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Article

1 - ORIGINE DE LA NOTION (ANNÉES 1980)

  • 1.1 - Société du risque
  • 1.2 - Décentralisation du pouvoir politique
  • 1.3 - Génie urbain

2 - RISQUES URBAINS, UN THÈME DE RÉFLEXION

  • 2.1 - Recherches sur la ville et ses réseaux
  • 2.2 - Premières caractérisations des risques urbains

3 - PROBLÈMES ADDITIONNELS ET QUESTION DES INFRASTRUCTURES CRITIQUES

  • 3.1 - Nouvelles formes de terrorisme
  • 3.2 - Interdépendances des réseaux techniques – Effets domino et catastrophes NaTech
  • 3.3 - Effets de la dérégulation politico-économique sur les réseaux
  • 3.4 - Question des infrastructures critiques

4 - COHABITER AVEC LES RISQUES URBAINS

  • 4.1 - Omniprésence du thème de la résilience
  • 4.2 - Habiter des territoires à risques ?
  • 4.3 - Prévention des risques et gestion de crise

5 - VILLE « INTELLIGENTE », CONNECTÉE ET « DURABLE », ET SES RISQUES

6 - CONCLUSION

7 - GLOSSAIRE

Article de référence | Réf : SE4042 v1

Origine de la notion (années 1980)
Risques urbains - Concepts et définitions

Auteur(s) : Jean-Pierre GALLAND

Date de publication : 10 juin 2022

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RÉSUMÉ

Même si les violences urbaines ou les embarras de Paris ont été commentés il y a déjà plusieurs siècles, la notion de « risques urbains » n’est utilisée en France que depuis les années 1990. Cet article revient sur sa genèse et ses ambiguïtés, et décrit son évolution, en particulier au fur et à mesure de développements technologiques divers. Il montre comment cette notion à la fois persiste et se transforme au contact d’autres évolutions ou impératifs majeurs : la multiplication des acteurs privés dans la gestion des villes, la lutte contre le terrorisme, la participation des citoyens eux-mêmes à l’avènement de villes durables, résilientes, ou intelligentes.

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Auteur(s)

  • Jean-Pierre GALLAND : Sociologue Chercheur associé au Laboratoire techniques, territoires, et sociétés (LATTS) École des Ponts ParisTech, Marne-la-Vallée, France

INTRODUCTION

C’est la concentration urbaine qui crée les risques urbains : tel est, en langage moderne, le résumé que l’on pourrait faire des propos tenus par Jean-Jacques Rousseau dans sa célèbre réponse à Voltaire, lequel avait rédigé un poème sur le désastre de Lisbonne, un tremblement de terre survenu le 1er novembre 1755 qui avait détruit la partie basse de la ville et occasionné plus de 20 000 victimes. La catastrophe avait en effet provoqué de nombreuses réactions parmi les philosophes européens, et deux phrases en particulier, dans la réponse de Rousseau à Voltaire, sont passées à la postérité : « Sans quitter votre sujet de Lisbonne, convenez, par exemple, que la nature n’avait point rassemblé là vingt mille maisons de six à sept étages, et que, si les habitants de cette grande ville eussent été dispersés plus également et plus légèrement logés, le dégât eût été beaucoup moindre et peut être nul. Tout eût fui au premier ébranlement, et on les eût vus le lendemain à vingt lieues de là, tout aussi gais que s’il n’était rien arrivé ». On y ajoutera, un peu plus bas dans cette même lettre datée du 18 août 1756 deux autres phrases essentielles : « Vous auriez voulu que le tremblement de terre se fût fait au fond du désert plutôt qu’à Lisbonne. Peut-on douter qu’il s’en forme aussi dans les déserts ? Mais nous n’en parlons point, parce qu’ils ne font aucun mal aux Messieurs des villes, les seuls hommes dont nous tenions compte ». En bref, si l’on suit Rousseau, il n’y a de risque qu’urbain. Dans ces conditions, l’expression « risques urbains » constituerait en fait un pléonasme, alors qu’il faut bien constater qu’elle est régulièrement utilisée, en tout cas en France, depuis quelques décennies.

L’objet de cet article est de retracer l’histoire française de la notion de risques urbains depuis et même un peu avant son apparition dans la littérature académique, dans les années 1990, et de montrer comment elle a évolué et s’est complexifiée, au fur et à mesure d’évolutions technologiques, économiques et politiques. Dans la première section, nous reviendrons sur les bases sur lesquelles, semble-t-il, s’est fondée la notion, dans les années 1980 : l’entrée dans la « société du risque », croisée avec une importante décentralisation du pouvoir politique en France, ainsi qu’à la réémergence du « génie urbain ». Les années 1990 (section 2) sont celles d’une focalisation progressive de la recherche sur la ville et ses réseaux techniques, avec en parallèle les premières apparitions du terme « risques urbains » dans la littérature académique. La question se complique une première fois, pour schématiser, dans les années 2000 (section 3), avec la résurgence du terrorisme sous des formes inédites, avec aussi la multiplication d’acteurs privés dans la gestion des réseaux techniques, et avec la découverte de vulnérabilités additionnelles (effets domino dans des réseaux interconnectés, possibilités de catastrophes « NaTech »). La section 4 sera consacrée non plus seulement à la prévention des risques urbains, mais plutôt à la cohabitation, voire à l’adaptation des populations avec le risque, cela notamment en corollaire de la montée en puissance du concept de résilience. Enfin, la section 5 sera l’occasion d’essayer de croiser la question des risques urbains avec les solutions amenées par la « ville intelligente » : si les développements technologiques en cours aident sans doute à gérer plus « intelligemment » certains risques urbains traditionnels, il n’est pas exclu que ces mêmes développements ne génèrent pas de nouveaux risques d’une toute autre nature.

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DOI (Digital Object Identifier)

https://doi.org/10.51257/a-v1-se4042


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1. Origine de la notion (années 1980)

Même si chacun sait que depuis toujours, la ville est à la fois le lieu de toutes les opportunités et de tous les risques, l’émergence de la notion particulière de « risques urbains » en France doit sans doute être rapportée à la congruence de trois phénomènes, qui ont chacun marqué les années 1980 : l’émergence du thème de « la société du risque » dans les pays avancés, la décentralisation du pouvoir politique en France, et la résurgence de la question du génie urbain.

1.1 Société du risque

L’émergence du thème de la « société du risque », pour reprendre le titre même du célèbre ouvrage d’Ulrich Beck  est trop connu et a été tellement repris et discuté depuis quelques décennies pour qu’il soit utile d’y revenir une nouvelle fois dans le cadre du présent article. On rappellera toutefois que si c’est bien Beck qui a popularisé, en Europe tout au moins, l’idée générale de « société du risque » au milieu des années 1980, la notion de risque venait alors d’être (re)mise au centre d’un certain nombre de travaux et de réflexions dans des situations, configurations, et domaines divers. C’est ainsi que, venue des États-Unis d’Amérique  ...

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BIBLIOGRAPHIE

  • (1) - BECK (U.) -   Risikogesellschaft  -  . Suhrkamp Verlag, Frankfurt am Main (1986) ou La société du risque. Sur la voie d’une autre modernité. Aubier (2001).

  • (2) - NATIONAL RESEARCH COUNCIL -   Risk assessment in the federal government.  -  Managing the process (1983).

  • (3) - BOUDIA (S.), DEMORTAIN (D.) -   La production d’un instrument générique de gouvernement. Le « livre » rouge de l’analyse des risques.  -  Gouvernement et action publique 2014/3, vol. 3, p. 33-53 (2014).

  • (4) - CASTEL (R.) -   La gestion des risques. De l’antipsychiatrie à l’après psychanalyse.  -  Éditions de Minuit (1981).

  • (5) - LAGADEC (P.) -   La civilisation du risque. Catastrophes technologiques et responsabilité sociale.  -  Éditions du Seuil (1981).

  • ...

ANNEXES

  1. 1 Annuaire

    1 Annuaire

    Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA) https://www.cerema.fr

    Institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS) http://ineris.fr

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