Cet article présente les céramiques dites « bio-inertes » pour la réalisation d'implants orthopédiques (dispositifs implantés dans le corps humain pour restaurer une fonction articulaire). Les autres matériaux inorganiques utilisés pour la réalisation de revêtements de prothèses ou de substituts osseux (céramiques « bio-actives » de type phosphates de calcium, verres ou ciments) font l'objet d'articles spécifiques dans les Techniques de l'Ingénieur, et ne seront volontairement pas abordés ici.
Si l'utilisation de céramiques d'origine naturelle comme biomatériaux (donc de biocéramiques) remonte à plusieurs millénaires (utilisation de la nacre comme substitut dentaire chez les Mayas par exemple), l'utilisation contrôlée de céramiques techniques au contact du corps humain est bien plus tardive (porcelaine pour la fabrication de couronnes dentaires au XVIII e siècle, plâtre de Paris pour le comblement osseux au XIX e). C'est seulement au milieu du XX e siècle qu'apparaissent des céramiques techniques spécialement dédiées à l'orthopédie : en 1965, l'alumine (oxyde d'aluminium) est brevetée pour son application en tant que tête et cupule pour prothèses de hanche. Il s'agit de la première utilisation d'une biocéramique technique dite structurale (possédant des propriétés mécaniques élevées). Puis, pour les mêmes applications, sont apparus successivement la zircone et les composites alumine-zircone, qui possèdent des propriétés mécaniques encore meilleures.
L'alumine, la zircone et leurs composites sont considérés comme des céramiques « bio-inertes », car elles ne se lient pas directement avec l'os. En effet, après implantation d'une céramique bio-inerte, une capsule fibreuse se forme et isole l'implant de l'os, donc limite son intégration. C'est pourquoi ces matériaux ne sont pas utilisés pour le comblement osseux et rarement au contact direct avec l'os (sauf dans le cas des implants dentaires en zircone, nécessitant des traitements de surface particuliers).
La réalisation de surfaces de frottement est donc l'application majeure des biocéramiques inertes en orthopédie. En effet, l'utilisation de biocéramiques réduit l'usure des prothèses. Leur utilisation principale réside dans la fabrication de composants pour les prothèses de hanche (têtes et cupules), mais on peut aussi les retrouver récemment dans certaines prothèses de genou, dans les prothèses cervicales mobiles... Les succès cliniques associés à l'usage des céramiques ont conduit à l'implantation de plus de 600 000 têtes de prothèses de hanches en zircone, plus de 3,5 millions en alumine et près de 2 millions en composite alumine-zircone depuis le début de leur utilisation. L'inconvénient majeur des céramiques est leur caractère intrinsèquement fragile (dans le sens mécanique du mot : elles cassent avant déformation plastique). De ce fait, les débuts furent parfois chaotiques (jusqu'à 13 % de rupture pour certaines séries de têtes à la fin des années 1960). Le taux de rupture des têtes en alumine maintenant est très bas (inférieur à 0,01 %), et celui des têtes en alumine-zircone plus bas encore. Ce taux de rupture est donc négligeable devant le taux global d'échec des prothèses de hanche (de l'ordre de 15 % à 25 ans), échecs généralement dus à un descellement aseptique, souvent causé par la présence de débris d'usure en trop grande quantité dans le cas des prothèses métal-polyéthylène ou métal-métal. De manière générale, en réduisant la production de débris d'usure, les composants céramiques améliorent donc très notablement la durabilité des prothèses orthopédiques.
Après une introduction à l'orthopédie et aux procédés céramiques pour la fabrication de composants orthopédiques, cet article traite des trois matériaux céramiques les plus utilisés en orthopédie.
L'alumine offre les avantages d'être disponible facilement, de présenter des propriétés mécaniques correctes et d'être biocompatible. Les premiers développements faits sur cette base ont consisté à augmenter la contrainte à la rupture de ce matériau.
À la fin des années quatre-vingt, l'utilisation de la zircone a permis de réaliser des composants a priori plus fiables et/ou plus petits. Ses avantages et inconvénients sont décrits en lien avec sa microstructure, en insistant sur les aspects liés à son changement de phase. Le développement de la zircone atteint ses limites au début des années 2000 à cause – notamment – de problèmes de dégradation accélérée en présence d'eau.
Pour y faire face, des nouveaux composites alumine-zircone ont été mis au point.
Quelques perspectives sur les possibles évolutions des céramiques orthopédiques, que ce soit par des optimisations de matériaux existants ou par l'introduction de nouveaux candidats (notamment les céramiques covalentes telles que le nitrure de silicium) permettent de conclure.
Compte tenu de l'étendue du sujet traité et de la diversité des prothèses, il est difficile d'être exhaustif. En conséquence, la plupart des exemples traités portent sur les prothèses de hanche.
MOTS-CLÉS
KEYWORDS
durability | biocompatibility
DOI (Digital Object Identifier)
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Présentation
1. Prothèses orthopédiques
1.1 Indications
L'orthopédie est une branche de la médecine, « discipline essentiellement chirurgicale qui traite des affections congénitales ou acquises de l'appareil locomoteur et de la colonne vertébrale (os, articulations, ligaments, tendons et muscles) » .
Une prothèse orthopédique a donc pour but de remplacer une partie de l'appareil locomoteur dans toutes ses fonctions : transmission des efforts, mouvements, amortissement... Les prothèses orthopédiques doivent donc remplacer une ou plusieurs des fonctions de différents types de tissus : os, cartilage, tendons et ligaments. Les matériaux employés en orthopédie sont donc de natures différentes selon l'application : depuis les matériaux autogènes (prélevés sur le patient à soigner, dans un site sain) jusqu'aux matériaux de synthèse issus des différentes familles (métaux, céramiques, polymères). Ces matériaux doivent tous avoir en commun d'être parfaitement compatibles avec l'environnement biologique.
Les matériaux céramiques qui font l'objet de cet article sont plus spécifiquement utilisés pour la réalisation de surfaces de frottement dans les prothèses articulaires. Les prothèses articulaires ont essentiellement pour but de remplacer une articulation endommagée. Les causes de cet endommagement peuvent être multiples, les principales étant les dégénérescences du cartilage (arthrose, arthrite rhumatoïde, ostéonécrose aseptique ou avasculaire, dysplasie congénitale...) et les fractures de l'os sous-jacent (l'exemple typique étant la fracture du col du fémur).
Le cartilage étant très peu vascularisé, sa réparation spontanée est très longue. Pour rétablir la fonctionnalité d'un cartilage articulaire lésé, il est donc souvent nécessaire de faire appel à des techniques de réparation parfois délicates. On peut citer :
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la stimulation osseuse (on perce l'os sous-jacent, le caillot de sang qui se forme se transforme peu à peu en fibro-cartilage) ;
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les greffes (autogreffes ou allogreffes) ;
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les techniques d'ingénierie tissulaire (des cellules de cartilage...
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Prothèses orthopédiques
BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - Orthopédie. - In Larousse Médical, Édition (2006).
-
(2) - CATON (J.), PAPIN (P.) - Typologie et épidémiologie des prothèses totales de hanche en France. - e-mémoires de l'académie Nationale de Chirurgie, 11(2), p. 001-007 (2012).
-
(3) - Haute Autorité de Santé - Révision des descriptions générique de la liste des produits et prestations remboursables « prothèses articulaires de hanche » - (2007) http://www.has-sante.fr
-
(4) - Haute Autorité de Santé - Révision des descriptions génériques de la liste des produits et prestations remboursables : implants articulaires du genou - (2012) http://www.has-sante.fr
-
(5) - Caisse Nationale d'Assurance Maladie - Présentation des statistiques de l'assurance maladie - (2011) http://www.sante.gouv.fr
-
...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
ANNEXES
Nombres de prothèses céramiques implantées http://www.ceramtec.com/ceramic-materials/biolox/delta/, consulté le 27 mai 2014.
HAUT DE PAGE
ISO 13356 - 2008 - Implants for surgery – Ceramic materials based on yttria-stabilized tetragonal zirconia (Y-TZP) - -
ISO 7206-2 - 2011 - Implants chirurgicaux – Prothèses partielles et totales de l'articulation de la hanche – Partie 2 : Surfaces articulaires constituées de matériaux métalliques, céramiques et plastiques - -
ISO 6474-1 - 2010 - Implants chirurgicaux – Produits céramiques...
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