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EnglishRÉSUMÉ
Souvent associée à la notion de toxicité, la pollution odorante constitue le deuxième motif de plainte après le bruit. En effet, selon le code de l'environnement, il y a pollution odorante si l'odeur est perçue comme une nuisance olfactive excessive. Cet article traite de l’utilisation de produits dits « masquants et/ou neutralisants d'odeurs ». L’action de ces produits fait pourtant l’objet de polémiques. Ces produits engendrent-ils réellement des réactions chimiques permettant de transformer les composés odorants dans l'air ? Ou bien, agissent-ils comme des parfums, en superposant une odeur censée être agréable à l'odeur dite désagréable ?
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Annabelle COUVERT : Maître de conférences, HDR, École nationale supérieure de chimie de Rennes (ENSCR)
INTRODUCTION
La problématique des odeurs et de son ressenti est grandissante. Certaines études ont montré que la pollution odorante constitue le deuxième motif de plainte après le bruit, et cette importance donnée à l'odeur par les riverains est liée au fait que celle-ci est très souvent associée à la notion de toxicité, même si cela est sans grand fondement, les concentrations perçues par l'être humain étant très inférieures aux valeurs limites d'exposition existant pour les gaz toxiques [1]. Les règles générales sur l'acceptabilité des sensations odorantes qui peuvent être formulées sont les suivantes [2] :
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toute odeur agréable devient désagréable à de très fortes concentrations ;
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le caractère agréable ou désagréable d'une odeur dépend, pour une large part, de son contexte ;
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les aversions pour les odeurs sont plus persistantes que les préférences ;
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la tolérance vis-à-vis des odeurs désagréables diffère considérablement selon les individus.
Si des avancées scientifiques et technologiques ont permis d'améliorer la qualité des eaux que nous consommons et rejetons dans la nature, elles ont également engendré une augmentation sensible des nuisances olfactives liées à la collecte et au traitement des eaux usées. D'une part, les anciennes stations d'épuration sont rattrapées par le tissu urbain ; d'autre part, les nouvelles stations sont contraintes de s'implanter de plus en plus près des agglomérations. Par ailleurs, la modification de la structure des réseaux d'assainissement (de plus en plus longs) et parfois de la qualité des effluents (mélange de rejets industriels par exemple) favorise la formation de composés odorants dans les canalisations qui se dégagent ensuite au niveau des stations. En sus du problème des stations d'épuration, d'autres sources d'odeurs préoccupent les autorités. Les industries, mais également les exploitations agricoles ou avicoles, les CET (centres d'enfouissement techniques) ouverts à l'air libre, et d'autres types de structures, sont générateurs d'odeurs déplaisantes pour la population environnante. Même si, contrairement aux COV (composés organiques volatils), aucun texte de loi propre aux émissions d'odeurs n'existe à ce jour, il n'en reste pas moins un encouragement à tendre vers un rejet purifié, afin d'améliorer le confort du voisinage. En effet, selon le code de l'environnement, il y a pollution odorante si l'odeur est perçue comme une nuisance olfactive excessive. L'arrêté du 2 février 1998 relatif aux rejets des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) définit le niveau d'une odeur comme étant le facteur de dilution à appliquer à un effluent pour qu'il ne soit plus ressenti comme odorant par 50 % des personnes constituant un échantillon de population. Cet arrêté ne fixe pas de valeur limite sur les pollutions odorantes, mais seulement des prescriptions générales. C'est donc le préfet qui décide au cas par cas et qui fixe par arrêté préfectoral, le débit d'odeur (produit du débit d'air rejeté (en m3 · h–1) par le facteur de dilution au seuil de perception) à ne pas dépasser. La loi du 30 décembre 1996 sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie stipule que les émissions olfactives excessives constituent une pollution atmosphérique et définit des plans régionaux pour la qualité de l'air en vue de répertorier, surveiller et maîtriser les sources de pollution atmosphérique et d'informer le public.
Cet article a pour objectif de discuter du mode de fonctionnement d'une solution palliative consistant à utiliser des produits dits « masquants et/ou neutralisants d'odeurs » pour éliminer des odeurs issues de sources diffuses. De nos jours, il existe une polémique sur l'action de ces produits, et peu d'études scientifiques ont été menées afin de répondre à un nombre certain de questions. Ces produits engendrent-ils réellement des réactions chimiques permettant de transformer et/ou d'éliminer les composés odorants dans l'air ? Ou agissent-ils simplement comme des parfums, en superposant une odeur censée être « agréable » à l'odeur dite « désagréable » ?
Afin que le lecteur ne se perde dans la dialectique commerciale, certains termes seront définis. Puis, la méthodologie d'un test, ainsi que quelques résultats obtenus sur un banc d'essai, seront décrits afin d'orienter le lecteur sur la démarche à suivre dans le cas où il envisagerait d'utiliser ce type de produits et de procédé. Pour cela, les connaissances du transfert gaz-liquide au sein d'un réacteur, en termes de mécanismes et de dimensionnement, seront appliquées dans un espace considéré comme ouvert, puisque la pulvérisation de masquants et de neutralisants s'applique le plus souvent à des émissions diffuses.
Un tableau des symboles et abréviations est présenté en fin d'article.
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5. Conclusions et perspectives
Cette étude a donc permis d'obtenir un panorama des performances des principaux produits commerciaux pour les grandes familles de composés odorants et de mettre à jour certains aspects de leurs modes d'action. Des efficacités supérieures à celles de l'eau ont été observées pour des produits préconisés pour ces composés odorants. Cependant, les résultats ne sont pas probants pour tous les composés censés être traités. Seuls 23 % des produits se sont montrés plus efficaces que l'eau du réseau. Il est également intéressant de noter que la plupart des produits ont une efficacité de réduction physico-chimique supérieure à celle de l'eau au moins sur un composé odorant, mais inférieure à celle de la solution chimiquement neutralisante pour la plupart des composés odorants. Dans la majorité des tests effectués dans le banc d'essai, les efficacités se sont révélées similaires à celles obtenues avec l'eau, même si certains produits ont présenté des efficacités supérieures. Il a été possible de montrer que dans la plupart des cas, les réactions ayant lieu entre les polluants odorants et les produits commerciaux, quand elles ont lieu, sont des réactions acido-basiques. Ainsi, le pH initial des solutions commerciales est un paramètre important. Si l'utilisation de tels produits est envisagée sur un site, il est donc recommandé de réaliser au préalable des tests sur le banc d'essai afin de vérifier dans des conditions bien déterminées l'efficacité des produits.
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - LE CLOIREC (P.) - Les composés organiques volatils (COV) dans l'environnement. - Tec. & Doc., Lavoisier, Paris (1998).
-
(2) - POPESCU (M.), BLANCHARD (J.-M.), CARRE (J.) - Analyse et traitement physicochimique des rejets atmosphériques industriels. - Tec. & Doc., Lavoisier, Paris (1998).
-
(3) - MARTIN (G.), LAFFORT (P.) - Odeurs et désodorisation dans l'environnement. - Tec. & Doc., Lavoisier, Paris (1991).
-
(4) - MOLETTA (R.) - Gestion des problèmes environnementaux dans les industries agroalimentaires. - Tec. & Doc., Lavoisier, Paris (2002).
-
(5) - THOMAS-DANGUIN (T.) - Intensité olfactive de composés purs et mélanges : application au masquage des odeurs. - Thèse de l'université Claude Bernard – Lyon I, Lyon (1997).
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(6) - ROYCHOWDHURY - Deodorant composition for abating...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
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Distillation. Absorption – Colonnes garnies.
ANNEXES
Arrêté du 2 février 1998 relatif aux prélèvements et à la consommation d'eau ainsi qu'aux émissions de toute nature des installations classées pour la protection de l'environnement soumises à autorisation (Journal officiel du 3 mars 1998).
Arrêté du 29 mai 2000, Journal officiel du 13 août 2000, portant modification à l'arrêté du 2 février 1998, Journal officiel du 3 mars 1998, relatif aux prélèvements et à la consommation d'eau ainsi qu'aux émissions de toute nature des installations classées pour la protection de l'environnement soumises à autorisation.
Directive 1999/13/CE du Conseil de l'Union européenne du 11 mars 1999 relative à la réduction des émissions de composés organiques volatils dues à l'utilisation de solvants organiques dans certaines activités et installations (Journal officiel des Communautés européennes, 29 mars 1999).
Loi no 96-1236 du 30 décembre 1996 sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie (JORF du 1er janvier 1997, page 11).
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NF EN 13725 (2003), Qualité de l'air –...
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