Présentation
En anglaisRÉSUMÉ
Afin de réduire son impact sur les émissions de Gaz à effet de serre, l’industrie aéronautique s’est fixée des objectifs ambitieux. Pour y répondre, le déploiement des carburéacteurs alternatifs est une nécessité. Toutefois, ils doivent répondre à des normes et spécifications très précises afin de garantir la sécurité des vols et un gain notable sur les émissions de gaz à effet de serre par rapport au carburéacteur fossile. Le but de cet article est de présenter l’ensemble des filières alternatives existantes et en voie de développement, de décrire les procédés de production et de fournir une idée la plus précise possible de la composition chimique et des propriétés-physico-chimiques associées.
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In order to reduce its impact on greenhouse gas emissions, the aviation industry has set ambitious targets. To meet them, the deployment of alternative jet fuels is a necessity. However, they must meet very precise standards and specifications in order to guarantee flight safety ; as well as to significantly decrease the green house gas emission with respect to fossil jet fuel . The aim of this article is to present all the existing and developing alternative fuels, to describe the production processes and to provide the most accurate idea possible of the chemical composition and the associated physical-chemical properties.
Auteur(s)
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Mickaël SICARD : Maître de recherche - Office National d’Études et de Recherches Aérospatiales, Département de multi-physique pour l’énergétique, Palaiseau, France
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Alain QUIGNARD : Expert carburants (retraité de l’IFPEN)
INTRODUCTION
Un premier article intitulé « Les carburants aéronautiques » [TRP 4 054] a déjà rappelé ce qu’est un carburéacteur obtenu à partir de ressources fossiles, ses propriétés, ses spécifications et ses moyens de production, la procédure de certification des carburants alternatifs avec la norme ASTM D4054 , ainsi que les alternatives envisagées pour la propulsion future des aéronefs et pour finir la liste des carburants de synthèse certifiés .
Pour contribuer aux efforts pour limiter l’augmentation de la température de la planète, malgré la croissance importante prévue pour le transport aérien (+ 4-5 %/an avant la pandémie, sans doute plutôt + 3-4 %/an après celle-ci à partir de 2023/2024), les acteurs de ce mode de transport s’étaient fixés trois objectifs ambitieux il y a une dizaine d’années déjà :
-
+ 1,5 %/an d’amélioration de l’efficacité énergétique ;
-
stabilisation des émissions nettes de CO2 du secteur en 2020 ;
-
− 50 % d’émissions de CO2 en 2050 par rapport à 2005.
Ces objectifs seront atteints en agissant sur quatre piliers : technologie des aéronefs et du carburant, infrastructure, opération du trafic aérien et mesures de compensation des émissions (« Global Market-Based Measure ou GBM » ) via un marché CO2 spécifique de l’aviation, le CORSIA (régime de compensation et de réduction de carbone pour l’aviation internationale ou Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation) .
Aujourd’hui, ces objectifs sont encore plus volontaires. Ainsi, le 10 novembre 2021, l’Association pour le transport aérien international, IATA, qui représente plus de 300 compagnies aériennes dans le monde, a proposé une stratégie pour aller encore plus loin. L’objectif est d’arriver à la neutralité carbone pour 2050 via une incorporation volontariste et ambitieuse, avec une étape intermédiaire de 5 % de taux d’incorporation de carburéacteurs alternatifs d’ici 2030 (soit environ 15 Mt/an alors qu’on est aujourd’hui à 0,1-0,2 Mt/an), pour finalement atteindre 65 % en 2050 .
En parallèle, la Commission européenne, dans sa proposition appelée RefuelEu Aviation , et sa proposition « Ajustement à l’Objectif 55 » ou Fit for 55 , propose des objectifs d’incorporation à des taux de plus en plus importants de carburéacteurs de synthèse durable (CSD) ou Sustainable Aviation Fuels (SAF), entre 2025 et 2050, de 2 à 63 % en volume. L’utilisation de carburants alternatifs, qui présentent un gain en émission de gaz à effet de serre très important (> 60 %) sur l’ensemble de leur cycle de vie, est un élément incontournable pour répondre à ces objectifs.
Au cours des dix dernières années, la problématique de l'introduction des carburants liquides alternatifs (durables ou non) s'est développée rapidement sous la pression des contraintes environnementales et la nécessité de disposer de carburants faciles à distribuer en utilisant les réseaux logistiques existants (oléoducs, système de stockage et de distribution des aéroports). Il est alors question de carburants « drop-in », c’est-à-dire directement mélangeables avec le carburéacteur fossile classique, appelé Jet A-1, et pouvant à terme se substituer totalement à ce dernier.
Compte tenu des conditions d'usage dans les aéronefs, tous les carburants aéronautiques doivent répondre à des spécifications très précises afin d'assurer la sécurité au sol comme en vol. Ces spécifications sont encadrées par des normes internationales (ASTM, DefStan). Elles ont été décrites en détail dans [TRP 4 054].
Les premiers carburants de synthèse approuvés au niveau de l’ASTM sont essentiellement composés d’alcanes linéaires et ramifiés encore respectivement appelés normales et iso-paraffines. D’autres carburants de synthèse ayant une structure chimique plus proche de celle des carburéacteurs fossiles font leur apparition : certains sont déjà certifiés et d’autres sont en cours. Tous ces carburants de synthèse sont mélangeables avec du Jet A-1 jusqu'à un taux de 50 % en volume aujourd’hui, mais cette limite pourrait être étendue, jusqu’à 100 %, dans le futur avec des travaux en cours depuis 2021 à l’ASTM.
Lors de l'approbation de ces carburants, la ressemblance des propriétés physico-chimiques raisonnablement proches de celles du Jet A-1 a été requise afin de garantir leur caractère « drop-in ». Néanmoins, les valeurs limites acceptées pour les propriétés du carburant n'ont pas toujours une justification technique absolue et certaines, comme le pourcentage minimal de 8 % fixé pour les aromatiques, pourraient être ajustées et/ou remises en cause.
À ce jour, l’utilisation de carburéacteurs alternatifs est limitée avec moins de 0,05 % de la consommation globale, mais, comme évoqué un peu plus haut, elle devrait augmenter très rapidement à court et moyen termes du fait notamment du développement rapide des procédés d’hydrotraitement de lipides et des évolutions récentes des politiques publiques pour inciter à leur utilisation en Europe et en Amérique du Nord. Toutefois, vu leur disponibilité limitée à moyen terme et avec la limitation actuelle du taux d’incorporation à 50 %, il n’est pas envisageable de les utiliser purs sur de nombreux avions avant dix ou vingt ans.
MOTS-CLÉS
filières de production industrie aéronautique carburéacteurs alternatifs carburéacteurs fossile
KEYWORDS
production pathways | aviation industry | alternative jet fuels | fossil jet fuels
DOI (Digital Object Identifier)
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1. Rappels des éléments clefs de la première partie
Un carburéacteur est aujourd’hui :
-
destiné à l’alimentation des aéronefs équipés de turbomachines ;
-
essentiellement obtenu, lorsqu’il est d’origine fossile, par distillation directe du pétrole, avec un schéma de raffinage relativement simple par rapport à celui utilisé pour la production de carburants fossiles terrestres.
Afin de garantir son utilisation en toute sécurité, il doit répondre à un cahier des charges très strict garanti par les normes ASTM D1655 ou DEF-STAN 91-091 pour ne citer que les deux principales.
Le trafic aérien étant en constante progression (en dehors de la période 2020-2022 du fait de la pandémie), l’aviation émet, malgré des fortes réductions de la consommation grâce à l’amélioration des technologies moteur, aux gains en aérodynamique et à l’optimisation de la gestion du trafic aérien, des gaz à effet de serre dont les émissions anthropiques continueraient à croître sans le recours aux carburants alternatifs de synthèse pour l’aviation ou SAF. Afin de réduire son impact sur l’environnement, l’industrie aéronautique s’est donc fixé des objectifs ambitieux qui reposent en bonne partie sur l’utilisation de ces carburants.
Comme indiqué dans l’introduction, la Commission européenne, dans sa proposition appelée RefuelEu ...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - (*) - Standard Practice for Evaluation of New Aviation Turbine Fuels and Fuel Additives. - ASTM D4054.
-
(2) - (*) - Standard Specification for Aviation Turbine Fuel Containing Synthesized Hydrocarbons. - ASTM D7566
-
(3) - (*) - * - . – https://www.easa.europa.eu/eaer/climate-change/market-based-measures
-
(4) - (*) - Programme CORSIA. - https://www.icao.int/environmental-protection/CORSIA/Documents/CORSIA%20Brochure/CorsiaBrochure-FR-Mar2019_Web.pdf
-
(5) - IATA - Élimination des émissions nettes de carbone d’ici 2050. - Communiqué n° 66 (2021).
-
(6) - EUROPEAN COMMISSION - * - . – Proposal for a Regulation Of The European Parliament And Of The Council – on ensuring a level playing...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
ONERA (Office national d'études et de recherches aérospatiales), le centre français de recherche aérospatiale
IFP Énergies nouvelles, Transition énergétique et mobilité
https://www.ifpenergiesnouvelles.fr/
ASTM Committee D02 on Petroleum Products, Liquid Fuels, and Lubricants
https://www.astm.org/get-involved/technical-committees/committee-d02
HAUT DE PAGE
IASH, International Conference on Stability, Handling and Use of Liquid Fuels
CRC Aviation Committee Meetings
ASTM D02 meetings
https://member.astm.org/meeting/
IATA Aviation Energy Forum
https://www.iata.org/en/events/iata-aviation-energy-forum/
HAUT DE PAGE
ASTM D1655-21c, Standard...
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