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En anglaisRÉSUMÉ
Après des décennies d'amélioration des performances dues au développement de la sûreté de fonctionnement des équipements techniques, aux progrès dans l'architecture des systèmes et, plus récemment, d'une meilleure compréhension du facteur humain, il est généralement reconnu que la complexité et la dimension organisationnelle des systèmes représentent un des défis majeurs du siècle en cours. Cet article souhaiterait partager expérience et acquis des recherches académiques avec les praticiens.
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After several decades of improvement of performance based on development of RAMS (Reliability, availability, Maintainability, Safety) for technical equipment, improvement of systems architecture and, later on, better understanding of Human issues, it is generally accepted that facing complexity and the organisational dimension of systems is the 21st century challenge for advanced industries. This article aims at sharing experience and knowledge produced in academic studies with practitioners.
Auteur(s)
-
Yves MORTUREUX : Vice-président à l'Institut de mâitrise des risques (IMdR), Gentilly, France
INTRODUCTION
Une vue simpliste de la sécurité (applicable à toute autre performance) consiste à ne considérer que l'application constante des règles, toutes les règles, rien que les règles. Cette application idéale des règles garantirait a priori le résultat souhaité. L'application parfaite des règles (elles-mêmes présumées parfaites ou quasiment) serait la normalité : tout écart est une tâche à traiter comme telle.
Donc, les composants technologiques assurent leurs fonctions aux pannes près qu'il s'agit de rendre le plus rare possible. Les opérateurs exécutent leurs tâches, le plus possible comme des automates, hélas peu fiables et qu'il faut sans cesse rappeler à l'ordre. Le management surveille, traque les écarts, les relève, sanctionne.
Si quelques systèmes semblent encore se contenter de cette vision très simpliste, la plupart ont intégré (éventuellement suite à de douloureuses expériences) que l'infaillibilité n'est guère de ce monde ni pour les artefacts technologiques ni pour les hommes. Aussi, la version la plus répandue de la sécurité admet que les pannes et les erreurs se produisent et le système se protège au mieux de leurs conséquences en multipliant (si possible intelligemment) les mesures de sécurité.
On parle de défense en profondeur, de redondance, de boucles de rattrapage, de barrières indépendantes, etc. Ce modèle, dominant aujourd'hui, a permis d'entreprendre des activités potentiellement très dangereuses (énergie, chimie, transports, santé) avec un niveau de risques jugé acceptable.
Toutefois, les exigences de progrès qui sont suscitées à la fois à la suite d'accidents industriels ou naturels très graves et, en même temps, paradoxalement, en l'absence d'accidents, par un sentiment que la sécurité est un acquis imposent de réduire les risques à des niveaux difficilement atteignables (sous contraintes économiques et de disponibilité quasi immédiate des produits ou des services). Ces dernières décennies ont vu trois axes de progrès contribuer à une meilleure maîtrise des risques :
-
les progrès de la sûreté de fonctionnement des composants et équipements ;
-
les progrès de la sûreté de fonctionnement des systèmes grâce à leur architecture (redondances) ;
-
les progrès de la capacité du management de la sécurité (formalisation des systèmes de management de la sécurité ou prises de conscience non formalisées) à embrasser plus de facteurs d'influence sur la performance du système.
Ces exigences de progrès ne peuvent être satisfaites seulement par une meilleure application des principes de base, mais se heurtent aussi à leurs limites : les recherches actuelles sur le fonctionnement des organisations concernées montrent que la réalité est plus complexe et plus riche.
Devant cette complexité, on peut se décourager, tourner le dos et s'en tenir à des modèles simples qu'on connaît en s'acharnant à vouloir réduire les risques par plus d'exigences, plus de contrôles, plus de contraintes, mais on s'enfonce au lieu de rejoindre les organisations les plus performantes. On peut aussi considérer positivement cette complexité en réalisant quelle richesse offre aussi des potentialités extraordinaires de progresser dans la performance et la maîtrise à condition de faire l'effort de respecter, comprendre cette complexité pour en devenir acteur plutôt qu'adversaire.
C'est l'enjeu des propositions développées actuellement par différentes équipes de recherche que cet article veut tenter modestement d'exploiter pour proposer des approches concrètes et pratiques tirant avantage des résultats obtenus. Cela n'est donc ni une recherche ni une étude, mais une proposition de démarche essayant de réunir un certain nombre des idées captées pendant une vie professionnelle à la frontière entre recherche et exploitation industrielle.
Cette proposition comporte trois volets.
Le premier aborde la sécurité sous un angle managérial. Le contenu est très largement inspiré de présentations de M. Simard (mais celui-ci ne peut être tenu pour responsable de la reformulation, mâtinée d'éléments issus de l'expérience de l'auteur et d'autres sources. Le terme « culture de sécurité », utilisé par M. Simard a été conservé. Cette expression, quasiment omniprésente depuis une bonne vingtaine d'années, couvre, selon les auteurs, des domaines et des concepts assez éloignés les uns des autres.
Le deuxième s'intéresse à la capacité de résilience de l'organisation. Il est très inspiré des présentations et publications de E. Hollnagel , E. Rigaud et des équipes qui ont travaillé sur cette approche.
Le troisième s'intéresse à la contribution de la dimension organisationnelle (en plus des dimensions techniques et humaine plus traditionnelles) et aux performances. Il s'intéresse particulièrement à la cohérence. Il est essentiellement fondé sur l'expérience de l'auteur (qui, elle-même, doit tout aux échanges avec tant de personnes qu'il serait impossible de les nommer).
MOTS-CLÉS
KEYWORDS
Organisation | Safety
DOI (Digital Object Identifier)
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4. Conclusion... provisoire
Après cette revue d'aspects divers, on peut pratiquement conseiller pour une meilleure maîtrise des risques dont les facteurs humains et organisationnels ne sont pas la triste fatalité de veiller à :
-
la capacité de compréhension et d'évaluation des opérateurs, à un jeu de règles et procédures adaptés à leurs compétences ;
-
la capacité d'anticipation des opérateurs, la visibilité pour chaque acteur sur ce qui se passe en amont, en aval, autour de son périmètre ;
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la capacité de réaction, les réserves, la souplesse des organisations, la confiance dans l'extraordinaire capacité d'adaptation humaine ;
-
l'apprentissage (individuel des acteurs et organisationnel), la pérennité des leçons apprises durement ;
-
la participation : ceux qui participeront à la performance (éventuellement aux accidents) doivent participer à l'organisation ;
-
la vigilance : ceux qui voient, qui entendent, qui disent, qui prédisent, qui craignent, qui suggèrent, qui sont curieux, qui veulent comprendre, qui sentent, etc. sont les forces vives de la performance et de la prévention des accidents ;
-
les normes de groupe : la pression du groupe, toujours très forte, doit pousser dans le bon sens, sinon il faut intervenir ;
-
la pureté des organisations, la cohérence, l'unicité des principes qui la sous-tendent ;
-
la cohérence des incitations, discours, attitudes, sanctions, actes, etc.
Au-delà de la sensibilisation, de la formation des cadres et des experts, de la veille sur ces aspects importants, peut-on espérer évaluer une organisation du point de vue de la maîtrise des risques ? Il faut ici rester prudent et modeste.
Ces différents aspects ont prouvé l'importance de leurs rôles dans les performances élevées comme dans les échecs.
Il est tentant d'en faire un référentiel d'audit, d'autoévaluation, de management...
Si le management d'une organisation a la volonté de faire progresser son organisation en s'appuyant sur ces études, il peut :
-
passer en revue ces divers aspects ;
-
évaluer (d'abord qualitativement, éventuellement sur une échelle pour quantifier) où son organisation se situe ;
-
réfléchir à ce que ça lui évoque en relation avec d'autres approches ;
-
décider...
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BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - DANIELLOU (F.), SIMARD (M.), BOISSIERES (I.) - Human and organisational Factors of Safety Cahier de la sécurité industrielle FONCSI. - (2011).
-
(2) - HOLLNAGEL (E.), WOOD (D.D.), LEVESON (N.G.) - Resilience engineering – Concepts and precepts. - Ashgate Pub. Co., Hampshire UK, 397 p. (2006).
-
(3) - RIGAUD (E.) - La résilience analyse étymologique. - Cahier de la sécurité industrielle FONCSI (2011).
-
(4) - ABRAMOVICI (M.), BOURRIER (M.) - Beyond the black box : organizational factors in probabilistic risk assessment methods. - Society for Risk Analysis Europe 1998, Annual Conference, Paris (1998).
-
(5) - ABRAMOVICI (M.), MORTUREUX (Y.) - La maîtrise des changements organisationnels dans les organisations à risque. - Recherche Transports et Sécurité, vol. 24, no 96, p. 231-253 (2007).
-
(6)...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
ANNEXES
La Fondation pour une Culture de Sécurité Industrielle (FONCSI) http://www.foncsi.org
L'Institut pour une Culture de Sécurité Industrielle (ICSI) http://www.icsi-eu.org
L'Institut pour la Maîtrise des Risques (IMdR) http://www.imdr.fr
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