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EnglishRÉSUMÉ
L’urbanisation est aujourd’hui en France la première cause de changement d’usage des sols qui sont encore considérés comme des surfaces à consommer et non des ressources à préserver. Ainsi, la surface des sols artificialisés atteint désormais près de 10 % du territoire métropolitain. Le stockage du carbone organique dans ces sols urbains est primordial car il détermine de nombreux services écosystémiques essentiels au bien-être des citadins. Cet article expose les résultats scientifiques obtenus en lien avec cette thématique et les limites rencontrées par les travaux menés à l’échelle internationale. Il discute aussi des défis à relever en pédologie urbaine pour progresser vers un développement durable des villes.
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Lire l’articleAuteur(s)
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Aurélie CAMBOU : Docteur - Eco&Sols, université de Montpellier, CIRAD, INRAE, IRD, Montpellier SupAgro, Montpellier, France
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Laure VIDAL-BEAUDET : Maître de conférences, HDR - EPHOR, Institut Agro, IRSTV, Angers, France
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Patrice CANNAVO : Professeur - EPHOR, Institut Agro, IRSTV, Angers, France
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Christophe SCHWARTZ : Professeur - Université de Lorraine, INRAE, laboratoire Sols et Environnement, Nancy, France
INTRODUCTION
L’urbanisation est aujourd’hui au cœur des préoccupations environnementales. Alors qu’elle existe depuis des millénaires, elle ne cesse de s’accélérer depuis la révolution industrielle. À l’échelle mondiale, il est prévu qu’entre 2000 et 2030 l’équivalent de la surface de la ville de Paris soit urbanisé chaque jour, soit un total d’environ 1,5 million de km2 en 30 ans. Historiquement, les stratégies d’aménagement urbain ont très peu pris en compte les sols comme une ressource et ont engendré leur dégradation. De plus, les nombreuses activités humaines exigent des sols urbains qu’ils assurent diverses fonctions (e.g., support de bâtiments et infrastructures, support de végétal et de biodiversité, stockage et filtration de l’eau et des polluants), les rendant spatialement très hétérogènes, avec des évolutions temporelles rapides. En dépit du potentiel important qu’elle représente en termes de levier pour un développement durable des villes, la capacité des sols à rendre des services écosystémiques (e.g., régulation de la biodiversité ou de la qualité de l’eau) est encore très peu considérée dans les projets d’aménagement urbain.
Afin de permettre aux sols urbains d’assurer des services écosystémiques, l’un des leviers d’actions est le maintien, voire l’augmentation, de la quantité de matière organique dans les sols (MOS). En effet, la MOS joue un rôle prépondérant et positif sur la fertilité physique (agrégation, aération, rétention en eau, développement racinaire), chimique (pouvoir tampon, régulation du pH) et biologique (activité et diversité microbienne, animale et végétale) des sols. De plus, comme l’expliquent Pierre Barré et Lauric Cécillon dans l’article de référence « Potentialités de stockage de carbone dans les sols » (réf. [GE 1 061]), la MOS est principalement composée de carbone (C) (en moyenne 58 %) : les phénomènes de stockage/déstockage du C organique dans les sols (COS) ont donc un effet direct sur la concentration en CO2 dans l’atmosphère, et par conséquent, sur le climat.
Étudier les stocks de MOS, et de facto de COS, dans les sols urbains devient primordial, au vu de l’urbanisation croissante. Les sols urbains, au même titre que les sols agricoles et naturels, constituent en effet une ressource essentielle mais limitée et non renouvelable aux échelles de temps humaines. Or, l’intérêt porté aux sols urbains par la communauté scientifique n’est que très récent (depuis les années 1990 en France). L’une des limites dans l’étude de ces sols est due à leur forte hétérogénéité spatiale et temporelle, rendant encore difficile toute généralisation. Ainsi, les connaissances actuelles sur les stocks de COS dans les sols urbains reposent principalement sur des études de cas ponctuelles. Que sait-on alors de ces sols et de leur capacité à stocker du COS ?
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5. Bilan et perspectives : leviers et contraintes pour un stockage durable
5.1 Stratégie d’aménagement urbain
La démonstration est faite que ce n’est pas la simple localisation dans une unité urbaine qui limite la capacité de stockage de COS des sols. Cette capacité est impactée par les perturbations liées aux changements d’usage des sols, à la diversité des pratiques de gestion et surtout à l’imperméabilisation des sols.
La protection des stocks de COS existants dans les sols urbains implique de réduire les perturbations physiques lors d’activités du génie civil, ou encore les interventions massives sur des couverts végétaux en place. L’imperméabilisation, cas extrême de perturbation des sols, s’accompagne d’une excavation des horizons de surface, voire des horizons profonds, à l’origine d’une perte conséquente de COS, et d’une émission de CO2. Pour limiter cette perte, le sol excavé devrait idéalement être utilisé comme matériau de remblais dans la même zone urbaine, ce qui est rarement le cas. De plus, il est crucial de s’interroger sur la nécessité d’une imperméabilisation systématique des sols pour un grand nombre de projets d’aménagement. En effet, une ville présentant une proportion élevée de sols imperméabilisés est caractérisée par un stock de COS faible. Ainsi, les espaces verts déjà en place doivent être mieux préservés et les plans d’aménagement futurs doivent prévoir un maximum de surfaces végétalisées. Dans ce contexte, il devient nécessaire de promouvoir un encadrement réglementaire de l’aménagement et de la planification urbaine favorisant à la fois la protection des sols urbains et leur capacité à stocker durablement du COS.
HAUT DE PAGE5.2 Mieux gérer les sites urbains pour optimiser le stockage de carbone
Optimiser la gestion des sites urbains est un levier majeur pour maximiser le stockage durable de COS. Des efforts sont notamment envisageables pour les sols d’espaces verts bordant les voies de circulation ou les places publiques dont les stocks de COS ne semblent pas optimaux. Une recommandation générale serait de végétaliser les sols urbains nus et de laisser en place les résidus de tonte et feuilles mortes dans tous les espaces verts. La fertilisation permet une accumulation...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - BÉCHET (B.), LE BISSONNAIS (Y.), RUAS (A.), AGUILERA (A.), ANDRÉ (M.), ANDRIEU (H.) et al - Sols artificialisés et processus d’artificialisation des sols : déterminants, impacts et leviers d’action. - INRA (2017).
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(2) - SERVICE DE LA STATISTIQUE ET DE LA PROSPECTIVE - Utilisation du territoire. L’artificialisation des terres de 2006 à 2014 : pour deux tiers sur des espaces agricoles. - Agreste Primeur, n° 326 (2015).
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(3) - UNITED NATIONS - Department of Economic and Social Affairs, Population Division. - World urbanization prospects : the 2014 revision : highlights (2014).
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(4) - LAL (R.), AUGUSTIN (B.) - Carbon sequestration in urban ecosystems. - Springer Science & Business Media (2011).
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(5) - SETO (K.C.), FRAGKIAS (M.), GÜNERALP (B.), REILLY (M.K.) - A meta-analysis of global urban land expansion. - PloS One ; 6 :e23777 (2011).
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DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
ANNEXES
Géoportail. Accédez à l'information géographique de référence : cartes, photographies aériennes, données géographiques. https://www.geoportail.gouv.fr/donnees/corine-land-cover-2018 (page consultée le 11 novembre 2019)
Gis Sol : Partageons la connaissance des sols, https://www.gissol.fr/ (page consultée le 25 septembre 2019)
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